ACTUALITÉ
Prix des pâtes

La pasta victime du climat

Le prix du spaghetti va-t-il accuser une augmentation dans les prochaines semaines ? À entendre les fabricants de pâtes, c’est probable : les récoltes de blé dur ont souffert d’accidents climatiques, faisant bondir les cours.

Printemps 2020, premier confinement : les consommateurs se sont rués sur les achats de survie, dévalisant les rayons pâtes et farine. Malgré des ruptures de stocks ponctuelles, la chaîne d’approvisionnement avait alors tenu, et les Français ont pu manger leurs 9 kilos annuels de spaghettis, coquillettes et autres pâtes, et cuisiner quantité de gâteaux chez eux. Mais pour répondre à cette brutale hausse des achats, les fabricants ont largement puisé dans les stocks de céréales.

Blé dur en déroute

Manque de chance, la moisson 2021 de blé dur (lire encadré) s’annonce catastrophique. La faute au climat : les trombes d’eau en Europe et les températures sahariennes en Amérique du Nord ont nui à la quantité, mais aussi à la qualité des grains. Au Canada, premier producteur et exportateur mondial, la récolte devrait être amputée d’un tiers, et les exportations se rétracter de moitié. Conséquence, les cotations mondiales de la céréale se sont envolées de 30 % ces dernières semaines, une crise que le syndicat des fabricants de pâtes, le Sifpaf, qualifie « d’historique ». Cette tension se ressent aussi en France, et nos spaghettis, dont le blé représente 30 % du prix, pourraient bien se renchérir. Même si, en théorie, l’Hexagone est globalement autosuffisant en blé, les trois quarts de la récolte sont exportés, ce qui conduit à importer deux tiers des pâtes et un tiers de la semoule (couscous) que nous consommons (d’Italie principalement).

Les transformateurs et les distributeurs ont d’ailleurs commencé à préparer les esprits. Le directeur exécutif achats de Lidl France, Michel Biero, annonçait « de légères hausses » aux consommateurs sur BFM, le 2 septembre, tandis que Jean-Philippe Lefrançois, directeur général du fabricant Alpina Savoie, estimait qu’une augmentation de 10 centimes pour un 1 kilo de spaghetti devait être envisagée pour que les fabricants survivent à cette hausse du prix du blé. Nous voilà prévenus…

Le pain davantage préservé

La baguette française devrait être davantage préservée que les pâtes. Les moissons de blé tendre affichant de meilleurs rendements, les hausses de prix sont plus modérées. Néanmoins, des augmentations sur le pain sont à envisager du fait de coûts de production qui grimpent, dus à « une récolte très étalée dans le temps, un gros travail de tri selon la qualité des grains, des frais de transport renchéris, énumère Jean-François Loiseau, président de l’Association nationale de la meunerie française. Le coût de production est amplifié, et il faudra le traduire jusqu’au consommateur. »

Pour autant, la hausse du pain « devrait rester marginale », veut-il rassurer. En effet, « le blé compte peu dans le prix final de la baguette : seulement 6 % ». Soit 6 centimes pour une tradition à 1 €, pour laquelle une hausse de 30 % du blé tendre engendrerait donc un surcoût de moins de 2 centimes.

Blé dur ou blé tendre ?

  • Le blé dur est utilisé pour fabriquer les pâtes sèches, la semoule et le boulgour. Il est moins répandu que le blé tendre, et destiné quasi exclusivement à l’alimentation humaine.
  • Le blé tendre, lui, sert entre autres à fabriquer le pain, la pizza, les pâtisseries et viennoiseries, mais aussi les pâtes fraîches.
Elsa Casalegno

Elsa Casalegno

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