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OGM

Apiculteurs contre Monsanto

Face à la montée des OGM qui menace leur activité de disparition pure et simple, les apiculteurs sont à bout. Un groupe de 17 organisations apicoles, agricoles et environnementales vient donc de lancer une pétition qui demande la suspension immédiate de la culture du maïs OGM Monsanto en Europe.  David contre Goliath ou pot de fer contre pot de terre ?

Depuis plusieurs années, les apiculteurs n’ont de cesse d’alerter les pouvoirs publics sur l’impossible coexistence des cultures transgéniques et de la production de miel. Une récente décision de la Cour de justice européenne (CJE) apporte de l’eau à leur moulin. Elle fait suite à une plainte d’un apiculteur allemand contre le Land de Bavière qui avait autorisé la plantation d’une parcelle expérimentale de maïs OGM Mon810 à moins de 500 mètres de ses ruches. Interrogée par la justice allemande sur la nature du préjudice le 6 septembre dernier, la CJE a conclu que, dans l’état actuel de la réglementation européenne, du miel contenant des traces de pollen issu de plantes transgéniques ne pouvait être commercialisé, faute d’autorisation spécifique. Une décision lourde de conséquences pour toute la profession. « Ce sont toutes les productions apicoles situées dans un rayon de 10 km d’un champ d’OGM qui sont menacées », s’insurgent, dans un communiqué,  les 17 organisations unies pour la défense de l’apiculture. Elles viennent de lancer une pétition exigeant la suspension immédiate de la culture en plein champ du maïs OGM Monsanto en Europe.

Lobbying européen

Saisie du problème, la Commission européenne doit présenter ses propositions concernant l’interdiction d’OGM dans le miel le 12 décembre prochain. De leur côté, les producteurs de maïs transgénique ne restent pas inactifs et à Bruxelles, les tractations vont bon train pour essayer de contourner la décision de la CJE. L’objectif serait de faire évoluer la réglementation en autorisant notamment la présence en faible quantité de pollen transgénique dans le miel. « Même si le pollen issu de maïs OGM est présent dans le miel à l’état de traces, il sera mentionné dans la liste des ingrédients. Car le pourcentage de pollen transgénique n’est pas calculé sur le miel total mais sur le pollen contenu dans le miel. Il devrait donc dépasser le seuil limite de 0,9 %, au-delà duquel il doit être étiqueté », s’inquiète Jean-Marie Sirvins, vice-président de l’Union nationale de l’apiculture française. De quoi écorner sérieusement l’image de ce produit santé « 100 % naturel ».

Coup fatal

« Les consommateurs européens ne veulent pas d’OGM dans le miel », argumentent  les pétitionnaires, dont le réseau France Environnement, les Amis de la Terre et Greenpeace. Leur autorisation risquerait de porter un coup fatal à toute la filière, au point de mettre en cause la présence même des abeilles dans nos campagnes. Sans apiculteurs, elles seraient rapidement menacées de disparition, face à l’emploi massif, entre autres, de pesticides. « L’abeille est un élément indispensable de l’environnement et un atout incontournable pour la biodiversité », rappellent-ils.

Jusqu’ici, le miel produit dans l’hexagone n’était pas concerné, le gouvernement ayant suspendu la  culture du maïs OGM Mon810 sur tout le territoire. Toutefois, l’annulation par le Conseil d’État, le 28 novembre dernier, de la clause de sauvegarde prise par la France relance le débat. Le risque de pollution du miel pourrait fournir un argument de poids aux pouvoirs publics qui maintient son opposition à la culture du maïs OGM de Monsanto.

Florence Humbert

Florence Humbert

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