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Assurance vie

BNP Paribas mise sur l’Eurocroissance

Fort de l’expérience qu’il a acquise dans la gestion des contrats eurodiversifiés,  dont s’inspirent largement les nouveaux fonds Eurocroissance, BNP Paribas se donne 18 mois pour injecter ce nouveau support dans toutes ses offres d’assurance vie.

Annoncés depuis deux ans, les premiers contrats Eurocroissance commencent à faire leur apparition dans les agences bancaires. Quelques semaines après le réseau Crédit Agricole-LCL, premier à ouvrir le bal de l’Eurocroissance mi-octobre avec le lancement de l’offre Objectif Programmé, c’est désormais au tour de BNP Paribas d’investir ce segment de marché. « Nous avons pour objectif de doter tous nos contrats de supports Eurocroissance d’ici à 18 mois car nous sommes convaincus du potentiel que présente cette nouvelle forme de gestion dans le cadre protecteur de l’assurance vie », annonce Benoît Gommard, responsable de la stratégie client de BNP Paribas Cardif.

Longueur d’avance

Il est vrai que contrairement à la plupart de ses concurrents,  BNP Paribas Cardif avance en terrain connu. La compagnie est en effet l’une des rares, avec AG2R La Mondiale,  à avoir proposé à sa clientèle des contrats dits « eurodiversifiés » dont s’inspirent largement  les nouveaux fonds Eurocroissance. « Nous gérons déjà quelque 820 millions d’euros à ce titre pour le compte de 90 000 assurés », précise Benoît Gommard.

Mais convaincre les nouveaux clients de délaisser leurs bons vieux fonds en euros (plus de 80 % des 1 500 milliards d’euros d’encours de l’assurance vie garantis et récupérables à tout moment) au profit de l’Eurocroissance  va exiger un certain talent !

Sur le papier, ces nouveaux supports (dont le fonctionnement a été spécifié par un arrêté du 12 septembre dernier) sont  présentés comme une troisième voie d’avenir entre d’un côté les fonds en euros sécurisés mais peu rentables (leur rendement moyen pourrait tomber en deçà de 2,5 % cette année) et, de l’autre, les  unités de compte (UC), plus dynamiques mais risqués. En souscrivant un Eurocroissance, l’épargnant profite en effet d’une garantie en capital (c’est l’assureur qui supporte le risque). Mais comme celle-ci n’est valable qu’à échéance (8 ans minimum, mais certaines offres sont conçues sur 30 ou 40 ans !), la compagnie peut, via la constitution d’une provision technique de diversification, prendre davantage de risques sur les marchés financiers pour booster son rendement.

Mauvais timing 

Dans les faits, la valeur ajoutée de ce produit bien plus contraignant (capital garanti uniquement à terme) et couteux (1,25 % de frais de gestion annuels pour les offres de BNP Paribas Cardif) que les fonds en euros existants, reste cependant à démontrer.

Certes, pour appuyer sa démarche offensive, BNP Paribas met en avant les rendements convaincants enregistrés par son contrat eurodiversifié BNP Paribas Avenir Retraite depuis sa création fin octobre 2010. « Au  30 septembre 2014, il  affiche une performance annualisée nette de frais de 5,89 % », souligne Benoît Gommard. Il faut cependant bien avoir en tête que ce résultat correspond à des engagements moyens sur 16 ans !

Plusieurs projections démontrent en revanche qu’à plus court terme (8 ou 10 ans), dans le contexte de taux historiquement bas que nous connaissons, les assureurs devront, pour garantir le capital sur cette durée, placer une fraction importante des primes en obligataire sécurisé et, qu’au bout du compte, le différentiel de rentabilité avec un fonds en euros classique serait  inférieur à + 0,5 % par an en moyenne. Un gain bien faible pour une perte totale de liquidité de son épargne. 

Laurence Delain-David

Laurence Delain-David

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