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Détecteurs de fuméeLes failles de la réglementation

Les services de la répression des fraudes ont beau multiplier les contrôles, il y a toujours des détecteurs de fumée dangereux en vente, comme le prouve notre test. La conformité relève en partie de la loterie. Intolérable !

La réglementation européenne avait bien fait les choses. Alors que le marquage CE ne nécessite qu’une autodéclaration du fabricant attestant la conformité de son produit en général, il a été sérieusement renforcé pour les détecteurs de fumée. Pour porter le marquage CE, ils doivent être conformes à la norme EN 14 604 (dénommée NF EN 14 604 en France), et cette conformité est vérifiée en usine par un laboratoire indépendant agréé. Ce dernier effectue un audit du site et y prélève des échantillons. En théorie, c’est parfait. En pratique, les non-conformités récurrentes prouvent que ça ne suffit pas. « L’audit du site et les tests sont faits au lancement de la production, explique Romain Canler, le délégué général de la FFMI (Fédération française de matériel incendie). Mais ensuite, il n’y a plus de prélèvements.

Les détecteurs sortent avec leur marquage CE même si le niveau de qualité baisse en cours de production. Il suffit de traces de doigts sur les diodes, de points de colle trop épais sur les buzzers, d’un stockage dans de mauvaises conditions pour que le détecteur soit non conforme. » Des propos que confirme un expert : « Le gros souci, c’est le suivi et la régularité de la production. Les réglages ne sont pas toujours faits de façon rigoureuse, les niveaux de sensibilité peuvent varier d’un lot à l’autre. » Pourtant, une fois les épreuves initiales réussies, le site de production détient son numéro de certificat. Il peut apposer le marquage CE sur tous les détecteurs qu’il produit par la suite, sans contrôle. Il y a bien un audit d’usine par an, mais plus de tests sur les produits. C’est là que le bât blesse : qu’ils sortent conformes ou non, tous ses détecteurs arrivent en règle sur le marché. Et quand les autorités révèlent un problème, elles font un rappel du détecteur lot par lot, sans jamais s’attaquer au numéro de certificat détenu par le site de production. Résultat, des usines chinoises continuent à fabriquer à la fois du conforme et du non-conforme.

Conformité aléatoire

Ainsi, en octobre dernier, un détecteur bien noté par le magazine 60 millions de consommateurs a fait, peu de temps après, l’objet d’un rappel à la demande de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Le lot testé par nos confrères était conforme, ceux de la Répression des fraudes étaient dangereux. Ce détecteur, l’Arev Technic HS 104, est également dans notre test et il est conforme, mais Que Choisir ne peut garantir que tous les lots présents sur le marché le soient. Autre exemple, le détecteur Arcotec de notre essai, non conforme et dangereux, porte le même numéro de certificat qu’un détecteur retiré en 2010. Ils sortent de la même usine, qui produit aussi le modèle Arev Technic HS 104, conforme ou non conforme selon les lots. Bref, c’est la loterie, et concernant un dispositif destiné à sauver des vies, cela est inadmissible.

Pour la sécurité des consommateurs, il est urgent que se renforce la réglementation  européenne. Tous les sites de production qui sortent des détecteurs non conformes doivent perdre leur certificat, ce sésame qui donne droit au marquage CE. L’UFC-Que Choisir réclame cette mesure depuis plusieurs années, sans succès à ce jour. C’est pourtant le seul moyen d’assainir le marché. En attendant, nous recommandons les détecteurs portant la marque NF en plus du marquage CE. C’est la meilleure garantie de fiabilité. La marque NF de l’Afnor impose en effet des tests réguliers, qui ne sont pas prévus par le règlement européen. Des prélèvements sont effectués deux fois par an pendant toute la durée de commercialisation du détecteur, en usine et en magasin. Ce n’est pas infaillible puisque Fare a dû rappeler son détecteur Vesta NF l’été dernier. Néanmoins, les fabricants sont contraints de veiller au maintien de la qualité. NF limite dès lors sérieusement les risques.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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