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Additif moteur diesel

L’AdBlue, le nouveau dieselgate ?

Indispensable au fonctionnement de nombreux moteurs diesels modernes, l’additif AdBlue peut générer des pannes. Potentiellement, la plupart des voitures de moins de 10 ans sont concernées avec à la clé, une facture assez lourde à la charge du consommateur.

Ça grogne dans les chaumières des propriétaires de véhicules Citroën ou Peugeot. L’origine de leur courroux : des problèmes sur le système d’AdBlue (dispositif d’injection d’urée indispensable au fonctionnement du filtre à particules) qui peuvent se solder par une facture à 4 chiffres. C’est le cas par exemple de cet amer témoignage sur nos forums : « La sonde du réservoir d’AdBlue est HS et ne détecte plus la présence du produit. Or sans cette détection, au bout de 2 000 km, la voiture ne démarrera plus. 1 470 € à payer pour changer la pièce. »

C’est même la double peine pour ce lecteur qui avait souscrit une garantie supplémentaire (Icare chez Citroën) car on lui avait assuré que toutes les pannes non liées à une pièce d’usure seraient prises en charge. Comme il s’agit d’une sonde de niveau défectueuse, il pensait ne devoir rien débourser. Mais cette sonde capricieuse est totalement indissociable du réservoir d’AdBlue et il faut alors remplacer l’ensemble. Or les réservoirs n’entrent pas dans la garantie… Et lorsqu’il demande une prise en charge, on lui refuse au motif que sa voiture est âgée de 87 mois (7 ans et 3 mois) et que la facture aurait éventuellement pu être réduite si la voiture avait moins de… 84 mois (7 ans). De quoi alimenter son ressentiment envers Citroën et Icare.

Sur tous les diesels depuis 2019

On connaissait les problèmes d’encrassement des moteurs diesels et les risques de casse de turbocompresseur. Il faut désormais composer avec ceux concernant l’AdBlue, cet additif indispensable au fonctionnement des diesels équipés de filtre à particules spécifiques SCR (lire l’encadré). Nombreux sont les conducteurs de tels véhicules qui voient s’afficher un message d’alerte « défaut antipollution », ou le logo AdBlue suivi de « démarrage impossible dans XXX km ». C’est particulièrement le cas parmi les conducteurs de diesels 1.6 HDi et 1.5 BlueHDi commercialisés chez Citroën, DS et Peugeot.

Il est assez difficile de savoir pourquoi ces moteurs semblent plus sensibles que d’autres à ce problème, les réclamations reçues à Que Choisir concernent essentiellement les marques Citroën et Peugeot, mais aussi de déterminer exactement les véhicules concernés car, potentiellement, tous ceux qui utilisent l’additif en question le sont. Audi, Kia, Mercedes, Renault, Seat, Skoda ou encore Volkswagen, qui équipent certains de leurs modèles de la même technologie de filtre à particules SCR, peuvent également être touchés par le phénomène.

Il existe deux solutions pour remplir son réservoir d'AdBlue : via une pompe dans une station-service ou en utilisant un bidon.

Une prise en charge aléatoire

Contacté, Peugeot reconnaît que « sur certains véhicules équipés de la première version du système de réduction catalytique sélective (SCR) sur les moteurs diesels Euro 6, des dysfonctionnements peuvent survenir ». Le constructeur ajoute que « le SCR est un système sophistiqué qui peut parfois conduire à la détection de fausses alertes. Un allumage du voyant SCR n'entraîne donc pas nécessairement un remplacement du réservoir d'AdBlue. » Selon Peugeot, des mises à jour ont été effectuées sur les véhicules des clients lors de maintenances périodiques, mais quid de ceux qui n’entretiennent pas leur voiture dans le réseau ?

Quant à la participation financière, la question est restée sans réponse. Il semblerait qu’elle n’est accordée qu’aux voitures de moins de 5 ans et ayant moins de 150 000 km au compteur. Pour les autres constructeurs, peu enclins à mettre la main à la poche, même pratique : la prise en charge de la réparation, ou a minima une participation aux frais de réparation, est vraiment sporadique.

La cristallisation en cause

Il faut dire que ce n’est généralement pas uniquement la conception du circuit d’AdBlue par le constructeur qui est en cause. Les problèmes viendraient surtout d’autres phénomènes : la dégradation du liquide à partir de 25 °C et, surtout, sa cristallisation. Un détail qui n’aurait pas été bien pris en compte. Cette dernière arrive dans deux circonstances : lorsque la température des gaz d’échappement n’est pas suffisamment élevée (moins de 260 °C) pour que l’AdBlue puisse jouer son rôle d’antipolluant et lorsque l’AdBlue est exposé à une température inférieure ou égale à -11 °C (d’où la présence parfois d’un système de réchauffage du circuit d’AdBlue). Le phénomène peut alors entraîner l’obstruction du catalyseur SCR, la déformation du réservoir (sa mise à l’air est obstruée et empêche l’air d’entrer créant ainsi une dépression importante qui cause sa déformation), la sonde de niveau peut aussi se bloquer, la pompe de liquide peut se boucher, tout comme le clapet de remplissage, etc. Tout cela a comme conséquence immédiate l’arrêt du véhicule et des coûts importants de réparation.

Peu de remèdes existent

Mais alors quelle solution adopter ? La première est de ne pas remplir totalement le réservoir afin de préserver la mise à l’air et le bouchon de remplissage pour que ceux-ci ne soient pas bloqués ou obstrués lors de la cristallisation. Pour sa 308, Peugeot conseille d’ailleurs dans la notice d’utilisation de ne remplir que de 10 à 13 litres le réservoir alors qu’il peut en contenir 15, « afin de ne pas faire déborder le réservoir d’AdBlue ». Le constructeur conseille également de ne pas insister après le premier déclenchement automatique du pistolet lors de l’approvisionnement dans une station-service. L’autre solution est d’utiliser un produit anticristallisant à ajouter dans le réservoir d'AdBlue. Mais, là encore, c’est un coût supplémentaire pour l’automobiliste.

L’AdBlue, c’est quoi ?

L’AdBlue est une solution aqueuse composée à 32,5 % d’urée et à 67,5 % d’eau déminéralisée. Son utilisation permet de transformer 85 % des oxydes d’azote (NOx) en vapeur d’eau et azote. L’AdBlue est utilisé dans les véhicules diesels équipés d’un filtre à particules utilisant la technologie SCR (Selective Catalytic Reduction, la réduction catalytique sélective).

Cette solution a été utilisée dès 2009 sur quelques modèles Mercedes ou Volkswagen puis en 2014 chez PSA (Peugeot et Citroën) sur les blocs baptisés BlueHDi. Avec l’entrée en vigueur de la norme Euro 6d-TEMP, dans un premier temps, chaque nouveau véhicule diesel en est doté depuis septembre 2017. Depuis septembre 2019, tous les diesels commercialisés doivent en être équipés.

L’AdBlue est stocké dans un réservoir dédié reconnaissable à son bouchon bleu et généralement accessible au niveau de la trappe à carburant (à côté de l’orifice de remplissage du carburant) ou, sur certains modèles, situé dans le coffre. D’une contenance de 10 à 20 litres selon les modèles, le plein d’AdBlue doit être réalisé tous les 900 à 2 500 km (un témoin donne l’alerte au tableau de bord).

Appel à témoignages

Vous êtes confronté à des défaillances ou pannes du système d’AdBlue de votre véhicule. Malgré vos démarches, le constructeur refuse toute prise en charge ou uniquement partielle. Votre témoignage nous intéresse.

Yves Martin

Yves Martin

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