BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Morgue de Rungis

Des frais inhumains !

A chaque crise ses profiteurs, mais pour le coût/coup, celle-ci mérite tristement la palme de l’intolérable… En effet, au détour d’une interview, la Présidente des Pompes Funèbres de France (concurrente d’OGF), parlant de la morgue provisoire installée au Marché de Rungis, annonçait que des frais étaient facturés aux familles endeuillées par le Covid pour garder les corps et surtout permettre aux proches d’être auprès de leurs défunts avec des montants aussi scandaleux sur le plan économique qu’humain…

Cette annonce a légitimement suscité l’émoi au sein de la classe politique mais aussi des professionnels, le Marché de Rungis annonçant que ces frais n’étaient pas de son fait mais de l’opérateur privé gérant, à la demande de la Préfecture, ce dispositif temporaire… en l’occurrence OGF. 

Et là, à peine 24h après le lancement de la polémique et l’annonce d’un contrôle par le Ministère de l’Intérieur, OGF répliquait par un communiqué de presse en tentant de justifier économiquement cette facturation... « Ces montants sont très inférieurs à une admission avant mise en bière et l’utilisation des installations techniques dans un funérarium classique » plaidait ainsi l’opérateur… Avec la hausse des décès liée à l’épidémie accroissant de facto l’activité d’OGF (de l’ordre de 10% selon les sources), cette facturation de frais pour une morgue de fortune relève de l’insupportable cupidité. Cette réplique bien malheureuse fut néanmoins doublée quelques heures plus tard d’un second communiqué dénonçant « une polémique tout à fait injustifiée et déplacée »  mais annonçant cette fois (enfin !) l’arrêt de toute facturation pour la morgue de Rungis.

Si cette dernière sortie mit fin au feuilleton médiatique, cet ignoble épisode souligne, s’il en était encore besoin, les dérives tarifaires et les funestes pratiques du secteur funéraire que l’UFC-Que Choisir n’a de cesse de dénoncer régulièrement. Plus qu’un coup de pression ponctuel par le Ministère de l’Intérieur, c’est bel et bien à des réformes structurelles que les pouvoirs publics doivent s’atteler pour couper court aux excès tarifaires qui touchent des personnes en situation d’extrême vulnérabilité.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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