Ivan Logvenoff
Même sales, les emballages vont au recyclage !
Tous vos emballages peuvent aller dans la poubelle jaune. Même ceux qui étaient exclus auparavant. Et même ceux qui sont sales ! Une simplicité qui devrait favoriser le recyclage alors que seulement un quart des déchets qui pourraient être recyclés en France le sont effectivement.
« Il y a peu de questions à se poser : tous les emballages et papiers se recyclent », résume Anne-Sophie Louvel, directrice du service collecte sélective et territoires au sein de Citeo, l’organisme chargé de suivre le recyclage de nos déchets. Avant 2018, la plupart d’entre nous se grattaient la tête devant les affiches collées sur les poubelles. Que faire d’un bout de film plastique recouvrant une barquette ou d’une canette de soda poisseuse ? Depuis la simplification encouragée par l’État et la modernisation des 123 centres de tri français, les consignes sont devenues beaucoup plus simples.
Faut-il laver les pots de confiture ?
Propres ou sales, tous vos emballages en plastique, métal ou papier peuvent aller dans le bac de recyclage. De même, pots et bouteilles en verre se déposent, eux aussi, dans leur bac sans avoir besoin de passer sous le robinet. « Il y a beaucoup d’idées reçues, mais les souillures comme les traces d’huile sur les cartons de pizza n’empêchent pas le recyclage », insiste Anne-Sophie Louvel. Après avoir été triés, rappelle-t-elle, vos déchets partent dans l’une des 2 400 usines de recyclage de France qui effectuent elles-mêmes ce travail de lavage pour les boîtes de conserve, les pots en verre, les briques, le carton et même le papier.
À la maison, il vous suffit donc d’enlever le plus gros des salissures : récupérer la crème qui reste au fond du pot en plastique, racler le fromage blanc sur l’opercule métallique ou finir de vider la gourde de compote avant de les déposer dans le bac de tri, etc. Autre conseil pratique : pas besoin d’aplatir vos bouteilles. Les bouteilles qui se présentent comme facilement écrasables permettent certes de gagner un peu de place dans la poubelle de tri de la maison mais n’ont aucun avantage pour le recyclage, voire peuvent compliquer leur identification dans le centre de tri. Enfin, n’imbriquez surtout pas vos déchets les uns dans les autres, au risque de compliquer la tâche des machines réalisant le tri de manière automatisée.
En cas de doute, Citeo a conçu une application gratuite pour smartphone, Guide du tri. Vous aurez accès aux consignes spécifiques à votre géolocalisation et pourrez connaître le parcours de vos déchets jusqu’au centre de tri le plus proche.
Encore trop de déchets non recyclés
L’adoption des bons gestes par les consommateurs est loin d’être anecdotique. Avec la réduction des emballages à la source, il s’agit même de l’un des principaux leviers pour limiter les conséquences de nos déchets sur l’environnement. Mais 75 % des déchets qui pourraient être recyclés n’arrivent pas jusqu’aux centres de tri. « Beaucoup de matière première est perdue, ce qui oblige les industriels à racheter du plastique ou des métaux, avec des coûts à la fois financiers et environnementaux », décrypte Anne-Sophie Louvel.
Au total, près de 25 % du volume de nos ordures ménagères résiduelles, c’est-à-dire de nos poubelles accueillant le tout-venant, serait même encore constitué d’emballages recyclables. Au lieu d’être recyclés, ces emballages sont incinérés ou enfouis avec le reste de nos déchets, avec un bilan environnemental bien plus lourd à la clé. L’Union européenne a bien conscience du problème et exige que les pays recyclent plus de 65 % de leurs emballages d’ici 2025, un défi de taille dans l’ensemble des États membres.
Une partie du problème se situerait du côté de la consommation hors domicile. Face au développement du fast-food qui se mange le plus souvent dans les rues, les petites poubelles municipales ne permettent pas toujours le recyclage et peinent à collecter nos emballages.
La couleur des bacs de tri ne serait en revanche pas en cause, puisque 91 % de la population française bénéficie désormais d’un bac jaune. L’enjeu de l’harmonisation concernerait plutôt les poubelles accueillant le tout-venant. Alors que 37 % de la population s’est vue confier un bac gris, 27 % ont encore un bac vert, quand 20 % des Français ont des bacs de couleurs diverses, allant du rose au bleu en passant par le rouge foncé. Près des trois quarts des Français ont par ailleurs accès à un bac jaune unique, plus simple que le système en place qui distingue dans le reste des cas les papiers et plastique.
Réduire à la source
Même si vous devenez un as du tri, vos déchets du bac jaune ne pourront malheureusement pas tous être valorisés de la même manière. Le papier, l’aluminium ou le verre peuvent être entièrement recyclés. Côté papier, les papiers imprimés avec des encres qui s’éliminent facilement, soit environ les deux tiers des volumes, peuvent retourner en imprimerie. Les plus gros défis restent du côté des plastiques. Au total, seuls 30 % des plastiques repartent dans les circuits industriels.
Les professionnels du recyclage parviennent à récupérer environ 60 % du polyéthylène (PE et PET) constituant les bouteilles ou tubes de dentifrice en plastique. Sur les barquettes de jambon ou les pots de yaourt en polystyrène (PS), il reste en revanche technologiquement difficile de récupérer plus de 15 % de la matière première. Les emballages présentant plusieurs matériaux, comme les sachets de chips, sont ainsi toujours incinérés. Idem pour les sachets de bonbon.
Vous pouvez vous aussi participer à l’effort en évitant le plus possible les contenants en plastique lors de vos achats, en préférant par exemple les pots de yaourt de grand format en carton ou en verre, ou en privilégiant les cosmétiques solides en emballage carton. Cuisiner vous-même permet également de limiter drastiquement les emballages : préparer vos plats, compotes, yaourts, gâteaux et pourquoi pas bonbons maison, est la meilleure façon de réduire les volumes de plastique.
Bon à savoir L’UFC-Que Choisir propose une carte interactive gratuite pour découvrir les informations de gestion des déchets par commune (taxe par habitant, quantité de déchets par habitant, coût de gestion). Consultez-la pour connaître les informations de votre commune !