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Conflits d’intérêts des médecins

Le site officiel incomplet

Votre médecin a-t-il déjeuné aux frais d’un laboratoire pharmaceutique ? Combien a coûté le repas ? Vous trouverez l’information sur le site Transparence.sante.gouv.fr. Mais pour savoir s’il intervient comme expert contre rémunération dans des congrès, ou combien est rémunérée sa participation à un essai clinique, vous repasserez !

La transparence des liens entre médecins et laboratoires est une nécessité absolue, les récents scandales autour du médicament l’ont montré et l’UFC-Que Choisir dénonce régulièrement les conflits d’intérêts entre professionnels de santé et industrie pharmaceutique. Depuis hier, il y a un léger mieux. Le site Transparence Santé, édité sous l’égide du ministère de la Santé, répertorie les avantages versés par les industriels de la santé (laboratoires pharmaceutiques, industrie cosmétique, fabricants de dispositifs médicaux, etc.) non seulement aux médecins, mais à l’ensemble des professionnels de santé, aux étudiants, aux hôpitaux, aux cliniques, associations de patients, etc. Par rapport aux données publiées depuis octobre 2013 sous la responsabilité de l’Ordre des médecins, notamment, c’est un progrès, car les informations sont plus lisibles, et il est possible de faire une recherche multicritères.

Mais il manque toujours l’essentiel : certes, l’existence de conventions de recherche – ces accords qui formalisent la participation à une recherche ou à un essai clinique – est mentionnée, mais leur montant n’est pas précisé. Or les sommes s’élèvent à des dizaines de milliers d’euros, et scellent des liens forts entre les industriels et les médecins.

Plus grave encore, les conventions commerciales – c’est-à-dire les contrats prévoyant une rémunération en contrepartie d’une intervention lors d’un colloque ou d’un congrès – sont totalement passées sous silence. Or elles représentent des montants très importants, et sont l’occasion pour les industriels de nouer des relations privilégiées, d’employeur à employé, avec les médecins.

Au final, on peut savoir si un médecin généraliste a déjeuné pour 18 € trois fois dans l’année aux frais d’un labo, mais pas si un grand chef de service hospitalier a négocié chèrement sa renommée contre une allocution. Lors de la présentation du site, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a été interrogée sur ce point, et n’a pas exclu d’élargir le champ des obligations par la loi.

Capture d'écran du site transparence santé
Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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