Arnaud Murati
Sur la ligne de départ
Le ministère de la Transition écologique a publié toutes les modalités d’application du contrôle technique de la catégorie L, qui regroupe les engins à deux et trois roues ainsi que les voiturettes. Le freinage ne sera l’objet d’aucune évaluation d’efficacité, et les mesures de bruit sont reportées à 2025.
À compter du 15 avril 2024, les véhicules de la catégorie L immatriculés avant 2017 – une immense majorité des deux-roues – devront faire l’objet d’un contrôle technique périodique. Le gouvernement a en effet publié les décrets et arrêtés nécessaires à la réalisation de ce contrôle légal qui devra être effectué tous les 3 ans, 5 ans après la mise en circulation d’un engin neuf. Seules les motos d’enduro et de trial, même immatriculées, seront exemptées de contrôle technique.
Si les véhicules antérieurs à 2017 devront être vérifiés dès l’an prochain, le calendrier intégral est le suivant : les motos immatriculées entre 2017 et 2019 devront visiter un centre en 2025. Celles mises en circulation entre 2020 et 2021 seront inspectées en 2026, tandis que pour les engins immatriculés à partir de 2022, la législation « normale » s’appliquera : il s’agira de faire l’objet d’une visite en 2027. En outre, à l’instar de ce qui est instauré pour le contrôle des voitures, toute vente d’engin devra être accompagnée d’un rapport de contrôle valide daté de moins de 6 mois.
Avec manipulation du propriétaire
Les conditions de réalisation du contrôle n’apportent guère de surprise, si ce n’est que le propriétaire de la moto à vérifier pourra être amené à manipuler lui-même sa machine dans la zone d’inspection « à l’invitation du contrôleur », précise l’arrêté. Le contenu du contrôle porte sur des éléments déjà vus sur les voitures : identification, contrôle des pneus, de la direction… et du freinage. L’état des disques, plaquettes et autres tambours sera vérifié visuellement. La bonne santé du liquide de freins sera elle aussi évaluée, toute pollution de celui-ci aboutissant à une contre-visite. En revanche, pas de mesure de l’efficacité du freinage ! « Pour les voitures sans permis et autres voiturettes qui travaillent dans les espaces verts ou ailleurs, c’est un peu gênant », fait remarquer Bernard Bourrier, le PDG du réseau Autovision. Outre cet « oubli » concernant le freinage, il faut savoir que le niveau sonore ne sera pas contrôlé avant 2025, non plus que le respect de la vitesse maximale pour les 50 cm3 : « Il faut encore développer un sonomètre adapté, c’est peu ou prou la même situation pour le contrôle de la vitesse », indique encore le président d’Autovision. En attendant que les outils de mesure soient prêts, les contrôles de niveau sonore et de vitesse maximale n’auront pas lieu l’an prochain.
Instauré dans la douleur et après des années de polémique, ce contrôle technique moto suscite plus que jamais l’ire de la Fédération française des motards en colère (FFMC) : « C’est donc une fin de non-recevoir pour les motards qui auraient pu espérer encore éviter ce contrôle technique aussi inutile que coûteux […] À ce stade, la FFMC étudie tous les recours possibles, dont le boycott de la mesure », fait savoir la fédération.
Les prix du contrôle technique sont libres en France ; celui des deux-roues ne devrait pas dépasser 50 €.