Élisabeth Chesnais
Beaucoup trop de polluants chimiques
On n’y pense pas en les achetant et encore moins en les portant, mais les vêtements et les chaussures contiennent de nombreuses substances chimiques, dont certaines peuvent provoquer des allergies cutanées. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) plaide pour une réglementation européenne restrictive.
Des patients avec de l’eczéma ou une brûlure de la peau après avoir porté un nouveau vêtement ou changé de chaussures, les dermatologues en reçoivent régulièrement. La réglementation européenne a beau restreindre ou interdire l’usage de 12 familles de substances chimiques dans les textiles et les cuirs, ce n’est pas suffisant. La présence de deux allergènes cutanés puissants, le chrome VI dans le cuir et le nickel dans les parties métalliques, est ainsi fortement limitée, ce qui n’empêche pas les allergies de perdurer. « Le seuil inscrit dans la réglementation ne suffit pas à protéger les consommateurs allergiques, confirme l’Anses, il devrait être abaissé. »
À l’issue de l’étude qu’elle a menée sur les substances chimiques responsables d’allergies cutanées et en partenariat avec la Suède, l’Anses demande une restriction européenne pour plus de 1 000 substances utilisées dans le processus de fabrication des vêtements et des chaussures, qui sont susceptibles d’être présentes dans le produit fini. Il s’agit de molécules employées volontairement, comme les colorants, ou de résidus et d’impuretés. Si cette proposition réglementaire est adoptée au niveau européen, elle limitera l’usage de substances allergisantes qui ne font actuellement l’objet d’aucune restriction, elle interdira tous les colorants « dispersés » des fibres textiles synthétiques, ils sont responsables de nombreuses allergies, et elle abaissera les seuils insuffisamment protecteurs du nickel et du chrome VI.
Espérons son adoption, elle permettra de renforcer la protection des consommateurs. Lors de leurs achats de vêtements et de chaussures, ils ne peuvent en effet rien vérifier, les fabricants et les distributeurs n’ayant pas l’obligation de lister les substances chimiques présentes dans les articles en vente.