Image époustouflante mais hors de prix !
Après la HD, la full HD et la 3D, les fabricants de téléviseurs lancent l’UHD : l’ultra haute définition. Appelée aussi 4K, cette technologie promet une image et un son exceptionnels. Pour le vérifier, nous avons testé 3 modèles (Samsung UE 85S9, LG 84 LM960V et Sony KD-65X9005A) vendus de 7 000 à 35 000 € !
En octobre 2012, la Consumer Electronics Association (CEA) a officialisé l’appellation « Ultra high definition », ou ultra haute définition (UHD). Elle est utilisée pour des systèmes d’affichage assurant une définition minimale de 3840 × 2160 pixels, soit une résolution de 8,3 mégapixels. Cette résolution est quatre fois supérieure à celle d’un téléviseur haute définition (HD) qui est de 1080 × 1920 (2,07 mégapixels). D’où une autre appellation utilisée par les fabricants pour qualifier l’UHD : « téléviseurs 4K ».
L’UHD est, avec la technologie OLED, l’une des deux pistes suivies par les fabricants pour relancer l’industrie du téléviseur en perte de vitesse (chute des prix qui dégrade considérablement les marges, ventes en baisse du fait d’un marché arrivé à maturité…).
Plusieurs fabricants proposent déjà des modèles 4K dans leur catalogue. Mais vu les prix très élevés, ils restent difficilement abordables pour le commun des mortels. Chez Samsung, ils relèvent de la série 9 et se déclinent en 55, 65 et 85 pouces. Sony et LG en proposent également trois en 55, 65 et 84 pouces.
Compte tenu du prix très élevé de ces appareils (de 7 000 à 35 000 € dans notre sélection), nous n’avons pas souhaité les intégrer à notre test de téléviseurs. La raison ? Contrairement à nos procédures habituelles, nous n’avons pas acheté ces appareils en magasin de manière anonyme mais nous nous les sommes fait prêter par les fabricants. Notre objectif étant prioritairement de faire un point sur cette nouvelle technologie et, notamment, d’évaluer son apport réel sur la qualité d’image.
LG 84 LM960V
Le prix de ce téléviseur LG d’une diagonale d’écran de 84 pouces (soit 213 cm) avoisine les 15 000 €. À titre de comparaison, la surface de cet écran correspond à quatre fois celle d’un écran de 42 pouces. Pourtant, ce modèle est délivré avec un pied similaire à celui des appareils plus petits de la même marque. Ce téléviseur peut être fixé à un mur. Mais son gabarit de près de 80 kg (95 kg avec l’emballage et l’ensemble des équipements) nous a impressionnés : il a fallu trois personnes pour l’installer. En ce qui concerne l’interface, la structure des menus ou encore l’équipement, ce téléviseur est très proche des autres appareils haut de gamme LG. Il est équipé de trois tuners (DVBT, DVBC et DVBS) pour la réception terrestre, par câble ou encore par satellite. Il peut lire les contenus 3D (quatre paires de lunettes passives fournies). On retrouve avec ce modèle, en plus d’une télécommande classique, une télécommande qualifiée de « Magic » par la marque. Le contrôle vocal et gestuel n’est cependant pas disponible et il n’y a pas non plus de caméra intégrée, pour, par exemple, communiquer via Skype. Les contenus 4K peuvent être adressés au téléviseur par l’intermédiaire d’une prise HDMI, à partir d’un lecteur de DVD approprié ou d’un générateur d’images.
Les résultats du test
Après optimisation des réglages, la qualité des images HD est d’un très bon niveau. L’image est contrastée et les couleurs semblent naturelles. Cependant, du bruit de fond est parfois visible et dans les scènes les plus sombres, le contraste n’est pas toujours parfait. L’interpolation qui permet d’afficher une image en UHD (4K) donne des images bien supérieures à celles obtenues avec le meilleur des modèles classiques de chez LG (« Full HD »). Lorsque l’on utilise des images en UHD, le contraste, les couleurs et les détails des différentes scènes sont tout simplement exceptionnels et bien supérieurs à ce que l’on obtient avec une source en HD. Mais contrairement aux deux autres modèles de ce test, le LG n’offre pas de « Trumotion » (système permettant d’offrir une image plus fluide) quand l’image est en UHD. Sur les séquences rapides, elle est dès lors parfois saccadée. Les effets 3D sur un écran d’une telle taille sont très bons : on se sent complètement immergé dans l’action ! Pour un appareil de cette taille et surtout de ce prix, le son est assez quelconque, tout juste au niveau d’un bon téléviseur. La consommation est, compte tenu de la largeur d’écran, assez importante (241 watts avec les réglages d’origine et 420 watts avec les réglages optimisés).
Bilan
La qualité d’image est sensiblement meilleure que celle d’un téléviseur de la même marque. Pour le reste, que ce soit les équipements, la facilité d’emploi ou encore la qualité du son… Ce téléviseur à 15 000 € n’offre rien d’exceptionnel.
Samsung UE 85S9
Il s’agit là d’un téléviseur de 85 pouces de diagonale (soit près de 216 cm) qui coûte la bagatelle de 35 000 €, une petite fortune ! Contrairement aux deux autres références testées, il est, au moins dans sa présentation, assez différent des téléviseurs habituels. L’écran se trouve entouré d’un cadre qui donne au téléviseur l’aspect d’un tableau. Ce cadre repose directement sur le sol, l’appareil n’étant pas équipé d’un pied. À l’intérieur de ce cadre, la position de l’écran peut être ajustée en hauteur. On peut également régler l’angle de l’écran en le penchant vers l’avant ou vers l’arrière. Et comme pour son concurrent LG, nous avons été impressionnés par la taille et le poids de ce modèle qui nécessite la présence de trois personnes, au moins, pour l’installation. Il peut être fixé au mur. La position des haut-parleurs est assez inhabituelle : ils sont placés dans le cadre sur lequel vient se fixer l’écran. Une caméra y est en outre intégrée.
En ce qui concerne les différents équipements et la facilité d’emploi, le Samsung UE 85S9 est très similaire aux modèles haut de gamme Samsung des séries 7000 et 8000. Comme les appareils de ces deux séries, il est livré avec deux télécommandes, l’une simplifiée et l’autre complète, la Smart Touch Control. Cette dernière permet, entre autres, le contrôle vocal et gestuel de l’écran. Le UE 85S9 est capable de lire les contenus 3D (livré avec quatre paires de lunettes actives). Il est aussi particulièrement bien équipé en tuner puisqu’ils sont tous doublés (2DVBT, 2DVBC, 2DVBS) ce qui permet de regarder un programme pendant qu’on en enregistre un autre. Enfin, l’appareil est équipé d’un système dit « Motion Enhancement » permettant de fluidifier l’image qui, contrairement à ce que nous avons observé sur le LG, fonctionne aussi lorsque l’on regarde une source 4K.
Les résultats du test
Avec des images en UHD (4K), les résultats sont époustouflants. Le Motion Enhancement, disponible en UHD, offre une image plus fluide. Les contrastes, les détails ainsi que le rendu des couleurs sont excellents. Même en HD, l’interpolation rend de très bons résultats. Au regard de ces performances (un peu au-dessus de ce que l’on obtient avec les modèles de la série 8000 de Samsung), cet appareil flirte avec les sommets. Comme pour le LG, les résultats en 3D sont impressionnants, mais cela est surtout dû à la taille de l’écran qui offre une grande immersion. Nous avons également été séduits par la qualité du son. C’est de loin ce que nous avons écouté de meilleur sur un téléviseur : dans le cadre d’un test classique, ce Samsung décrocherait, sur ce critère, la note de 20 sur 20 ! La consommation est importante (291 watts en mode usine et 335 watts avec les réglages optimisés). À l’instar de ce que l’on a constaté sur le LG, c’est la taille de l’écran qui doit être incriminée.
Bilan
Une qualité d’image et de son au-dessus de ce que nous avons observé jusqu’à maintenant sur un téléviseur. Pour 35 000 €, prix public de ce téléviseur, cela était bien la moindre des choses ! Côté équipement et facilité d’emploi, les résultats sont assez similaires à ce que l’on trouverait sur un modèle de la série 8000 de Samsung.
Sony KD-65X9005A
C’est le plus petit des trois téléviseurs de notre sélection avec, tout de même, une diagonale d’écran de 65 pouces, soit 165 cm. Vendu 7 000 € et livré avec un pied classique, il peut également être fixé au mur. Sony a choisi de rendre les haut-parleurs très visibles sur les deux côtés de la face avant. Le fabricant japonais les appelle « Magnetic Fluid Speakers ». L’interface et les équipements ressemblent à ce que l’on trouve sur les téléviseurs haut de gamme de Sony. Pour le rétroéclairage, c’est la technologie « Triluminos », supposée produire une lumière plus blanche garantissant des couleurs plus réalistes et déjà disponible sur ses téléviseurs W9, qui a été adoptée. Capable de lire des contenus 3D (livré avec quatre paires de lunettes actives), ce téléviseur UHD Sony est équipé de la fonction Motion Enhancement qui fonctionne aussi en 4K comme sur le Samsung.
Les résultats du test
Même s’il est le plus petit des trois téléviseurs de ce test – 65 pouces (165 cm) – et un prix (7 000 €) cinq fois moins élevé que le Samsung, ce modèle offre lui aussi une qualité d’image tout à fait exceptionnelle en UHD. Elle est excellente en HD. Sans atteindre celle du Samsung, la qualité du son est de très bonne facture, bien supérieure à celle que l’on observe habituellement sur un téléviseur.
Bilan
Ce téléviseur d’un coût « plus abordable » que les deux autres remplit très correctement sa mission avec un son, et surtout une image de très bon niveau.
En dépit de quelques petites faiblesses relevées sur le LG, dans l’ensemble ces trois téléviseurs offrent en 4K (UHD) une qualité d’image absolument exceptionnelle. Une préfiguration de ce que pourrait être la télévision de demain. Bien entendu, avec de tels prix, ces appareils constituent surtout une vitrine pour les fabricants de téléviseurs. Même s’il est probable que leur coût baissera rapidement dans les années à venir, c’est encore une fois l’existence de contenus adaptés qui décideront du succès de cette nouvelle technologie. Si la HD remporte aujourd’hui un vif succès, c’est avant tout parce qu’elle est disponible facilement via la TNT HD. Il est peu probable, compte tenu de la bande passante nécessaire, que ce sera le cas pour l’UHD. Il faudra donc s’équiper d’un lecteur spécifique pour lire des supports en 4K. Autant d’écueils que la télévision en 3D a encore bien du mal à surmonter après pourtant plusieurs années de commercialisation.
Ce que nous avons testé
Nous n’avions pas pour objectif de reprendre l’ensemble des mesures et des vérifications réalisées lors d’un test classique de téléviseurs. Nous avons concentré nos investigations sur les points suivants :
Consommation.
Mesures techniques concernant l’image : contraste, angle de vision, réflexion, scrolling & panning.
Effets 3D : test de vision à l’aide de scènes enregistrées en Blu-ray + (et si possible en 4K).
Jury de vision : images en haute définition (HD) avec une source de 1080 × 1920 habituellement utilisée. En ultra haute définition (UHD), ou 4K, ces scènes proviennent d’un générateur d’images. Peu de contenus tournés en 4K étant pour l’instant disponible, ces équipements nous ont été fournis par les fabricants. Hélas, si les images 4K qu’ils restituent sont idéales pour faire la promotion des téléviseurs de ce type, notre jury de vision a eu des difficultés à les évaluer, les séquences étant trop courtes, les couleurs trop nombreuses et trop saturées. Pour évaluer nos trois téléviseurs, nous sommes partis du seul générateur de Samsung (non pas qu’il soit meilleur, mais il était disponible durant toute la période de test). Nous avons regretté qu’aucun des générateurs 4K ne permettent de visualiser des images en 3D/UHD.
Bon à savoir
Pour le test en HD (1080i), nous avons utilisé les scènes habituellement retenues pour les téléviseurs classiques. Afin d’avoir des points de comparaison avec la qualité d’image obtenue sur les téléviseurs classiques, il a été décidé d’utiliser la même échelle de notation. Une image adressée en haute définition à l’écran (1080 × 1920) est systématiquement interpolée pour être affichée en UHD (2160 × 3840).
Arnaud de Blauwe