Anne-Sophie Stamane
Les dépassements dans le collimateur
Plus des deux tiers des kinésithérapeutes parisiens facturent des dépassements d’honoraires, de l’ordre de 5 à 8 € en moyenne. Pas sur tous leurs actes, puisque au total, la moitié des actes réalisés le sont sans dépassement. Reste que, sauf exception, ces dépassements sont illégaux. L’assurance maladie de Paris demande de la modération.
Grand ménage en cours chez les kinésithérapeutes parisiens ! La Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de Paris est passée à l’offensive pour modérer les dépassements d’honoraires sur les séances de kiné à Paris. Sauf exception, ces derniers sont, règlementairement, interdits. Seules des exigences particulières, comme un rendez-vous en dehors des horaires du cabinet ou une intervention à domicile non justifiée, peuvent occasionner un supplément. Or la sécu a constaté que plus des deux tiers des kinésithérapeutes parisiens facturaient des dépassements, et que le montant moyen du dépassement avait augmenté depuis 2015. Notre enquête satisfaction, en 2015, avait mis en évidence ce phénomène.
Concrètement, 800 gros « dépasseurs » ont reçu un courrier analysant leur pratique tarifaire et les incitant à revoir leurs habitudes. Les 50 kinésithérapeutes qui facturent les dépassements les plus élevés se voient, eux, appliquer la procédure conventionnelle. Si d’ici au mois d’octobre ils n’ont pas modifié leurs tarifs, ils pourraient se voir infliger des sanctions.
Côté kinésithérapeutes, l’opération menée par l’assurance maladie de Paris est mal vécue. Ils relativisent l’ampleur du problème en faisant remarquer que, si la majorité des kinés appliquent des dépassements, plus de la moitié des actes, au total, sont réalisés au tarif sécu. « En plus, si un kiné veut installer un vélo ergonomique et avoir un peu de matériel de rééducation, il faut de la place, or à Paris, l’immobilier coûte cher. Si on respecte les tarifs opposables, on n’a pas les moyens de s’équiper et on sacrifie la qualité des soins », explique Ludwig Serre, représentant à Paris de la fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR).
Les arguments des syndicats ne sont pas forcément infondés, même si une étude chiffrée approfondie serait bienvenue pour les confirmer. Mais pour les usagers, les dépassements ont de quoi surprendre. D’abord parce que le site de l’assurance maladie qui répertorie les professionnels précise bien qu’ils sont conventionnés. Difficile de deviner qu’un dépassement sera appliqué ! Ensuite parce que les séances de kinésithérapie sont souvent prescrites par série de 10 ou 20, voire plus, et qu’au total, la facture peut être salée. Les kinésithérapeutes assurent que la majorité des mutuelles remboursent le reste à charge, mais l’expérience montre que ce n’est pas le cas de toutes.