L’UFC-Que Choisir participe à la campagne européenne des associations de consommateurs
À l’occasion de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, l’UFC-Que Choisir au côté des associations de consommateurs européennes réunies au sein du BEUC, demande aux autorités européennes de renforcer la réglementation sur l’utilisation des antibiotiques dans les élevages, afin de préserver sur le long terme leur efficacité en médecine humaine.
Chaque année en Europe, les bactéries résistantes aux antibiotiques sont à l’origine de 25.000 décès. La sur-utilisation des antibiotiques dans les élevages y contribue du fait de la propagation de bactéries résistantes par les déjections animales, par le personnel au contact des animaux ou par la viande. Pourtant malgré les appels réitérés de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (1), ni les professionnels, ni les États européens n’ont su dans leur grande majorité, prendre des mesures à la hauteur de l’urgence sanitaire.
Une utilisation irresponsable des antibiotiques en élevage : l’OMS (2) révèle qu’en Europe la majeure partie des antibiotiques est destinée non pas à la médecine humaine … mais à la médecine vétérinaire. La France figure avec l’Allemagne en tête de ce triste palmarès avec respectivement 63 % et 68 % du tonnage global d’antibiotiques utilisés pour les animaux ! Quant aux antibiotiques de dernière génération, le fait qu’ils soient utilisés en derniers recours en médecine humaine, exigerait qu’ils soient interdits dans les élevages. Pourtant, mis à part le Danemark, les autres Etats membres continuent à les autoriser, à l’instar de la France qui a vu en 15 ans leur utilisation multipliée par deux (3) !
Des vétérinaires incités à vendre : l’Agence Européenne des Médicaments dénonce le fait que la vente d’antibiotiques contribue à la rémunération des vétérinaires, car elle incite à la surconsommation d’antibiotiques. Mais alors que le Danemark, l’Espagne ou le Portugal ont interdit ou limité cette pratique, les autres pays d’Europe, dont la France, continuent à l’autoriser.
Jusqu’à 98 % de viandes contaminées par des bactéries résistantes : conséquences de ces errements, les tests réalisés par les associations de consommateurs en Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Pays-Bas et Portugal ont révélé : que 72% à 98% des viandes de volailles analysées étaient porteuses de bactéries résistantes. Plus grave, les analyses réalisées en France par l’UFC-Que Choisir ont montré que 61 % des viandes infectées étaient fortement contaminées par des ‘superbactéries’ résistantes à plusieurs antibiotiques !
Alors que la Commission Européenne vient de transmettre au Parlement deux projets de règlements sur les médicaments vétérinaires dont les dispositions sur les antibiotiques sont largement insuffisantes, l’UFC-Que Choisir et les associations européennes exhortent les parlementaires européens à encadrer plus strictement leur utilisation dans les élevages et demandent notamment :
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Une forte limitation de l’utilisation à titre préventif des antibiotiques d’usage courant,
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Une interdiction d’administrer aux animaux, les antibiotiques de dernier recours en médecine humaine,
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Le découplage entre la prescription des antibiotiques qui reste à la charge des vétérinaires et la vente de ces molécules qui doit être réservée aux seuls pharmaciens.
(1)’Informations destinées aux agriculteurs, aux vétérinaires et aux autorités vétérinaires ou de sécurité sanitaire des aliments’ - avril 2011 - ‘Résistance aux antimicrobiens’ - Aide-mémoire N°194 - Mai 2014
(2)‘Tackling antibiotic resistance from a food safety perspective in Europe’ – WHO/OMS – 2011
(3) Suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en France en 2013 - ANSES - Octobre 2014