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L’indium, le nouveau placement miracle ?

L’indium est un métal employé pour la fabrication des écrans tactiles. Il est actuellement présenté comme un placement miracle par des courtiers en ligne, qui oublient de préciser quelques points importants.

Au début des années 2000, l’indium n’intéresse pas grand monde. Présent dans les gisements de zinc ou d’or en faible quantité, il est utilisé en alliage par l’industrie électronique. Les cours sont inférieurs à 100 dollars le kilo. L’indium a une particularité, il est à la fois très bon conducteur d’électricité et transparent en fine couche. Amusant, sans plus. Jusqu’à la généralisation des écrans LCD et de leurs électrodes transparentes, à base d’indium !  GPS, smartphone, tablette, PC, téléviseur, borne SNCF,  chaque écran LCD contient un petit gramme d’indium. Multiplié par des millions d’écrans (sans oublier les panneaux photovoltaïques qui contiennent aussi de l’indium), la demande a explosé. Les cours ont été multiplié par deux, trois, puis dix. En 2005, le kilo d’indium dépasse les 1 000 dollars !

Et ce n’est que le début, assurent en chœur des sites comme  globalmetal.fr ou mtlindex.com. Réfléchissez : l’indium n’a pas de substitut. Or, il est très coûteux à produire. Il faut traiter une tonne de zinc pour récupérer quelques dizaines de grammes d’indium seulement ! Compte tenu de la hausse permanente de la demande, les réserves mondiales courent à l’épuisement. « Dès 2006, sur les 600 tonnes représentant la production annuelle mondiale, 230 tonnes étaient nécessaires seulement pour la production des écrans, et dès 2030, le renommé Institut Fraunhofer en Allemagne prévoit une très grande demande annuelle de 1 580 tonnes », écrit Globalmetal sur son site. Sachant que les réserves mondiales sont de « 11 000 tonnes selon les estimations », poursuit Globalmetal, le calcul est rapide. Dans une vingtaine d’années, nous n’aurons plus d’indium. C’est donc maintenant qu’il faut investir.

Des substituts à l’indium existent

Le raisonnement a toutes les apparences du bon sens, mais les apparences seulement. En réalité, l’indium n’est pas automatiquement un bon placement. La preuve, il est actuellement proche des 700 dollars le kilo, soit 30 % de moins qu’en 2005, et il est descendu en dessous des 500 dollars en 2013. Il est très coûteux à extraire, mais il n’est pas rare sur la terre, au sens physique du terme. Le chiffre de 11 000 tonnes est une estimation de 2008 faite par l’US Geological Survey, une organisation scientifique, sur la base des réserves de zinc connues.

Le pic de 2005 était de nature politique. Il a été provoqué par la décision du gouvernement de la Chine, principal producteur mondial, de restreindre ses ventes sur le marché international. Entretemps, les outils de production se sont développés. Le groupe belge Nyrstar produit de l’indium en France depuis 2011, dans son usine de zinc d’Auby, dans le Nord.

Dernier point, et non des moindres, les substituts à l’indium existent déjà en laboratoire. Le graphène ou les nanofils d’argent, par exemple. Ils sont encore plus ruineux à produire que l’indium, mais les recherches se poursuivent et les coûts pourraient baisser.

Cela ne veut pas dire que l’indium est un mauvais placement.  Il est simplement, comme la plupart des matières premières, un investissement hautement spécialisé à réserver aux spéculateurs avertis. Soutenir le contraire sur la base de graphiques très simplifiés n’est pas vraiment sérieux.

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