Manque de transparence

Avant d’acheter un produit électronique ou électroménager, le réflexe presque automatique est de passer par un comparateur de prix sur Internet. Ces sites proposent en effet de rechercher une référence précise chez les cyber-marchands et de comparer les tarifs afin que l’internaute puisse choisir la meilleure offre.

Mais depuis bien longtemps, dans « Que Choisir » et d’autres publications, les mises en garde sont légion. Les comparateurs ne sont pas des outils objectifs qui proposent aux internautes des informations exhaustives.

Un récent arrêt de la cour d’appel de Grenoble⁽¹⁾ confirme sans ambiguïté la vraie nature des comparateurs qui sont assimilés à des sites publicitaires. Dans une affaire qui opposait Kelkoo (un des premiers comparateurs) à un site d’e-commerce, les juges ont fait la liste de tous les griefs que l’on peut reprocher à Kelkoo, et par extension à tout comparateur de prix :

- pas de mise à jour en temps réel des prix ;

- pas d’indication des périodes de validité des offres ;

- pas d’indication des frais de port ;

- pas d’indication des conditions de garantie des produits ;

- pas d’indication des caractéristiques principales des produits.

À cette liste de la cour d’appel, peuvent être ajoutées d’autres carences :

- une présentation des produits intéressée afin de valoriser les produits des partenaires plutôt que ceux s’avérant les plus intéressants économiquement ;

- des insertions de produits dans les listes de résultats ne correspondant pas à la demande.

La vraie nature des comparateurs de prix

Autant de lacunes qui induisent les consommateurs en erreur quand ils pensent s’adresser à un comparateur présentant les articles de manière transparente. Et surtout, ce mode de fonctionnement des comparateurs peut inciter les acheteurs à privilégier un site apparemment moins cher au détriment d’autres réellement plus intéressants. Dans un récent article, nous en faisions la démonstration : en recherchant un appareil photo précis, les prix présentés sur le comparateur étaient très différents car les sites les moins chers proposaient l’appareil photo sans l’objectif, mais sans préciser cette omission. Ces sites étaient donc artificiellement moins chers que d’autres qui proposaient le même appareil équipé de l’objectif standard (voir l’article).

Pour qu’aucun doute ne soit possible sur la nature et le modèle économique des comparateurs de prix, la cour d’appel précise : « La présentation des offres n’est pas objective car elle est effectuée par les marchands qui font la promotion de leurs produits. Par ailleurs, la diffusion de l’information est conditionnée par l’existence d’un contrat entre les vendeurs et Kelkoo qui est rémunéré par eux. »

(1) Cour d’appel de Grenoble, Chambre commerciale, arrêt du 21 octobre 2010. Cette décision fait l’objet d’un pourvoi en cassation.