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Kits champignons prêts à pousser

Maigre récolte

À la recherche d’un cadeau original à l’approche des fêtes de fin d’année, on peut être tenté d’offrir l’un de  ces kits de culture à champignons vendus sur Internet. Mais pour quels résultats ? Éléments de réponse avec notre prise en main.

Faire pousser des champignons dans sa cuisine, l’idée a de quoi séduire les citadins en mal de nature. Tout comme les gourmands alléchés par la perspective de fricassées « 100 % maison ».  Lancés sur le marché il y a quelques mois par de jeunes start-up (Champi-pousse, MyChampi, Prêt à pousser, La  boîte à champignons, etc.), les kits de champignons prêts à pousser font un carton sur Internet, dans les jardineries et les grandes surfaces de bricolage. À vrai  dire, le concept n’a rien de révolutionnaire : les champignons proposés – petits gris de Paris, shiitakes, pleurotes – sont cultivés depuis des lustres de façon industrielle ou semi-industrielle. Bien moins goûteux que la plupart des variétés sauvages, on les trouve en grande surface ou sur les marchés à 10 ou 15 € le kilo. La nouveauté réside donc surtout dans l’emballage : une boîte dans laquelle se trouve un mélange composé de mycélium (la partie végétative du champignon) et d’un substrat (marc de café, sciure de bois…) sur lequel les champignons vont se développer. En principe, au bout de deux semaines voire moins, les champignons sont prêts à passer à la casserole. Et on pourrait recommencer au moins une deuxième voire une troisième fois… Mais ces boîtes magiques tiennent-elles leurs promesses ? Pour le savoir, prise en main de deux d’entre elles par notre journaliste.

Prêt à pousser : Maigre cueillette 

Ce kit de pleurotes prêt à l’emploi a obtenu le grand prix de l’innovation du Salon international de l’agroalimentaire (Sial). Selon l’étiquetage, il doit donner « au moins 2 belles récoltes » (1 récolte = 1 plat pour 3-4 personnes). Pour mettre toutes les chances de notre côté, nous suivons scrupuleusement le mode d’emploi : la boîte en carton est installée dans la cuisine, loin du radiateur et à l’abri de la lumière directe du soleil. Nous entaillons d’une large croix le sachet en plastique. Arrosage avec le mini-pulvérisateur compris dans le kit, trois pschitt le matin, trois pschitt le soir. Au bout d’une semaine, rien ne se passe, nous commençons à désespérer. Puis un matin, surprise, un bourgeonnement apparaît dans l’entaille. Alors, tout s’accélère. C’est magique. Une grappe de bébés pleurotes commence à pointer le bout de leurs corolles. Leur croissance s’accélère de jour en jour, voire d’heures en heures laissant espérer une récolte abondante. Las, sans raison apparente, 14 jours après leur mise en culture, les champignons cessent de se développer, perdent de leur superbe et commencent à se racornir. Les plus petits spécimens ne sont pas utilisables. Au total, la récolte est maigre : 150 g tout au plus. Et même moins, si on enlève les pieds des champignons, trop durs et fibreux pour être comestibles. Quant à la deuxième pousse, elle n’est jamais repartie, le pédoncule s’étant cassé lors de la cueillette malgré toutes nos précautions… À la dégustation nos champignons restent fermes, voire caoutchouteux, avec une saveur trop rustique. À 20 €, voire 30 € la boîte (+ les frais de port), avoir une champignonnière chez soi est un loisir hors de prix.

www.pretapousser.fr

 Kit pleurotes gris : 19,90 €/kit pleurotes roses ou jaunes : 29,90 € + frais de port.

En un peu plus d’une semaine, les pleurotes crèvent l’emballage, avant de se racornir.

La boîte à champignons : 0 récolte

Difficile de trouver plus écologique et plus vertueux que cette boîte à champignons « fabriquée à la main en Île-de-France par des personnes en insertion professionnelle à partir de marc de café recyclé » !

Depuis mars 2014, UpCycle transforme ainsi le marc de nos petits noirs en substrats de culture de pleurotes, qui sont mis ensuite à fructifier dans une cave au cœur du marché international de Rungis. Consécration suprême, cette « première ferme urbaine » vient d’être reconnue « Producteur de qualité́ » par le Collège culinaire de France, présidé par Alain Ducasse. C’est donc avec enthousiasme que nous entamons notre deuxième test. Mêmes conditions que le premier, même pulvérisation deux fois par jour. Las, cette fois notre attente est demeurée vaine. Nul bourgeonnement n’est apparu sur la face avant de la boîte magique malgré tous nos soins. Interrogé, le fabriquant se déclare surpris et nous affirme que ce genre d’échec est rarissime. Mais pas exclu : « si votre kit ne pousse pas, nous vous en renvoyons un ! » précise l’étiquetage. Pourtant, tout espoir n’est pas perdu. Au moment d’écrire ces lignes, (et après plus de deux semaines et demie de vains efforts), ô miracle, une légère protubérance est apparue ce soir sur la face avant de notre boîte…

www.laboiteachampignons.com

 Kit 14,90 € + 6,90 € de frais de port.

Avec La boîte à champignons notre essai n’a pas été transformé.

Conclusion

Si le côté pédagogique de l’expérience est indéniable (quand elle marche) et permet de répondre à une foule de questions que se posent les enfants (et les adultes !) : « Dis, Maman, comment ça pousse les champignons ? », « C’est quoi le mycélium ? », « C’est vrai qu’ils grossissent en une nuit ? », côté gastronomie le résultat est pour le moins mitigé, ni la quantité, ni la qualité n’étant au rendez-vous. Une bonne fricassée de girolles ou de chanterelles achetées chez son marchand de légumes ou au marché sera un gage bien plus certain de plaisir des papilles, pour un bien moindre investissement !

Florence Humbert

Florence Humbert

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