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Mediator

7 mois de procès en vue

Dix ans après le retrait du marché du Mediator (benfluorex), le procès pénal commence enfin ce lundi 23 septembre au tribunal correctionnel de Paris. Rappel des faits.

Il aura fallu neuf ans aux deux magistrates chargées du dossier pour boucler l’instruction du Mediator. Il faudra pas moins de sept mois d’audience, à compter de ce lundi 23 septembre, pour tenir le procès pénal devant le tribunal correctionnel de Paris. Ce sera d’abord celui des laboratoires Servier poursuivis pour tromperie, tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d’influence.

Il leur est reproché d’avoir commercialisé pendant 33 ans, à compter de 1976, ce produit comme adjuvant dans le traitement du diabète, alors qu’ils étaient conscients dès le départ qu’il s’agit d’un anorexigène susceptible d’avoir des effets délétères sur le cœur. Le benfluorex, la molécule du Mediator, a été consommé par 5 millions de personnes en France, et aurait fait des centaines de morts, peut-être 2 000 selon les projections épidémiologiques. Des milliers de personnes sont aujourd’hui lourdement handicapées à cause du Mediator.

Le tribunal examinera de près les stratégies mises en place par l’industriel français pour camoufler les propriétés réelles de son produit afin de le maintenir sur le marché, pendant que les autres molécules anorexigènes de la même famille comme l’Isoméride ou le Pondéral étaient retirées du marché dans les années 90. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui à l’époque s’appelait l’Afssaps, sera également sur la sellette. Son tort : avoir ignoré plusieurs alertes de sécurité sur le Mediator (benfluorex) dans les années 90, et l’avoir laissé au moins 10 de trop sur le marché. Elle a d’ailleurs été condamnée devant la justice administrative pour ce motif. Il aura fallu attendre l’étude réalisée par Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest, montrant des cas d’hypertension artérielle pulmonaire en lien avec le Mediator, pour faire réagir l’institution.

Les parties civiles, dont l’UFC-Que Choisir, seront près de 4 000 à demander réparation de leur préjudice. Beaucoup de victimes ont choisi d’autres voies de réparation : 3 600 ont été indemnisées par l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) pour un total de 115,9 millions d’euros facturés aux laboratoires Servier. Certaines ont obtenu gain de cause au civil devant le tribunal de grande instance de Nanterre.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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