BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Étiquetage de l’origine

Sous couvert d’une avancée, un terrible recul

Décidément, s’agissant des communications trompeuses de la majorité présidentielle, ma plume n’a guère le temps de se reposer… Une proposition de loi visant à protéger le revenu des agriculteurs est en ce moment en cours de discussion à l’Assemblée nationale. Lorsque l’on jette un œil à l’exposé des motifs, nous pouvons croire que la majorité s’apprête à sanctuariser l’étiquetage de l’origine des aliments. MAIS lorsque l’on regarde ce texte de plus près, on se rend compte qu’elle s’apprête, en réalité, à faire entrer dans la loi l’impossibilité de renseigner l’origine des aliments.

Jugez plutôt. « L’article 4 précise que, par principe, l’indication du pays d’origine est obligatoire pour les produits agricoles et alimentaires» a priori nous voilà satisfaits… sauf que le projet limite cette obligation aux seuls produits pour lesquels il existe « un lien avéré entre certaines de leurs propriétés et leur origine ». Au nom de quoi imposer au consommateur ce qui est censé l’intéresser ? C’est une conception inacceptable du droit à l’information.

Par ailleurs, cette démonstration d’un tel lien est quasiment impossible. Concrètement, cela revient à trouver un lien entre la couleur du lait et la région dont il provient. Bon courage.

Rappelons que c’est parce que les autorités françaises n’étaient pas parvenues à établir un lien entre l’origine et les propriétés des produits laitiers que la Cour européenne de Justice, puis le Conseil d’État ont dû donner raison à Lactalis, qui avait attaqué l’obligation française de renseigner l’origine de ces produits.

Vous l’aurez compris, il s’agit, une fois encore d’une reculade pénalisant les consommateurs… On annonce un progrès, pour mieux faire avaler une régression, car la véritable raison de cette rédaction alambiquée, est le refus de l’industrie alimentaire de dissiper l’opacité régnant sur l’origine de ses approvisionnements.

Alors que de nombreux députés ont, pour défendre cette mesure, exhibé l’exigence de transparence des consommateurs, nous entendons bien leur faire comprendre qu’ils ne peuvent pas usurper ainsi votre voix et se fourvoyer à ce point sur la réalité de cette transparence qui n’est qu’une imposture.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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