Élisabeth Chesnais
Encres de tatouageLes composés les plus toxiques enfin interdits en Europe
Après l’alerte de Que Choisir lancée en février 2021 sur la toxicité des encres de tatouage, la réglementation européenne évolue et restreint l’emploi des substances les plus dangereuses. Cette avancée suffira-t-elle à protéger la santé des candidats au tatouage ?
« Beaucoup trop d’encres de tatouage toxiques », alertait Que Choisir en février 2021, dénonçant la présence d’ingrédients cancérogènes, de conservateurs interdits dans les cosmétiques et de colorants toxiques dans 15 des 20 encres de tatouage analysées.
La situation était d’autant plus préoccupante que nous avions opté pour des couleurs parmi les plus utilisées. Outre le noir emblématique du tatouage, nous avions acheté des encres rouges, jaunes et vertes. Entre la présence d’amines aromatiques classées cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction, celle d’hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérogènes et mutagènes, de colorants interdits ou encore de conservateurs hautement allergisants, leurs compositions étaient catastrophiques. Un résultat d’autant plus alarmant que les encres pénètrent dans l’organisme et qu’une grande partie de leurs composants, à l’exception des colorants, migrent dans la circulation sanguine et lymphatique.
Renforcer les contrôles
Début janvier 2022, le règlement européen qui restreint l’emploi des substances dangereuses dans les encres de tatouage est enfin entré en vigueur, c’est une bonne nouvelle. Il s’attaque à certains colorants azoïques, aux amines aromatiques cancérogènes, aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), aux métaux lourds et à des allergènes puissants. L’Agence européenne des produits chimiques juge qu’avec cette nouvelle réglementation, « les réactions allergiques chroniques et d'autres réactions inflammatoires cutanées devraient diminuer » et qu’il « pourrait en aller de même pour des effets plus graves tels que des cancers ou des lésions causées à notre ADN ou au système reproducteur ».
Mais la France et quelques autres pays européens avaient anticipé cette nouvelle réglementation, ce qui ne nous a pas empêchés de retrouver des substances qui comptent parmi les pires dans nos analyses, y compris des colorants déjà interdits dans l’Union européenne. Sans renforcement drastique des contrôles, il n’est pas sûr que la santé des consommateurs candidats au tatouage soit mieux protégée.