Audrey Vaugrente
Le traitement est plus efficace le soir
Prendre ses médicaments contre l’hypertension artérielle le soir est associé à un moindre risque de complications cardiovasculaires à long terme. Il est presque divisé par deux.
Mesurer la pression sanguine à l’aide d’un tensiomètre, voilà un geste couramment exécuté chez le médecin. Les deux chiffres qui la résument sont fort utiles : ils permettent de repérer une éventuelle hypertension artérielle. Elle se traite à l’aide de médicaments qui la limitent par plusieurs mécanismes, tout en réduisant le risque cardiovasculaire, augmenté pour les 10 millions de personnes atteintes de ce trouble.
En fonction des molécules utilisées, il peut être conseillé de prendre l’antihypertenseur avant ou pendant les repas, toujours au même moment de la journée, mais jamais le soir spécifiquement. Ce serait pourtant un changement bénéfique, à en croire un large essai clinique espagnol (1), mené sur 19 000 personnes hypertendues et traitées. La moitié a suivi son traitement avec ordre de le prendre intégralement le matin. Les autres ont pris au moins un comprimé le soir.
L’objectif de cet essai était de découvrir si ces changements amélioraient la stabilité de la pression artérielle à long terme, voire l’abaissaient. Selon les résultats, une prise du traitement au dîner s’avère plutôt bénéfique. Par rapport à un rythme matinal, ce geste est associé à une réduction de 45 % du risque d’incident cardiovasculaire (infarctus, insuffisance cardiaque, AVC) ou même de décès.
Agir sur la pression artérielle nocturne
Les volontaires du soir avaient une pression artérielle plus basse la nuit, alors que les deux groupes fournissaient des mesures équivalentes en journée. Ce constat pourrait avoir son importance dans la réduction du risque cardiovasculaire. Chez une personne en bonne santé, la tension baisse de manière notable la nuit. Ce n’est pas le cas chez certains patients hypertendus, bien plus exposés à des complications. Deux classes d’antihypertenseurs (2) agissent justement sur un système dont le pic se produit pendant notre sommeil. Administrer ces médicaments tardivement pourrait donc aider les patients à retrouver un cycle plus proche de la norme pendant la nuit.
L’expérience est d’autant plus intéressante qu’elle n’a pas augmenté la survenue d’effets indésirables. Mais elle risque de se révéler moins attractive avec les diurétiques : ces médicaments stimulent la production d’urines, ce qui risque de multiplier les réveils nocturnes. Si cela ne menace pas le contrôle de la pression artérielle, cela dégrade considérablement la qualité de vie… Un échange préalable avec son médecin est donc conseillé avant de changer l’horaire de ses prises.
(1) « Bedtime hypertension treatment improves cardiovascular risk reduction : the Hygia Chronotherapy Trial », European Heart Journal, 22/10/19.
(2) Il s’agit des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) (comme le captopril, l’énalapril ou encore le ramipril) et des antagonistes de l’angiotensine II, souvent surnommés « sartans » (comme le valsartan, l’irbésartan ou le losartan).