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Agriculture

Sans pesticides, c’est possible

L’Inra a mis en place une expérimentation mettant en parallèle des parcelles cultivées selon des méthodes intensives et des parcelles cultivées sans recours aux herbicides. Conclusion : cultiver sans pesticides ou presque, sans pour autant faire chuter les rendements, c’est possible.

Depuis plusieurs décennies, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent dans le monde agricole pour affirmer qu’une agriculture sans herbicides est possible tout en conservant des niveaux qualitatifs et des rendements compatibles avec la rentabilité d’une exploitation. Les résultats d’une expérimentation menée par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Dijon dans la station expérimentale d’Époisses, en Bourgogne, viennent de leur donner raison.

Parallèlement à une parcelle de référence conduite selon les méthodes intensives traditionnelles (travail des sols et traitements herbicides), cinq autres parcelles ont été conduites pendant 10 ans selon différents protocoles de protection intégrée : sans labour, sans désherbage mécanique, etc.   L’objectif : maîtriser la prolifération des adventices (le joli nom scientifique des « mauvaises herbes ») et les utiliser pour renforcer les défenses des plantations exogènes. L’efficacité de la lutte intégrée résulte de la combinaison d’un travail raisonné du sol, d’une adaptation des dates de semis des cultures et surtout d’une diversification de l’ensemencement des parcelles au cours du cycle annuel avec des variétés de printemps qui freinent le développement des plantes indésirables. Au fond, un cocktail de méthodes ancestrales que maîtrisaient les anciennes générations, quand le tout chimique n’existait pas !

Et au bout de 10 ans le résultat est là, sous les yeux incrédules de nombreux agriculteurs venus visiter la station, où des champs de blé cohabitent avec des coquelicots retrouvés, des pieds de chardons  et des liserons. Seulement voilà, ce qui est possible à l’échelle expérimentale, ne l’est pas forcément à grande échelle. La principale contrainte de la lutte intégrée réside dans la diversification des plantations et le recours à des cultures alternatives pour lesquelles les débouchés commerciaux ne sont pas forcément assurés. « Si l’on veut réduire la dépendance aux pesticides, une réorganisation des filières et des marchés, une responsabilisation des bassins de production, des coopératives de collecte sont nécessaires pour accompagner cette diversification », souligne Nicolas Munier-Jolain, de l’Inra. Pas gagné !

Florence Humbert

Florence Humbert

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