Frédéric Giquel
Les tarifs continuent de galoper
+2 % en moyenne en 2021. C’est le verdict de notre comparateur sur les prix de l’assurance multirisque habitation (MRH). Attention, les écarts tarifaires vont du simple au double selon les contrats et villes du territoire. Explications et solutions.
2021 marque un nouveau tour de vis sur les tarifs de l’assurance multirisque habitation (MRH). On aurait pourtant pu s’attendre à une stabilité des prix après une année 2020 qui aura vu le nombre de sinistres (notamment les cambriolages et incendies) reculer de 4 %, selon la Fédération française de l’assurance. Il n’en est rien au regard des tarifs 2021 mis à jour dans notre comparateur d’assurances habitation. À partir d’une étude sur les 20 assureurs majeurs du marché, sur 6 profils de ménages et 5 villes, la hausse des cotisations est de 2 % en moyenne. C’est un mouvement de fond, puisque 80 % des assureurs ont majoré leurs tarifs cette année. Les raisons ? Moins nombreux, les sinistres seraient toutefois plus onéreux à indemniser, notamment suite aux catastrophes naturelles (tempêtes, sécheresses, inondations, etc.). Une facture estimée entre 1,35 et 1,65 milliard d’euros pour 2020 par l’ACPR, le gendarme du marché financier. Ce n’est pas tout : les assureurs calent aussi leurs tarifs sur l’indice de la Fédération française du bâtiment, qui détermine le prix de revient d’un immeuble moyen à Paris, un indice qui ne cesse de grimper chaque trimestre.
Un secteur inflationniste
Du déjà-vu, pourrait-on dire. Déjà en 2018 et 2019, les cotisations avaient pris 2 % chaque fois. « Entre 2005 et 2019, le chiffre d’affaires du secteur assurantiel des biens et immeubles a connu une croissance de plus de 80 %, passant de 6 milliards à 11 milliards annuels, constate Gregory Caret, directeur de l’Observatoire de la consommation chez Que Choisir. En parallèle, la hausse des prix des biens de consommation aura été de 18 %. Ce secteur de la MRH est donc clairement inflationniste. Si la hausse des sinistres et surtout des coûts de réparation explique en partie la situation, il faut aussi pointer du doigt le poids des frais de gestion des contrats tout comme les politiques d’acquisition des clients par les assureurs. » Aujourd’hui, sur 100 € de cotisations, 55 % reviendraient aux assurés via des remboursements, le solde (45 %) servant à constituer des provisions et surtout à payer la note des frais généraux des compagnies et autres mutuelles d’assurances. Traduction : les assureurs soignent leur ratio comptable en augmentant les tarifs sans grand risque de perdre leurs clients, au vu de l’inertie de ce marché.
Le grand écart des tarifs
Est-il alors justifié de payer toujours plus cher sa MRH ? De cette question, chaque habitant devrait un jour se saisir. Il est temps de mettre cette assurance sous le feu de la concurrence. Comment ? Première étape, en situant le niveau de prix de son contrat actuel. Pas simple sur un marché très dense. Le bon réflexe sera d’utiliser notre comparateur, indépendant et recensant 26 assureurs clés du marché. En quelques clics, vous obtiendrez les tarifs des principaux contrats de la place selon la localisation du bien. Avec en plus un jugement sans complaisance sur les garanties du produit. Les résultats sont stupéfiants, les tarifs ‒ à garanties équivalentes ‒ font le grand écart, allant du simple au double voire plus (voir encadré). On savait depuis longtemps qu’il coûtait plus cher d’assurer un bien à l’est qu’à l’ouest du territoire. On découvre maintenant qu’au sein d’une même zone géographique, la dispersion des prix est aussi la règle. Impossible dans ces conditions de dresser le classement des meilleurs contrats du marché, c’est bien du cas par cas qu’il faut faire.
Ne pas hésiter à changer de MRH
Cette chasse à la bonne MRH doit s’accompagner d’une mise à plat de deux idées reçues chez les assurés. Un, la fidélité à votre assureur ne paie pas vraiment. Les clients de longue date ne bénéficient pas de tarifs préférentiels, c’est même parfois l’inverse. Deux, il n’est pas compliqué de troquer sa MRH pour une autre. Passé la première année, il est possible de résilier son contrat conformément à l’article L. 113-15-2 du Code des assurances. Et ce à tout moment, sans attendre la date anniversaire. La résiliation sera effective un mois après que l’assureur en aura été informé, « par lettre ou tout autre support durable ». L’assureur chez qui vous comptez souscrire votre nouveau contrat pourra parfois prendre en main la démarche, un souci en moins. Seule l’utilisation de cette liberté semble, in fine, pouvoir limiter l’inflation des tarifs sur ce marché.
MRH : le yoyo des prix par l’exemple
Un ménage propriétaire assure sa maison de 5 pièces à Arras ou Lille. L’offre la moins chère recensée dans notre comparateur est celle de la Mutuelle de Poitiers assurance, à 240 € par an. Attention, les garanties d’indemnisation et d’assistance y sont jugées insuffisantes. Et les contrats du Crédit mutuel (358 €), du Crédit agricole (360 €), de Generali (399 €), de la GMF (462 €) ou encore de Carrefour, offre la plus chère avec 510 € par an, ne présentent pas vraiment de meilleures garanties malgré un tarif de 50 à 112 % plus élevé ! Le comparateur permet d’effectuer un tri selon différents critères. Conclusion : les MRH présentant le meilleur rapport qualité/prix sont, dans cet exemple, chez Groupama (371 €) et La Banque postale (374 €).
Un couple loue un trois-pièces à Montpellier. Côté tarif, pour des garanties minimalistes, on court de 179 € chez Direct assurance à 396 € chez Allianz, le grand écart donc. Pour un contrat aux garanties de meilleur niveau (les assureurs parlent souvent de formule « confort »), c’est un peu plus resserré. Il en coûte ainsi 246 € à la Maif ou 286 € à la Caisse d’épargne, qui s’avèrent en l’espèce être les offres les plus convaincantes, mais 311 € chez Groupama ou 392 € à La Banque postale, deux enseignes pourtant bien positionnées dans l’exemple précédent. Preuve que la MRH d’un assureur, attractive dans telle région du pays, ne l’est pas nécessairement ailleurs.