Cyril Brosset
Apple HomeKitQue vaut le système de surveillance d’Apple ?
Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’un système d’alarme, HomeKit assure pouvoir sécuriser une habitation. Nous avons testé cette solution proposée par le géant américain Apple afin de nous faire une idée de son efficacité.
Il ne comporte pas de boîtier relié à une box, n’est pas vendu en magasin et n’est raccordé à aucune société de télésurveillance. Pourtant, le service HomeKit d’Apple assure lui aussi pouvoir protéger un logement. Sa spécificité : il s’appuie sur une application baptisée « Maison » (Home). Présente d’office sur les derniers smartphones et tablettes d’Apple et disponible sur l’Apple Watch ainsi que sur l’Apple TV, l’appli Maison permet de gérer des dizaines d’équipements connectés : des prises électriques, des ampoules, des systèmes d’ouverture de volets, des détecteurs de fumée ou d’inondation, mais aussi des capteurs d’ouverture, des détecteurs de mouvement, des caméras, etc. Et grâce à Siri, le système de reconnaissance vocale présent dans les iPhone, les iPad et dans l’assistant vocal HomePod, il est possible de commander le système à la voix. Pratique, intuitif et, au final, plutôt efficace à en croire le laboratoire à qui nous l’avons confié. Malheureusement, le système présente des failles.
Une liste d’équipements limitée
Si l’application Maison est gratuite, il faut, pour que le système fonctionne, acquérir des accessoires « compatibles HomeKit » dont la liste est disponible sur le site d’Apple. La sélection est pour le moins restreinte. Ainsi, pour la partie sécurité, on a le choix entre deux caméras extérieures (la Circle 2 de Logitech à 199,95 € ou la Presence de Netatmo à 299,95 €), des contacteurs et des détecteurs de mouvement de la marque EVE (vendus respectivement 39,95 et 49,95 € pièce) ou encore la caméra intérieure Omna 180 HD de D-Link à 129,95 €. En revanche, certains équipements importants sont absents. C’est le cas par exemple de la sirène d’extérieur. Il est possible d'installer un modèle quelconque sur une prise compatible HomeKit, mais dans ce cas, celle-ci ne sera pas reconnue en tant que sirène. Pour notre part, nous avons testé le dispositif avec un détecteur EVE Door & Window, un détecteur de mouvement EVE Motion et la caméra Netatmo Welcome. Nous avons également acheté le HomePod d’Apple afin de tester la commande à la voix.
Une installation qui demande quelques connaissances
De l’avis de nos experts, configurer HomeKit n’est pas à la portée de tous. Le système d’alarme d’Apple nécessite d’être un minimum à l’aise avec l’informatique et de maîtriser les termes techniques de base.
Avant toute chose, il faut désigner un « concentrateur », c’est-à-dire un appareil de marque Apple qui devra rester allumé jour et nuit et ne pas quitter le logement. Il sera chargé de maintenir la liaison entre les accessoires et d’appliquer les scénarios prédéfinis par l’utilisateur dans l’application Maison. Il peut s’agir d’un HomePod, d’une Apple TV ou d’un iPad doté de la dernière version d’iOS. Pour notre test, nous avons utilisé l’assistant vocal HomePod comme concentrateur. L’installer en tant que concentrateur ne nous a pas posé de problème. Il nous a suffi de lancer l’application Maison et de nous laisser guider. Utiliser un autre appareil comme concentrateur peut en revanche nécessiter quelques manipulations supplémentaires.
Une fois le concentrateur configuré, il faut y appairer les différents accessoires. Le processus ne présente pas de difficulté majeure. Il suffit de scanner le QR code présent sur l’objet et de suivre les indications de l’appli. En cas de difficulté, il peut toutefois être nécessaire de télécharger l’application fournie par le fabricant de l’accessoire, généralement plus bavarde en explications.
Dernière étape et pas des moindres : définir les différents scénarios. Il revient en effet à l’utilisateur d’indiquer au système ce qu’il doit faire en fonction de l’instruction qu’il reçoit. Il peut s’agir par exemple d’allumer une prise connectée sur laquelle est branchée la sirène et de lancer l’enregistrement de la caméra lorsqu’un capteur émet une alerte ou bien encore de mettre les capteurs en veille quand le système est activé. Il est aussi possible d’introduire des temporisations afin que l’alarme s’éteigne automatiquement au bout d’un certain temps ou encore de rédiger les commandes qui serviront à déclencher par la voix les actions qui en découlent (par exemple, le fait de dire « Active l’alarme » pour mettre les capteurs en alerte). S’il n’est pas très compliqué, le processus demande un peu de logique et de patience afin de s’assurer que tout fonctionne correctement et qu’aucun scénario n’a été oublié.
Un usage au quotidien qui ne pose pas de souci
Une fois configuré, HomeKit est plutôt simple à utiliser. Il suffit de prononcer la commande pré-enregistrée pour que le concentrateur effectue la tâche qui y est associée. Attention néanmoins à bien se souvenir des commandes précises et à faire en sorte que celles-ci ne soient pas trop évidentes de manière à ce qu’un cambrioleur ne puisse pas les deviner et ainsi désactiver l’alarme. Toutes les actions peuvent également être commandées sans la voix, directement depuis l’application Home. Les notifications reçues en cas d’intrusion sont claires et facilement compréhensibles. En revanche, tout se passe via l’application Maison. Aucun e-mail ni SMS n’est envoyé. Il faut donc se trouver dans une zone couverte au minimum en 3G pour recevoir les alertes. Le fait qu’HomeKit intègre le geofencing est un bon point. Ce service qui fait en sorte que le système s’active ou se désactive automatiquement dès que l’utilisateur (ou plus exactement son smartphone) s’approche ou s’éloigne de son domicile est un vrai plus. En revanche, des options intéressantes proposées par certains accessoires ne sont pas gérées par l’application, à l’image du mode privé de la caméra Netatmo qui peut être activé ou désactivé depuis l’application Netatmo, mais pas depuis l’application HomeKit.
Une autoprotection insuffisante
En fait, le plus gros défaut d’HomeKit, c’est la faiblesse de ses systèmes d’autoprotection. En cas de déconnexion de la caméra, par exemple, l'utilisateur reçoit une alerte mais n’a plus la possibilité d’accéder aux images. En effet, dans ce cas, les vidéos sont enregistrées uniquement sur la carte SD fournie avec la caméra. Elles ne pourront être consultées à distance qu’une fois la connexion rétablie. Pourtant, des systèmes alternatifs existent, notamment grâce au stockage des images dans le cloud. En cas de coupure d’électricité ou de connexion à Internet, c’est encore pire : le système n'émettra même pas d'alerte. Dommage.
Notre avis
Si HomeKit est capable d’assurer un certain niveau de protection du logement, il ne permet pas de remplacer un vrai système d’alarme. Son installation fastidieuse le destine aux utilisateurs aguerris et son autoprotection faiblarde limite considérablement son efficacité. Au final, HomeKit doit surtout être vu comme un système domotique au sens large proposant un service de protection du logement.
Aissam Haddad
Rédacteur technique