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Santé

Comment traiter les varices

Les varices sont une maladie chronique qui touche 30 à 50 % des femmes et 15 à 30 % des hommes. Compression, médicaments, chirurgie conventionnelle, sclérothérapie, etc., de nombreuses possibilités s’offrent aux personnes gênées par des varices des jambes. Quelle est l’efficacité et la sécurité de ces traitements ?

Sensation de jambes lourdes, douleurs, fourmillements en particulier lors de stations debout prolongées, les varices des membres inférieurs ne sont pas qu’inesthétiques, elles occasionnent parfois une véritable gêne. Ces veines dilatées de façon permanente, d’un diamètre supérieur ou égal à 4 mm, peuvent, dans certains cas, se compliquer d’oedèmes, d’altérations de la peau, voire de plaies (ulcères) ou de thrombophlébites (formation d’un caillot sanguin pouvant causer une embolie pulmonaire). Leur évolution naturelle est très variable d’une personne à l’autre. Cependant, le fait d’être une femme, d’avoir un indice de masse corporelle supérieur à 25 et une sensation de jambes enflées augmente le risque d’une complication des varices.

Bon à savoir L’intensité des désagréments ressentis n’est souvent pas corrélée au volume des varices. Un contrôle par une échographie doppler, une technique qui à l’aide d’ultrasons permet de visualiser les veines et de mesurer le flux sanguin, est nécessaire pour évaluer leur sévérité.

Penser d'abord à la compression externe

Perte de poids, surélévation des jambes, évitement de la station debout prolongée, exercices physiques, entre autres, sont des mesures fréquemment proposées. Si elles soulagent souvent les symptômes, elles s’avèrent généralement inefficaces pour prévenir l’évolution de la maladie. Quant aux médicaments dits veinotoniques, ils sont à éviter. Une revue de la collaboration Cochrane (groupement de scientifiques indépendants) a analysé leur impact et a conclu que les données étaient insuffisantes pour recommander leur usage.
Seul le port de bas, de collants ou de chaussettes de contention tire son épingle du jeu. Cette compression externe des veines superficielles facilite le passage du sang vers les veines profondes et son évacuation vers le coeur. De ce fait, elle diminue les douleurs, l’oedème, les sensations gênantes et les récidives d’ulcère, et accélère la guérison.
Tous ces bienfaits sont potentiellement obtenus à condition que les bas (ou collants ou chaussettes) de contention soient parfaitement adaptés aux mensurations de la personne. Des mesures précises de la jambe (périmètre à la cheville, à mi-mollet, au bas et en haut de la cuisse) ainsi que la hauteur de la jambe, de la cuisse et de l’entrejambe sont indispensables. Une taille trop grande et le dispositif perd en efficacité, une taille trop petite et le dispositif est vite abandonné. Les bas doivent aussi être enfilés correctement. En revanche, l’effet de la compression externe sur la propagation des varices n’est pas connu.

Si ça ne suffit pas

Quand la compression veineuse ne suffit pas à soulager les désagréments, différentes techniques peuvent être proposées. La chirurgie conventionnelle qui consiste à enlever le vaisseau malade est de moins en moins pratiquée. Les nouveaux traitements permettent de laisser en place le vaisseau en mauvais état tout en empêchant la circulation sanguine d’y passer.

Chirurgie conventionnelle (stripping, crossectomie, éveinage, phlébectomie, etc.)

Principe
> On retire le vaisseau malade (exérèse).

Avantages
> Cette intervention est bien codifiée et maîtrisée par de nombreux chirurgiens.
> Elle est prise en charge par l’assurance maladie.

Inconvénients
> Elle nécessite une anesthésie (locale, locorégionale ou générale) et une courte hospitalisation (généralement une journée).
> Elle peut laisser des cicatrices.
> Outre les risques liés à la technique d’anesthésie, cette chirurgie expose surtout à des douleurs, des hématomes, des infections de la plaie, des hyperpigmentations, etc.
> Elle entraîne souvent un arrêt de travail de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines. La durée moyenne est de 26 jours (source : CNAMTS).

Occlusion endovasculaire thermique

Principe
> À l’aide d’un cathéter, on introduit dans la veine un laser ou bien une radiofréquence qui vont dégager une énergie entraînant une destruction thermique de la veine. Cette intervention, réalisée sous contrôle échographique, est utilisée pour traiter les reflux des veines saphènes.
> Ces techniques (laser ou radiofréquence) semblent d’efficacité voisine, avec un taux d’occlusion des veines saphènes après un an de 77 à 99 %.

Avantages
> Elles sont pratiquées sous anesthésie locale en ambulatoire et permettent une reprise plus rapide des activités habituelles (deux ou trois jours) par rapport à la chirurgie traditionnelle.
> Elles ne laissent pratiquement pas de cicatrices.
> Les essais relatifs à ces deux techniques montrent qu’elles offrent une efficacité comparable à celle de la chirurgie classique tout en générant moins d’effets secondaires postopératoires.

Inconvénients
> Elles exposent à des effets indésirables locaux : indurations, hyperpigmentations, brûlures cutanées, hématomes, paresthésies, etc.
> Elles doivent être pratiquées en « secteur opératoire », c’est-à-dire dans un hôpital ou une clinique et non dans un cabinet de médecin.
> Les études relatives à ces techniques n’ont concerné qu’un nombre réduit de personnes avec un suivi de deux années maximum.

Sclérothérapie ou échosclérothérapie (occlusion chimique)

Cette technique qui consiste à scléroser les varices est la plus utilisée en France (plusieurs millions de séances par an).

Principe
> À l’aide d’un cathéter ou d’une aiguille, on injecte dans la veine dilatée un produit irritant (liquide ou mousse) qui provoque une réaction inflammatoire induisant une occlusion de la veine. Pour obturer les veines saphènes, un sclérosant sous forme de mousse est généralement utilisé sous contrôle échographique (échosclérothérapie).

Avantages
> Cette technique non invasive est pratiquée au cabinet d’un phlébologue, d’un angiologue ou d’un médecin vasculaire.
> Elle ne nécessite ni anesthésie ni hospitalisation, et la reprise des activités se fait immédiatement après la séance. De plus, elle est presque indolore (une crème anesthésiante est appliquée localement pour les douillets).
> Elle ne laisse pas de cicatrices et le résultat est immédiat.

Inconvénients
> Des séances répétées sont souvent nécessaires. Des effets indésirables locaux apparaissent fréquemment : douleurs au point d’injection, thromboses veineuses superficielles, hyperpigmentations, etc.
> La difficulté de cette technique tient à la nécessité de déterminer la quantité et la concentration du sclérosant en fonction du calibre et de la position de la veine dans l’arbre veineux. Le praticien doit donc être expérimenté. Injecter des agents sclérosants dans des veines expose le patient à un risque de thrombose à distance par migration du produit dans le flux sanguin. Ceci est à l’origine d’effets indésirables très rares mais graves (thrombose veineuse, embolie pulmonaire, ischémie cérébrale) et, surtout, disproportionnés par rapport aux objectifs visés par le traitement.

En conclusion

Selon les études publiées, toutes les techniques semblent se valoir en termes de qualité de vie à six mois, de symptômes ressentis après six mois à deux ans et de récidive des varices (apparition de nouvelles varices sur des veines jusque-là non atteintes dans la même zone ou reperméabilisation de la veine traitée). Mais leurs résultats sont à prendre avec circonspection. En effet, ces études sont effectuées sur un petit nombre de personnes avec des critères d’évaluation différents et des techniques multiples, rendant leur comparaison difficile. L’expérience du praticien ainsi que le remboursement de l’acte sont des éléments à prendre en compte au moment du choix.

Un remboursement bien compliqué

Si les actes de chirurgie des varices sont pris en charge par l’assurance maladie, le remboursement des autres techniques s’avère plus épineux. Les actes de sclérothérapie sont remboursés pour les traitements des veines superficielles mais toujours pas pour ceux des veines saphènes. Pourtant, l’avis favorable à leur prise en charge de la Haute Autorité de santé (HAS) et de la Commission de hiérarchisation des actes de prestation date de 2014 ! Il manque la signature du directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie, puis celle du ministre de la Santé et enfin la parution au Journal officiel... L’occlusion thermique par radiofréquence est remboursée mais pas l’occlusion thermique par laser bien que la HAS ait émis un avis favorable pour sa prise en charge en décembre 2016 (donc pas de remboursement dans l’immédiat...). Les personnes se tournent alors vers la chirurgie conventionnelle dont le coût global, compte tenu des conditions opératoires et des jours d’arrêt de travail prescrits, est sans commune mesure !

Emmanuelle Billon-Bernheim

Emmanuelle Billon-Bernheim

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