Élisabeth Chesnais
Détecteur de fuméeBien choisir son détecteur de fumée
Destinés à alerter les dormeurs si un incendie se déclenche la nuit, les détecteurs de fumée doivent être parfaitement fiables. Obligatoires depuis le 8 mars 2015, on entend et on lit pourtant tout et son contraire à propos des détecteurs de fumée. Que Choisir fait le point et livre ses conseils pour bien acheter.
Marquage CE et marque NF
Les fidèles lecteurs de Que Choisir savent que nous n’accordons aucune confiance au marquage CE, qui est une simple autodéclaration du fabricant. Il affirme ainsi que son produit est conforme aux exigences de sécurité, mais aucune vérification de sa fabrication par un tiers n’est imposée.
Les détecteurs de fumée sont pourtant l’exception qui confirme la règle. Pour porter le marquage CE, ils doivent être conformes à la norme européenne EN 14 604. Cette conformité est vérifiée en usine par un laboratoire agréé indépendant, qui contrôle et prélève en sortie de fabrication. Pour une fois, le marquage CE ressemble à la marque NF.
Pourtant il n’est pas aussi sûr. La marque NF impose des exigences supplémentaires. Elle exige des prélèvements deux fois par an pendant toute la durée de commercialisation du détecteur, en usine et en magasin. C’est une garantie qui limite sérieusement les risques de non-conformité.
Car si le marquage CE est a priori rassurant, il ne met pas à l’abri des mauvaises surprises, comme le prouve le test réalisé par Que Choisir : sur les 24 détecteurs de fumée testés, 4 reçoivent la mention « ne pas acheter » et l’UFC-Que Choisir attaque 3 fabricants et importateurs pour pratiques commerciales trompeuses.
Des options pas toujours utiles
Un même modèle se décline souvent sous plusieurs références et à des prix différents. Les performances sont identiques, c’est une question de fonction supplémentaire, utile ou pas selon les logements et les modes de vie.
La mise en sourdine temporaire. Encore appelée fonction silence, cette option permet de désactiver le détecteur pendant une courte durée, en général 10 minutes. Il se réenclenche automatiquement. Nécessaire ou pas ? À chacun d’y réfléchir selon son mode vie. Pour Que Choisir, c’est surtout un argument marketing car cette fonction n’empêchera pas le détecteur de se déclencher dans une atmosphère enfumée.
L’interconnexion. Un détecteur interconnectable peut être relié à d’autres. Ils se déclencheront tous en même temps. Selon les modèles, la liaison se fait avec ou sans fils électriques. Cette option peut avoir un intérêt dans de grands logements à plusieurs niveaux de couchage.
L’utilisation dans une caravane. Il n’y a pas de différence de conception entre un détecteur de fumée étiqueté « peut être installé dans une caravane » et un autre qui ne l’est pas. En revanche, pour avoir le droit d’apposer cette mention, le fabricant doit soumettre son appareil à un test optionnel de la norme européenne. Le détecteur subit des cycles chauds et froids en alternance pour prouver qu’il supporte les différences de température, l’isolation thermique d’une caravane étant moindre que dans un logement.
La garantie
La garantie est variable, elle est en général de 5 ans lorsque la durée de vie de la pile annoncée est de 5 ans.
La durée de vie de la pile
Tous les détecteurs sont fournis avec pile. Sa durée de vie annoncée est de 1 an si c’est une pile alcaline, 5 ans si c’est une pile lithium. Dans tous les cas, une alarme se déclenche quand la pile approche de la fin de charge, il faut alors la changer sans attendre.
Quelques détecteurs disposent d’une pile qui dure 10 ans, mais elle ne se change pas. Quand elle est déchargée, il faut racheter un détecteur et pas seulement une pile.
Attention, ne pas confondre
À côté des détecteurs de fumée, il existe des détecteurs de monoxyde de carbone. Les deux appareils sont commercialisés dans les mêmes rayons en magasin et quand il s’agit de la même marque, leurs emballages se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Gare à la confusion.
Les détecteurs de fumée alertent en cas d’incendie.
Les détecteurs de monoxyde de carbone alertent si un appareil à combustion (chauffage d’appoint, poêle, insert, chaudière…) refoule du monoxyde de carbone, un gaz incolore et inodore mais mortel, dans la pièce.
Attention, il existe des détecteurs double fonction, qui sont à la fois détecteur de fumée et détecteur de monoxyde de carbone. Que Choisir les déconseille, il est impossible de trouver l’emplacement idéal qui convienne aux deux détections. Le détecteur de monoxyde de carbone doit être à proximité de l’appareil à combustion pour une efficacité maximale, et le détecteur de fumée à proximité des chambres.
Il existe aussi des détecteurs de chaleur : cet achat est inutile puisque s’équiper d’un détecteur de fumée va devenir obligatoire.
Détecteurs de fumée : des changements depuis mars 2014
Qui doit l'installer ?
Depuis le décret du 10 janvier 2011 et jusqu’au printemps 2014, c’était à l’occupant du logement d’installer le détecteur et d’en assurer l’entretien, qu’il soit locataire ou propriétaire. Les seules exceptions concernaient les locations saisonnières, les logements meublés, les logements de fonction et les foyers-logements, où c’était alors au propriétaire d’installer le détecteur de fumée. Vous pouvez consulter notre vidéo pour connaître les différentes étapes pour installer un détecteur de fumée.
Changement depuis la loi Alur
Mais la loi Alur (loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové) du 24 mars 2014 a changé la donne. Désormais, c’est au propriétaire d’équiper le ou les logements qu’il met en location.
Dans les locations en cours, le propriétaire bailleur est tenu de fournir le détecteur de fumée au locataire ou de lui en rembourser l’achat.
Qui doit l’entretenir ?
C’est à l’occupant du logement, donc cette fois au locataire s’il s’agit d’un logement loué, d’entretenir le détecteur de fumée, de changer les piles et de le remplacer si besoin le jour où il ne fonctionne plus.
Il y a cependant quelques exceptions. Dans les locations saisonnières, les logements meublés, les logements de fonction et les foyers-logements, c’est au propriétaire d’entretenir le détecteur de fumée.
Le point sur les questions les plus fréquentes
Quel est le prix d’un bon détecteur de fumée ?
Que Choisir déconseille le bas de gamme à 4, 5 ou 6 €. À ces tarifs-là, il est peu probable que les contrôles soient suffisamment rigoureux sur le site de production.
Un bon détecteur vaut entre 10 et 20 €, le prix peut monter jusqu’à 30 € avec une pile qui dure 10 ans. Mais plus, ce n’est jamais justifié.
Les prix que vous donnez ne sont pas les bons, pourquoi ?
Nous donnons les prix auxquels nous avons acheté les produits. Mais les détecteurs de fumée recommandés par Que Choisir se vendent très bien, les distributeurs, certains en tout cas, en profitent alors pour remonter leurs prix et augmenter leur marge.
Un détecteur de fumée connecté, est-ce utile ?
Non, c’est 100 % gadget pour un détecteur de fumée. Son unique fonction est en effet de réveiller la nuit. Son alarme suffit, être prévenu par son téléphone n’apporte rien.
Le détecteur Elro RM144C vendu par Leroy Merlin ne serait pas celui que vous avez testé et déclaré non conforme, est-ce vrai ?
C’est faux. Malheureusement c’est bien lui. Prétendre que l’Elro RM144C est fiable et refuser son échange ou son remboursement, c’est totalement irresponsable.
Qu’est-ce que je risque si je ne suis pas équipé le 8 mars ?
La loi n’a prévu aucune sanction. En cas d’incendie, votre assureur ne peut pas refuser de vous rembourser parce que vous ne seriez pas équipé.