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Antirides

La toxine de la discorde

Allergan, le laboratoire californien qui a développé le Botox, multiplie les poursuites contre les distributeurs de Botoina, un lisseur de rides miracle, qu'il accuse d'usurper sa réputation.

Botoina : un nom qui sonne étrangement comme « Botox ». La ressemblance est d'autant plus troublante que les deux produits ont la même indication : le lissage des rides d'expression (rides du front, pattes-d'oie, etc.). Sauf que leur mode d'action diffère du tout au tout. En effet, le Botox s'injecte dans le derme et utilise le pouvoir paralysant de la toxine botulique pour détendre la peau et relâcher les muscles du visage. De plus, il est le seul produit cosmétique à bénéficier d'une autorisation de mise sur le marché (AMM), au même titre qu'un médicament, les injections devant être réalisées par un médecin. En revanche, le Botoina s'applique directement sur l'épiderme, comme n'importe quel soin antiride « classique ». Et son principe actif ne contient pas trace de la précieuse toxine.

Le succès planétaire du Botox fait des envieux, et nombreux sont les cosmétiques qui jouent la carte du « Botox like ». Mais Botoina pousse le bouchon très loin, n'hésitant pas à calquer son marketing et son mode d'utilisation sur ceux de son concurrent. À commencer par la seringue à pointe tronquée permettant d'appliquer le sérum dans le creux des rides. Le logo du Botoina, qui reproduit le drapeau suisse (une croix blanche sur fond rouge), et la caution du laboratoire helvétique dépositaire du brevet ajoutent encore à l'apparence « médicale » du produit.

Les prix sont à la mesure des résultats escomptés : décliné en 5 dosages selon la profondeur des rides, le coût de chaque traitement de 20 jours varie de 80 à 150 euros. Très habilement, le Botoina cible la clientèle souhaitant « éviter les soins très agressifs ».

Poursuites judiciaires

C'en était trop pour Allergan. Le laboratoire californien qui a développé le Botox multiplie les poursuites judiciaires contre les distributeurs du produit. En juillet dernier, Allergan a remporté une première manche en Irlande où le distributeur a été déclaré « coupable de faire passer le produit Botoina pour ce qu'il n'est pas, en exploitant la réputation établie de la marque Botox ». Quatre mois plus tard, c'est au tour du tribunal de commerce de Barcelone de condamner le distributeur espagnol à retirer tous les produits de la vente.

En France, une première audience s'est déroulée en février dernier devant le tribunal de commerce de Paris. Mais la partie semble encore loin d'être gagnée. Interrogée sur le sujet, la Répression des fraudes s'est bornée à affirmer qu'à l'avenir elle allait exercer une vigilance accrue sur les allégations susceptibles d'induire les consommateurs en erreur. De son côté, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), bien que chargée d'une mission de surveillance des cosmétiques, n'a rien à reprocher au Botoina, dans la mesure où le produit ne présente pas de risques pour la santé et ne revendique pas d'allégation l'apparentant à un médicament.

En attendant, la marque Botoina continue de s'exposer dans les vitrines de quelque 500 pharmacies françaises. Mieux, non content d'effacer nos rides, le « labo Suisse », qui s'appelle en réalité Cosprophar, a récemment lancé un stimulateur de repousse des cheveux, dont le footballeur brésilien Ronaldo vante les mérites sur les panneaux publicitaires.

Florence Humbert

Florence Humbert

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