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Grandes surfaces

Embouteillage à prévoir sur les parkings

Une disposition du projet de loi pour l’Accès au logement et un urbanisme rénové (loi Alur) limite drastiquement le nombre de places de stationnement au sol pour toutes les nouvelles grandes surfaces de France.

Jusqu’à présent, la facilité de stationnement sur les parkings des grandes surfaces était un des motifs de satisfaction des consommateurs interrogés régulièrement par Que Choisir. Le ministère du Logement s’emploie à ce que cela change. La loi pour l’Accès au logement et un urbanisme rénové (dite loi Alur), qui doit être adoptée par le parlement fin février, prévoit en effet dans son article 58 une réduction drastique de l’emprise au sol des parkings de grandes surfaces. Elle serait limitée à un mètre de surface par mètre carré de magasin. Sachant qu’il faut 25 m2 pour garer une voiture, voies de circulation comprises, un supermarché standard de 2 000 m2 aura droit à 80 places. Pour un très grand hyper (12 000 m2), ce sera 480 places. Combien de clients ce type de magasin reçoit-il par jour ? Facilement 10 000, avec des pointes à 15 000 clients en période de fêtes. Sans parler des quelque 400 salariés qui viennent souvent en voiture au travail. Globalement, les parkings du futur seront deux à trois fois plus petits qu’aujourd’hui.

La réglementation s’appliquera à tous les nouveaux magasins, alimentaires ou spécialisés, ainsi qu’à ceux déjà existants qui feraient des travaux d’agrandissement. Bien entendu, rien ne les empêchera de créer des parkings souterrains ou sur deux niveaux. Coût d’une place en hauteur, selon la Fédération du commerce et de la distribution : 7 500 €. Coût d’une place enterrée : 15 000 €. Six millions d’euros pour 400 places supplémentaires. La facture, en bout de course, sera inévitablement supportée par le consommateur.

La loi Alur y ajoute l’obligation de créer des places à bornes de recharge pour voitures électriques.  Selon les estimations les plus optimistes, il en circulait 20 000 en France fin 2013. Ont-elles vocation à passer par le supermarché ? Comme elles sont rattachées à des flottes d’entreprise ou de collectivités à une écrasante majorité, ce n’est pas certain.

Le but de cette réforme est par ailleurs louable, puisqu’il s’agit de lutter contre l’artificialisation des sols. Problème, elle cible exclusivement « les surfaces, bâties ou non, affectées aux aires de stationnement, annexes d’un commerce ». En sont donc exclus les parkings des entreprises, mais aussi ceux des équipements publics, qui se développent au moins aussi vite que les grandes surfaces depuis une décennie. Il restera possible de prévoir des parkings de 400 places pour des salles omnisports ou des centres aquatiques ayant une fréquentation notoirement inférieure à celle d’un Super U ou d’un Intermarché.

En fait, il est probable que la grande distribution contourne rapidement la loi, avec l’accord tacite des élus locaux, soumis à la contrainte de riverains excédés par le stationnement sauvage. Les échappatoires sont faciles à imaginer. Par exemple, créer une cafétéria juridiquement indépendante de la grande surface mais située juste à côté, dotée d’un immense parking.

Pour l’anecdote, la loi Alur soumet aussi à autorisation les ouvertures de drive. Les distributeurs s’y attendaient et ont largement anticipé. Avec près de 2 500 drives, le pays est déjà quasiment équipé.

Examen du texte en seconde lecture à l’Assemblée fin février, entrée en vigueur en fonction des décrets d’application.

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