ACTION UFC-QUE CHOISIR
Pièces de carrosserie

L’ouverture du marché proposée avec autorité

Un an après que les membres de la plateforme « libère mon auto » aient dénoncé le monopole des constructeurs sur les pièces de carrosserie, l’Autorité de la concurrence vient officiellement confirmer leur constat : le marché de l’entretien et de la réparation automobile est, en France, sérieusement entravé par les constructeurs automobiles.

La France est le dernier grand marché automobile européen à appliquer le monopole sur la vente de pièces de carrosserie, ce qui signifie que le consommateur n’a ni la possibilité d’acheter des pièces « constructeurs » dans des réseaux de distribution indépendants, ni accès à des pièces alternatives fabriquées et distribuées par des indépendants. Les constructeurs sont donc en mesure de contrôler le marché, ce qui se traduit par des prix bien plus élevés pour les consommateurs. En Europe et aux Etats-Unis, cette protection aurait pour effet « d'augmenter le prix des pièces visibles de 6 à 15% environ par rapport aux pays dans lesquels elle n'existe pas ».

En France, le dérapage des prix est bien plus dramatique. Ils ont augmenté de 32% entre 2001 et 2010 alors que durant la même période, les prix à la consommation n’ont varié que de 15,7%. Et malgré l’engagement donné par les constructeurs -lors des discussions relatives au projet de loi consommation en septembre 2011- d’une modération des prix, leurs tarifs ont augmenté au cours des 12 derniers mois deux fois plus vite que l’inflation.

L’ouverture à la concurrence du marché des pièces de carrosserie pourrait permettre de contenir les prix des constructeurs mais aussi offrirait la possibilité au consommateur de choisir des pièces alternatives moins chères. Le gain pour le consommateur ne serait pas négligeable puisque comme le montre une étude de l’UFC-Que Choisir, les consommateurs faisant ce choix paient en moyenne 35,5% moins cher en Allemagne (par rapport aux prix catalogue des constructeurs), 33,5% en Belgique et 33,9% en Espagne.

Pour leur défense, les constructeurs usent et abusent de l’argument « tarte à la crème » de l’emploi arguant de délocalisations massives. Cet argument ne tient pas. D’une part, le monopole n’a pas empêché l’hémorragie intervenue en France chez les constructeurs et leurs sous-traitants : 60% d’emplois en moins en trente ans, soit 190 000 postes supprimés en France chez les seuls constructeurs. Les pièces produites en France, n’équipent que 20% du total des véhicules neufs. Le reste, et notamment les pièces destinées à la réparation du parc en circulation, est massivement fabriqué à l’étranger et hors Union Européenne (Turquie, Argentine, Brésil, Corée, Chine…) comme l’attestent les étiquettes d’importation qui figurent sur les emballages de ces pièces.

D’autre part, l’industrie automobile ne se limite pas aux seuls constructeurs. En effet, au-delà des constructeurs qui délocalisent une part sans cesse croissante de leur production dans des pays à bas coût, la filière automobile comprend un grand nombre de sous-traitants français et européens, souvent des PME, dont les activités sont particulièrement restreintes par le monopole. Par conséquent, autoriser les équipementiers à commercialiser librement leurs produits permettrait, au contraire, de maintenir et développer des lignes de production spécialement dédiées à la rechange, y compris pour les productions « françaises » délocalisées et étrangères, notamment les véhicules importés d’Asie.

La suppression du monopole profitera donc aux consommateurs et à la filière automobile française. Ce que la plateforme soutiendra, chiffres à l’appui, dans la consultation qui s’ouvre aujourd’hui.

De plus, alors que l’emploi et le pouvoir d’achat sont les thématiques prioritaires pour les français dans la campagne présidentielle, les membres de la plateforme « libère mon auto » demandent donc aux candidats à l’élection présidentielle, à la suite du diagnostic de l’Autorité, de se déterminer clairement sur l’ouverture du marché français des pièces détachées.

*(1) Etude SRA N°83-avril 2012

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