BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Réforme de la PAC

Même la Commission critique le « greenwashing » français

Peut (et doit) mieux faire ! Cette appréciation pourrait résumer le courrier que la Commission européenne vient d’adresser à la France sur son Plan Stratégique National (PSN) PAC, censé traduire à l’échelon français les objectifs de la politique agricole européenne... 

Bien que ce courrier ne soit pas encore public, j’ai pu y avoir accès et constater que pour la Commission, tout comme pour l’UFC-Que Choisir et la société civile, le compte n’y est pas. Le plan français est tout particulièrement épinglé pour son manque d’ambition environnementale. Malgré notre mobilisation, avec nos partenaires de la plateforme associative "Pour une autre PAC", tout au long de l’élaboration de ce plan pour obtenir plus d’engagements écologiques et climatiques, force est de constater que les consultations étaient de pure forme. La Commission européenne n’est d’ailleurs pas dupe et ne manque pas de souligner le hiatus entre les propositions de la société civile et ce qu’en a retenu le Ministère de l’Agriculture.

Elle multiplie les critiques sur la faiblesse du plan français et s’élève contre le manque de moyens alloués pour réduire l’utilisation des pesticides ou protéger la biodiversité et les ressources naturelles, telles que l’eau. Elle fustige la suppression des aides au maintien au bio qui pourrait se traduire par des retours à l’agriculture conventionnelle.

Mais c’est au label Haute Valeur Environnementale (HVE), que la Commission décerne la palme du greenwashing. Rappelons que la HVE n’a d’environnementale que son nom. Une note confidentielle - mais fuitée - de l’Office Français de la Biodiversité aux ministères, nous apprenait il y a quelques mois que cette certification « ne présente dans la grande majorité des cas aucun bénéfice environnemental » et qu’à ce titre elle ne devrait pas « être prise en compte dans le cadre de politiques publiques environnementales ». Pire, l’Office estime que son utilisation comme argument commercial serait une « tromperie du consommateur ». Mais le Ministère de l’Agriculture, restant sourd à ces alertes, a mitonné un PSN aux petits oignons pour les tenants de l’agriculture la plus intensive. Le label HVE donnerait ainsi accès à des subventions vertes, les écorégimes, au même titre que le bio. Selon un calcul du ministère, 79 % des exploitations en grande culture pourraient bénéficier de ces aides sans rien changer à leurs pratiques actuelles. Une bien triste manière de bloquer toute évolution de nos systèmes agricoles vers des modèles plus vertueux.

Alors que le GIEC estime que l’humanité n’a plus que 3 ans pour inverser la courbe des émissions de CO2, ce nouveau plan nous engage jusqu’à 2027. Il est donc crucial de rectifier le tir tant qu’il est encore temps, pour ne pas rater notre cible climatique.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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