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Cancer du sein

Les surdiagnostics courants après 75 ans

Les bénéfices du dépistage du cancer du sein sont au cœur d’un débat. Y mettre fin à partir de 75 ans, en revanche, est clairement justifié.

En France, les femmes de 50 à 74 ans peuvent bénéficier d’un dépistage organisé du cancer du sein. Si l’utilité de ce programme fait débat, une étude confirme qu’à partir de 75 ans, l’intérêt de ces mammographies disparaît (1). Chez les femmes de 70 à 74 ans, le surdiagnostic est estimé à 31 %. C’est déjà considérable, mais ce taux passe à 47 % dans le groupe des 75-84 ans et 54 % dans le groupe des plus de 85 ans. Dans l’ensemble, le risque absolu de surdiagnostic se situe entre 1,5 et 2,3 cas pour 100 femmes dépistées.

Les chercheurs ont également calculé le taux de surdiagnostic en fonction de l’espérance de vie. Là encore, l’intérêt du dépistage décline avec les années : le surdiagnostic est estimé à 32 % pour les femmes pouvant espérer vivre encore 10 ans ou plus, contre 63 % pour celles dont l’espérance de vie est inférieure à 5 ans.

Un impact lourd sur la qualité de vie

Cette mesure est importante, car les traitements dégradent considérablement la qualité de vie des patientes. Si cela permet de gagner des années de vie en bonne santé, le bénéfice est clair. Mais dans certains cas, la tumeur n’aurait pas eu d’impact sur la santé de la patiente, et dans d’autres le décès prématuré sera provoqué par une autre cause. Or, les auteurs de cette étude n’ont pas observé, chez ces femmes de plus de 70 ans ayant suivi un dépistage, de réduction de la mortalité associée au cancer du sein.

Ce constat est confirmé par un travail de revue publié par une seconde équipe (2) qui a évalué l’intérêt de plusieurs dépistages : cancer du sein, du côlon-rectum, du poumon et de la prostate. La seule méthode qui prolonge la longévité de manière significative – de 110 jours – est la sigmoïdoscopie. Cet examen est comparable à la coloscopie, mais se limite au rectum et au côlon sigmoïde. Il est utilisé en dépistage dans certains pays qui ne procèdent pas à la recherche de sang dans les selles, ce qui est le cas en France. La mammographie, elle, n’a aucun impact, tandis que la coloscopie et le dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) ne prolongent la vie que de 37 jours.

(1) “Estimating Breast Cancer Overdiagnosis After Screening Mammography Among Older Women in the United States”, Annals of Internal Medicine, 08/08/23.
(2) “Estimated Lifetime Gained With Cancer Screening Tests”, JAMA Internal Medicine, 28/08/23.

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

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