BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Accès aux soins

Après la régulation de l’installation des dentistes, celle des médecins ?

Le 21 juillet, la nouvelle convention entre les chirurgiens-dentistes et l’Assurance Maladie a entériné une révolution : pour la première fois, l’installation de ces professionnels sera régulée de manière contraignante. Cette mesure concernera tant les dentistes libéraux que les salariés (près d’un quart des praticiens, exerçant entre autres en centres de santé).

Désormais, les nouvelles installations dans les zones très bien dotées seront conditionnées au départ d’un dentiste, permettant d’améliorer la densité des professionnels sur le reste du territoire. L’impact concret de la mesure sur les nouveaux praticiens est toutefois à relativiser : les communes classées comme très bien dotées ne représentent que 5 % de la population (mais 9 % des dentistes). Ainsi, les professionnels garderont leur liberté de s’installer dans les communes où résident 95 % de la population.

Certes, ce n’est qu’un premier petit pas, mais il s’agit d’une mesure qui va dans le bon sens pour réduire les inégalités d’accès à ces professionnels de santé. Je ne peux qu’espérer qu’elle inspire les autorités à en faire de même pour les médecins, conformément à ce que demande de longue date l’UFC-Que Choisir. En effet, les négociations conventionnelles entre l’Assurance Maladie et les médecins devraient reprendre en septembre.

Les dentistes viennent donc allonger la liste des professions de santé dont l’installation est régulée sur des critères démographiques : les pharmaciens (depuis 1941), les infirmières (depuis 2008), les sages-femmes (depuis 2012) et les kinésithérapeutes (depuis 2019). Dans ce paysage, les médecins libéraux font de plus en plus figure d’exception, et leur liberté totale d’installation apparaît de plus en plus aberrante, alors que l’accès aux soins est de plus en plus difficile pour les patients.

Pour justifier ce traitement différencié, le directeur de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie a souligné la stabilité relative de la démographie des dentistes, à la différence de celle, déclinante, des médecins, qui expliquerait pourquoi la régulation de l’installation s’appliquerait aux uns, mais pas aux autres.

Il faut toutefois séparer les problèmes de capacités de formation en France (insuffisantes, pour les dentistes comme pour les médecins) de ceux posés par la liberté d’installation, qui accroît l’inégale répartition des professionnels sur le territoire.

En effet, l’insuffisance de la démographie médicale rend la bonne répartition géographique des praticiens d’autant plus indispensable au regard des difficultés d’accès aux soins des usagers. C’est précisément la pénurie qui justifierait un rationnement des praticiens pour prioriser les zones dont les besoins sont les plus criants, et cela d’autant plus que la vague de départs en retraite des médecins de la génération du baby-boom ne fait que commencer, et que les départements les moins bien dotés sont aussi ceux où les praticiens sont en moyenne les plus âgés.

Bref, soyez assurés que l’UFC-Que Choisir entend rester pleinement mobilisée pour une régulation de l’installation des médecins afin de résorber l’intolérable fracture sanitaire dont sont victimes des millions de Français.

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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