Une commission de contrôle pour la forme
Pour tester sérieusement un hôtel ou un restaurant, il faut le faire incognito. Le secrétariat d’État au tourisme semble ignorer cette évidence. Il a rendu publique la liste des « experts » chargés d’auditer les palaces.
Jean-Robert Pitte, président de la mission française du patrimoine et des cultures alimentaires ; les écrivains Dominique Fernandez, Gonzague Saint-Bris et Camille de Villeneuve ; l’architecte Jean-Michel Wilmotte ; Adelaïde de Clermont-Tonnerre, directrice de la rédaction de Point de Vue ; l’animatrice Carole Rousseau ; le producteur Yves Rousset-Rouard ; Aliza Jabes, présidente des Laboratoires Nuxe ; Joseph Olivereau, président d'honneur de Relais et châteaux ; Serge Nicole, président d'Ateliers d'art de France ; Lucie Knappek, PDG d'Evanela. Telle est la liste des 13 « people » que tout voiturier, sommelier, chef de rang et régisseur d’hôtel de luxe se doit de connaître. Par deux arrêtés du 9 décembre 2015 et du 12 janvier 2016, ces personnalités forment en effet pour les trois prochaines années la Commission d’attribution de la distinction « palace », attribuée depuis 2010 à la crème des hôtels de prestige, comme le Meurice, le Plaza Athénée, le Bristol ou le Mandarin Oriental.
Leur mission n’est pas des plus désagréables, puisqu’il s’agit de vérifier que ces hôtels à 1 000 € la nuit (avec des pointes au-delà des 25 000 € pour les suites) tiennent leurs promesses. À ce niveau de prix, on peut attendre d’un juré qu’il se montre intraitable. Et surtout, qu’il vienne incognito ! Le guide Michelin a toujours tenu secret le nom de ses inspecteurs, dans le but, bien entendu, d’éviter tout traitement de faveur. Que Choisir, de son côté, achète dans le commerce, anonymement, les produits testés. L’affaire du logiciel de trucage des normes antipollution de Volkswagen a également prouvé que cette exigence n’était pas superflue.
À la Commission palace, il est prévu que « le président nomme un rapporteur et un contre-rapporteur de la commission parmi les personnalités qualifiées pour procéder à la visite dudit établissement ». Même les plus distraits des hôteliers seront avisés de leur venue, puisque « les frais liés à la visite sont assumés par l'établissement candidat ». Une voie de recours est prévue pour les hôtels qui perdraient le label « palace ». Cela pourrait donc arriver ?