Arnaud de Blauwe
Trop d’irrégularités
Une nouvelle fois, les inspecteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ne sont pas revenus bredouilles de leurs visites dans les maisons de retraite. Dans une majorité d’entre elles, ils ont pu établir une liste plus ou moins longue de manquements à la réglementation.
Près de 1 900 € : c’est le coût mensuel moyen pour un hébergement en maison de retraite où des pratiques contestables persistent. Après avoir visité 331 établissements en 2012, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a récemment rendu public un bilan. Publicité mensongère, affichage des prix incomplet, augmentation de tarifs inconsidérée… des irrégularités ont été constatées dans la majorité des maisons de retraite enquêtées. Au total, 178 avertissements ont été dressés.
En regardant de près les contrats, les inspecteurs ont également découvert une série de clauses abusives. Par exemple, nombre d’établissements facturent des frais de remise en état de la chambre après le départ de la personne âgée. Des frais qui, selon la DGCCRF, peuvent représenter l’équivalent de 2 à 10 journées d’hébergement. Il y a 5 ans, diverses clauses trop déséquilibrées pour le consommateur avaient déjà été mises au jour par la Commission des clauses abusives. Visiblement, les leçons n’ont toujours pas été tirées par les gestionnaires de maisons de retraite…
Et encore, ces différents bilans ne disent pas tout ! Dans le cadre d’une enquête en cours sur les urgences hospitalières, qui sera publiée dans Que Choisir d’ici quelques semaines, de nombreux médecins dénoncent le comportement d’établissements qui n’hésitent pas à leur adresser leurs résidents dès que leur état de santé se dégrade. « Cela arrive même dans les maisons qui sont pourtant médicalisées », indique un urgentiste. « La tactique est simple, décrit un autre. Quand une personne âgée se sent mal, plutôt que de faire venir un médecin, l’encadrement appelle les pompiers. Elle se retrouve alors aux urgences, où ce n’est vraiment pas sa place. »
Autre dérive : des frais imputés à tort aux familles après le décès du résident. En principe, lorsqu’une maison de retraite prend l’initiative de transférer le corps dans un funérarium, elle doit prendre à sa charge les trois premiers jours. En réalité, les familles n’arrivent pas toujours à obtenir le remboursement des sommes versées à ce titre aux pompes funèbres. Elles peuvent pourtant s’élever à plusieurs centaines d’euros.