Cyril Brosset
Le gratuit peut coûter cher
Méfiez-vous des offres alléchantes vous proposant de bénéficier gratuitement de produits cosmétiques. Le simple fait de donner vos coordonnées bancaires peut déclencher une série de prélèvements très coûteux.
Il y a des offres gratuites dont il faut se méfier. Jacqueline est bien placée pour le savoir. Il y a quelque temps, cette Picarde de 74 ans a vu son attention attirée par une offre Internet lui proposant d’essayer gratuitement deux crèmes pour le visage, Age-Defying Serum de la marque Mastique et Renewal Cream de chez Leuxia, des produits censés, selon la publicité, rendre le « regard jeune et éternel » en limitant « l’apparition des rides et des ridules profondes » et en « illuminant la couleur de la peau autour des yeux ». Ces crèmes étaient même recommandées par plusieurs personnalités connues, dont la présentatrice Sophie Davant. Si les deux pots de crème étaient gratuits, Jacqueline devait s’acquitter de 5,91 € au titre des frais de préparation et d’expédition, ce qu’elle a fait par carte bancaire. Et comme prévu, les produits lui ont été livrés dans les jours qui suivaient.
Mais à la réception de son colis, Jacqueline découvre que l’offre d’essai qu’elle pensait 100 % gratuite ne l’est en fait que pendant 14 jours et qu’au-delà, 99,86 € lui seront prélevés, puis, chaque mois, 97,96 € en échange de l’envoi d’un nouveau pot. Si ces précisions figurent bien sur les sites de Mastique et de Leuxia, Jacqueline ne les avait pas vues. Rien d’étonnant à cela : ces informations pourtant essentielles sont inscrites en bas de page au cœur d’un texte rédigé en caractères minuscules de couleur gris clair sur fond blanc (voir la capture d’écran ci-dessous).
Certes, comme le site le précise dans ses conditions générales, le bénéficiaire peut annuler l’offre et ne rien payer à condition de réagir dans les 14 jours suivant la réception de sa commande et de renvoyer le produit après avoir au préalable appelé le service client pour récupérer un numéro de retour, ce que Jacqueline a réussi à faire non sans mal. « Après plusieurs appels infructueux, je suis tombée sur un téléconseiller parlant très mal le français qui a cherché à me convaincre que l’offre était très intéressante, puis qui m’a proposé de ne payer que 49 €. J’ai refusé et lorsque je lui ai à nouveau demandé de me fournir le numéro de retour, il a alors raccroché. » Finalement, Jacqueline parvient à récupérer le fameux numéro et à résilier son abonnement. Elle croise désormais les doigts pour qu’aucun prélèvement ne soit effectué sur son compte. Dans le cas contraire, elle pourra toutefois en obtenir le remboursement sur simple demande auprès de sa banque. Elle aurait aussi pu faire opposition au paiement.
Depuis la mise en place de la procédure Sepa, ce genre d’abus est fréquent. Alors avant de profiter d’offres alléchantes concernant des crèmes antirides ou tout autre produit, mieux vaut faire preuve de la plus grande vigilance. De son côté, Sophie Davant a contesté avoir jamais accepté que son nom soit utilisé par ces sociétés.