Anne-Sophie Stamane
Les recommandations sévères de l’OMS
« Danger pour la santé publique », « menace sérieuse pour l’adolescent et le fœtus » : le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est sévère pour la cigarette électronique. Les bénéfices pour les fumeurs sont relativisés et les risques pour l’entourage soulignés.
La cigarette électronique ne cesse d’étendre son influence chez les fumeurs. La déferlante, dans tous les pays, a contraint l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à se positionner une nouvelle fois, après un premier avis très circonspect en 2008. À quelques semaines d’une réunion sur la lutte antitabac, elle vient de publier ses recommandations aux États. Et elles sont très prudentes. L’OMS conseille d’interdire la vente des cigarettes électroniques aux mineurs, d’alerter enfants, adolescents et femmes enceintes sur les dangers de la nicotine pour le développement du cerveau, et enfin, de bannir la cigarette électronique des lieux publics fermés. Elle préconise aussi d’empêcher les industriels d’utiliser des arômes sucrés, fruités ou imitant l’alcool. En France, la vente aux mineurs est déjà interdite, mais son éviction des lieux publics n’est pas encore officiellement tranchée.
Dans son argumentaire, l’OMS souligne l’absence de preuve d’efficacité dans le sevrage tabagique et plaide pour d’autres alternatives que sont les traitements « approuvés », comme les substituts nicotiniques. Ces produits n’ont pourtant, jusque-là, montré qu’un impact anecdotique sur l’arrêt du tabac. Est aussi mise en avant l’émission de toxiques, de nicotine et de particules fines par la cigarette électronique, qui, bien que nettement moindre qu’avec une cigarette classique, pourrait être préjudiciable aussi bien au vapoteur qu’à son entourage. Dernier point, l’OMS craint que la cigarette électronique, qui perpétue la gestuelle tabagique, ne minimise les politiques antitabac.
Au final, l’OMS insiste sur les dangers pour les non-fumeurs plutôt que sur la réduction des dommages pour les fumeurs, au risque de favoriser la cigarette classique. Cette posture critique n’a pas manqué de faire réagir les partisans de la cigarette électronique. Le Pr Jean-François Etter estime que le rapport de l’OMS entrave le développement d’alternatives plus sûres à la cigarette classique, et l’Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique (Aiduce) estime que l’avis de l’OMS « ne sert que les intérêts des industries » du tabac et du médicament.