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Alcoolisme

Le baclofène autorisé et encadré

Donné jusqu’alors en dehors de son indication officielle pour lutter contre la dépendance à l’alcool, aux risques et périls du médecin et de son patient, le baclofène bénéficie désormais d’une autorisation temporaire, qui a l’avantage de guider et surveiller les prescriptions.

Depuis quelques jours, le baclofène peut officiellement être prescrit pour aider à maintenir l’abstinence après un sevrage alcoolique, ou pour baisser significativement la consommation d’alcool. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a délivré une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) en ce sens. Une RTU autorise les médecins à prescrire une molécule en dehors de son indication officielle pendant 3 ans. Le baclofène entre dans ce cas de figure, puisque c’est un médicament à l’origine commercialisé comme relaxant musculaire, utilisé dans la sclérose en plaques. Son efficacité sur la dépendance à l’alcool a été découverte par un médecin l’ayant expérimenté sur lui-même. La molécule agit en coupant l’envie impérieuse de boire.

Mais elle ne fonctionne pas sur tout le monde, et les doses, souvent élevées, sont à adapter en fonction du patient. Les effets secondaires sont loin d’être anodins : nausées, confusion, et même comas et dépressions ont été signalés. En clair, l’efficacité et les risques du baclofène sont encore mal connus. On attend les résultats d’essais en cours. C’est en se basant sur des données partielles que l’ANSM a accordé son feu vert. Elle prend donc un risque, mais se donne aussi la possibilité d’encadrer et de surveiller les prescriptions. La RTU établit en effet un protocole de traitement, basé sur l’augmentation progressive des doses quotidiennes, jusqu’à ce que des effets sur la consommation d’alcool se fassent sentir. Si cette dose dépasse 120 mg/jour, le médecin prescripteur doit en référer à un spécialiste en dépendance alcoolique. Si elle atteint 180 mg/jour, il lui faut solliciter un avis collégial.

Le médecin qui donne du baclofène dans le cadre de la RTU se protège. En contrepartie, il transmet les données d’efficacité et de sécurité relatives à chaque patient via une interface web. Ces éléments de suivi en « vie réelle » seront précieux pour compléter les résultats des essais cliniques.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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