Erwan Seznec
Conseils pour bien choisir son vélo
En ville ou à la campagne, pour une utilisation quotidienne ou occasionnelle, un trajet court ou de longues balades : le vélo parfait n'existe pas, tout dépend de l'usage que vous en faites. Mais quelques caractéristiques sont tout de même à prendre en compte avant de se décider.
Trajet court et urbain
Vous êtes à la recherche d'un vélo qui vous servira occasionnellement en ville, pour des déplacements de 3 à 5 km. Allez au plus simple : un cadre en acier, six pignons à l'arrière et un seul plateau, aucune suspension et des pneus sans crampons. Il vous faut un carter sur le plateau pour ne pas graisser vos pantalons, des garde-boues et un porte-bagage à sacoche, voire un panier à l'avant. Choisissez une position bien droite, adaptée aux arrêts fréquents et à une surveillance continuelle des voitures qui vous entourent. Si la selle et les roues du modèle qui vous tente sont équipées d'attaches rapides, demandez à votre revendeur de les remplacer par des boulons à l'ancienne, qui décourageront les voleurs. Côté freins, les systèmes traditionnels à étriers et patins sont largement suffisants, mais vous pouvez aussi vous laisser tenter par des freins à tambour, peu sensibles à la pluie. Issus de la compétition VTT, les freins à disque commencent à devenir fréquents sur les vélos de ville. Ils ne freinent pas forcément mieux que des étriers classiques. Évitez si possible les freins à disque à câble, ils sont moins puissants et moins précis que les freins à disque hydrauliques.
Budget : vous trouverez en grande surface des vélos à partir de 150 €. À ce prix-là, pas de miracle, la finition est bas de gamme (poignées de frein en plastique, vis qui rouillent, etc.), mais ces vélos sont en général robustes.
Promenades sur routes et chemins
Votre vélo est plutôt destiné à des virées à la campagne de 15 à 50 km, sur départementale, piste cyclable, chemin de halage, route forestière, etc. Orientez-vous vers un vrai VTC à 18 vitesses à position penchée vers l'avant. Sur les longs trajets, c'est de loin la plus confortable. Elle ménage vos forces par vent de face et répartit votre poids de manière plus équilibrée. La position très droite, qui semble si commode sur un trajet court, fatigue beaucoup le dos au-delà d'une dizaine de kilomètres. Un repère très simple : il ne faut pas que votre guidon soit plus haut que votre selle. Idéalement, il doit être quelques centimètres plus bas. Idem pour la selle. Les modèles pour la ville, larges et bien rembourrés, ne sont pas adaptés aux longs trajets. Les modèles fins qui ressemblent à des engins de torture sont en fait plus confortables dès que vous dépassez une vingtaine de kilomètre. Choisissez des attaches rapides pour vos roues, elles sont plus commodes en cas de crevaison (pensez au kit de réparation). Il vous faut des pneus à crampons, mais évitez les formats énormes sculptés en profondeur, ils ont un rendement très médiocre sur route. Accessoires utiles : le porte-bidon mais aussi le porte-bagage, qui vous évitera de prendre un sac à dos, inconfortable à vélo. Le poids est évidemment un critère important. N'allez pas au-delà de 13 kg. Côté suspensions, les constructeurs rivalisent d'imagination. En fait, une seule sur la fourche avant suffit. Vérifiez que vous pouvez la désactiver (en général par un petit bouton sur le dessus), car les fourches suspendues sont très fatigantes dans les longues montées. Vous verrez peut-être en magasin des vélos aux formes étranges et aux cadres biscornus. Nous ne les avons pas testés, mais les pratiquants réguliers choisissent très majoritairement le cadre triangulaire classique.
Budget : en dessous de 250 €, vous prenez des risques. La qualité des roulements et du cadre ne sera pas forcément au rendez-vous et la balade peut devenir pénible. Surtout si vous ne roulez pas souvent et que votre condition physique est à améliorer… Vous garderez facilement votre vélo une dizaine d’années, même sans en prendre particulièrement soin. Investir 400 € n’est pas un mauvais calcul. À condition de bien le choisir, évidemment.
Un vélo pour tous les jours
Trajet domicile-travail même les jours de pluie, balades en ville, virées à la campagne, votre vélo est un compagnon quotidien. Donnez-vous un budget de 350 € minimum et un poids maximal à ne pas dépasser (15 kg). Oubliez les suspensions, pneus à crampons et freins à disque, tournez-vous vers un modèle urbain. Ne le choisissez pas trop grand. Réglée à vos dimensions (c'est-à-dire avec la pointe des pieds frôlant le sol), la tige de selle doit être sortie de 5 cm minimum, 10 cm étant l'idéal. Choisissez un guidon droit, à peine plus large que vos épaules. Les guidons larges sont gênants quand il s'agit de se faufiler entre les voitures. Deux plateaux sont largement suffisants, avec 8 ou 9 pignons à l'arrière. Privilégiez les boulons aux attaches rapides pour la selle et les roues, afin de dissuader les voleurs. Ne choisissez pas des pneus trop gros. La largeur de deux doigts environ (deux pouces, en mesure américaine) est parfaite pour un usage quotidien et fera encore l'affaire pour une longue balade occasionnelle. Investissez dans une pompe à pied (on en trouve à 25 €), un vélo sous-gonflé devient rapidement pénible. Barre ou pas ? Les vélos dits « d'homme », avec une barre transversale, sont moins fatigants à l'usage. Plus rigides, ils ont un meilleur rendement. Si vous détestez cette barre, choisissez un modèle intermédiaire (avec une barre inclinée). Évitez les cadres « col de cygne », jolis, mais très peu pratiques. La béquille n'est pas indispensable : vous attacherez la plupart du temps votre vélo à un poteau ou à une grille de parc. Si vous roulez la nuit, les kits d'éclairage livrés par les fabricants sont catastrophiques. Achetez un matériel un peu plus sérieux (lampe LED) et amovible, là encore pour dissuader les voleurs. Prenez une selle bien rembourrée et n'hésitez pas à en changer si elle ne vous convient pas. On trouve d'excellents modèles à moins de 15 € dans le commerce.
Budget : même constat que pour les vélos de randonnée, inutile de viser trop bas dans la gamme. Si vous devez vous rendre tous les jours au travail, si vous devez vous équiper d’un porte-bébé, il vous faut une bicyclette de qualité, équipée de freins irréprochables, de changements de vitesses fiables et pas trop lourde. Comptez entre 350 € et 800 €.
Un vrai vélo tout-terrain
Absents de notre échantillon, les véritables VTT constituent une famille de vélos à usage exclusivement sportif. Ils sont équipés d'une fourche télescopique à l'avant et de freins à disque. Ces derniers sont plus puissants que les freins à étriers, plus résistants à l'échauffement et moins sensibles au voilage des roues, toujours possible sur terrain très accidenté. Ils sont équipés de pédaliers plus compacts que les VTC, pour diminuer la garde au sol (un pédalier qui heurte une pierre peut provoquer une chute). Leurs pédales sont dotées de fixations automatiques nécessitant des chaussures particulières. Les VTT sont le plus souvent en aluminium ou en fibre de carbone. Ils doivent allier solidité et légèreté. Les modèles les plus performants pèsent moins de 10 kg. Sollicitez les conseils d'un spécialiste pour orienter votre choix. Les éléments d'information que nous vous apportons ici valent plutôt mise en garde : si vous êtes équipé d'un VTC, même d'allure « sportive », ne le surestimez pas. Le vrai tout-terrain nécessite un vélo spécialisé.
Budget : les VTT de compétition atteignent les prix d’une voiture d’occasion (5 000, voire 7 000 €). Sans aller jusque-là, prévoyez quand même de 1 000 € à 1 500 € si vous envisagez du vrai tout-terrain. C’est une question de performance, mais aussi de plaisir et de sécurité.
Et l’occasion ?
Le marché est florissant (Troc-velo.com, Leboncoin, etc.) et vous y trouverez des pépites : increvable Peugeot des années 1980 à 90 €, vélo de compétition revendu par des passionnés au tiers de leur prix, etc. Il vaut mieux se faire conseiller si vous n’y connaissez vraiment rien, car la mécanique vélo est parfois subtile et évolue régulièrement. Vous risquez de vous retrouver sans l’avoir voulu avec des roues à boyaux (compliqués à réparer) ou encore avec un vélo équipé de pièces aujourd’hui difficiles à trouver.
Le vélo électrique, nouvelle star des deux-roues
Depuis quelques années, les vélos à assistance électrique (VAE) rencontrent un succès grandissant. Ils permettent de parcourir des distances importantes sans avoir à fournir d’efforts insurmontables. Revers de la médaille, un vélo électrique coûte cher, de 800 à plus de 3 000 €. Tous nos conseils dans notre guide d’achat vélos électriques.
Anne-Sophie Stamane