ACTUALITÉ
Pesticides

Une alerte à bon escient

Tirer la sonnette d'alarme sur la contamination trop élevée du raisin par des résidus de pesticides ne constitue pas du dénigrement. C'est ce que vient de décider le TGI de Paris en déboutant les producteurs.

La cure de raisin est à la mode. Pourtant, les résultats des analyses menées en novembre 2008 par le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) ne donnaient guère envie de s'y adonner. Pas un seul échantillon exempt de pesticides sur vingt-cinq testés, plus de 8 molécules différentes en moyenne sur une même grappe et jusqu'à 16 pour la plus contaminée, 4 références présentant des dépassements de limites maximales de résidus - qui n'auraient donc pas dû être vendues -, un insecticide neurotoxique mesuré à une teneur 59 fois plus élevée que le seuil réglementaire, trois pesticides interdits... de quoi détourner l'amateur le plus fervent.

De quoi susciter aussi l'ire de la Fédération nationale des producteurs de raisin de table. Pour cette organisation professionnelle, les analyses étaient satisfaisantes pour le raisin produit en France - une minorité de ceux testés, puisque nous avons largement recours à l'importation, notamment d'Italie. En réalité, si aucun pesticide interdit n'avait été retrouvé dans les grappes françaises, elles étaient tout aussi lourdement chargées en insecticides, herbicides et autres fongicides que leurs homologues importées. Tout de même, pour la Fédération, cette étude et sa médiatisation ont « injustement nui au raisin de table produit en France et porté atteinte à l'image et à l'activité de la filière ». D'où une action en justice contre le MDRGF avec à la clé une demande de dommage et intérêts de... 500 000 euros, pas moins !

Une demande qui n'avait pas lieu d'être, a estimé le tribunal de grande instance de Paris. Selon les magistrats (1), l'association n'a pas abusé de façon fautive de sa liberté d'expression, elle a parfaitement le droit de parler de « pesticides et de contamination », sa méthodologie a été bien détaillée et les résultats ont été présentés sans dénaturation. Plus inhabituel, le juge a condamné le demandeur pour procédure abusive, estimant que la Fédération avait outrepassé son droit d'agir en justice, notamment parce que la date de publication des résultats correspondait à la fin de la saison de distribution du raisin de table.

À noter que quelques mois avant l'étude du MDRGF, nos propres analyses (« Les raisins n'ont pas la patate », « Que Choisir » de février 2008) dressaient un tableau similaire. Si aucun raisin bio ne présentait de pesticides de synthèse (conformément à la réglementation), tous les conventionnels en contenaient de 2 à... 13, les trois quarts accumulant 5 résidus ou plus. Or, l'effet sur la santé d'un « cocktail » de résidus ingérés en même temps n'est toujours pas évalué.

1 - La version écrite du jugement n'étant pas encore disponible, les informations sur son contenu ont été communiquées par le MDRGF.

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