Marie Bourdellès
Un public vulnérable mieux informé
Des bénévoles issus de plusieurs associations locales des Hauts-de-France ont sensibilisé aux arnaques des personnes sourdes et malentendantes.
Président de l’UFC-Que Choisir de l’Artois, Jean-Pierre Lhermite avait un temps travaillé avec Pierre Boddaert, un des administrateurs de l’association locale (AL) de Lille (59), à l’Institut de réhabilitation de la parole et de l’audition de Ronchin (59), un établissement qui accueille des enfants atteints de déficience auditive. À l’occasion d’une réunion à l’Union régionale UFC-Que Choisir des Hauts-de-France, les deux hommes ont eu l’idée de mettre en place un atelier de sensibilisation aux arnaques à l’intention des sourds et malentendants. En effet, ces personnes, qui sont entre 5 et 7 millions selon la fédération SurdiFrance, se retrouvent particulièrement exposées aux escroqueries en tout genre. Si les malentendants sont moins handicapés, les sourds ont, par la force des choses, un vocabulaire réduit qui rend difficile toute communication. Aussi ont-ils parfois du mal à s’informer sur leurs droits, à déceler les pratiques malveillantes, à exprimer clairement leur désaccord ou à faire valoir leurs arguments en cas de litige.
Le 11 mai dernier, près de 80 sourds et malentendants se sont donc rendus au Foyer des œuvres des sourds du Nord, à Lille, où un « rendez-vous conso » était co-organisé par l’AL de l’Artois et l’Union régionale. Des journalistes de l’antenne locale de BFM TV y assistaient afin de rendre compte de cette première. Pour faciliter les échanges entre bénévoles et participants, deux traducteurs en langue des signes étaient présents. Ainsi, le public a pu indiquer les arnaques qu’il connaissait déjà : démarchage à domicile et téléphonique, dépannage hors de prix... D’autres ont parlé du phishing, cette technique frauduleuse qu’utilisent des individus malveillants pour récupérer des données personnelles – codes d’accès, mots de passe bancaires, etc. – en se faisant passer pour des tiers de confiance. Un diaporama a mentionné de nombreuses autres entourloupes : SMS surtaxés, rançonnage (du type : « Vous avez visité un site porno, 500 € est un juste prix pour notre petit secret. ») ou encore vente de faux billets pour des événements sportifs. S’y ajoutent des combines liées à l’actualité : avec la guerre en Ukraine, de fausses associations humanitaires fleurissent, tandis que l’inflation favorise la multiplication des bonnes affaires bidon, par exemple.
L’assistance a été ravie de voir que l’on s’intéressait à elle en abordant des thèmes concrets qui touchent directement sa vie quotidienne. L’AL lui a également présenté le service de traitement des litiges en ligne, bien adapté à son handicap. Au vu de l’enthousiasme suscité par ce « rendez-vous conso », d’autres portant sur l’alimentation, l’argent (banque, crédit, surendettement) ou encore les moyens d’alléger sa facture d’électricité pourraient être organisés à l’avenir.