BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Électricité

Bercy, bourreau assumé du pouvoir d'achat

En matière de pouvoir d’achat, Bercy souffre de retard à l’allumage quand il s’agit de le soulager et d’empressement pour le mettre à mal. Nouvel exemple avec les prix de l’électricité… Resté sourd à notre appel à geler toute augmentation des taxes en cette période inflationniste et en plein hiver, et a minima à la plafonner à l’inflation estimée sur l’année à 2.5 %, Bruno Le Maire a annoncé, sans la moindre concertation préalable avec les associations de consommateurs, et sans aucune considération pour les difficultés supplémentaires que cela va occasionner pour les ménages, une hausse pouvant être, selon les profils, de 8,6 %, 9,8 %, voire plus de 10 %. Un nouveau coup de bambou tarifaire qui aboutit à une augmentation du tarif réglementé de pas moins de 44 % en deux ans.

Mais cette fois, ce ne sont pas les seuls ménages au tarif réglementé qui vont trinquer, car, en agissant sur les taxes, plus particulièrement la TICFE, taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité, ce sont bel et bien tous les abonnés à l’électricité qui vont voir leur facture augmenter. N’en déplaise au ministre, même en considérant les enjeux budgétaires, l’urgence à alourdir la fiscalité sur l’électricité était beaucoup moins caractérisée qu’il n’y paraît. Compte tenu des prix de l’électricité calculés par la Commission de régulation de l’énergie, le Gouvernement n’aura plus à compenser en 2024 les fournisseurs d’électricité comme c’était le cas l’année dernière, dans le cadre du bouclier tarifaire. Cela permet aux finances publiques d’économiser pas moins de 13 milliards d’euros. Probablement pas suffisant pour le ministre, qui en plus veut augmenter les recettes en haussant la fiscalité.

Je suis qui plus est révoltée par le fait que le ministre semble, par son action résolue en défaveur du pouvoir d’achat des consommateurs, considérer comme étant normal que les Français payent aussi cher leur électricité. Personne ne le questionne vraiment sur le sujet. Moi si. Je lui demande : est-il admissible que plus de la moitié du prix de l’électricité payé par les consommateurs corresponde aux prix extrêmement élevés sur les marchés internationaux (eux-mêmes fixés en fonction du prix… du gaz), alors même que le parc de production de l’électricité en France est très largement décarboné et affiche des coûts de production bien plus faibles ? Je réponds à sa place : non. Ce n’est tellement pas admissible que c’est scandaleux. La hausse de la fiscalité que vient de décider le ministre n’en est que davantage révoltante.

À ce stade, l’UFC-Que Choisir ne peut que recommander aux consommateurs de faire en sorte de limiter la casse, en comparant les offres d’énergie disponibles, sur son comparateur gratuit.

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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