Élisabeth Chesnais
À réserver aux logements bien isolés
La nouvelle étude de l’association Négawatt va déplaire tout autant aux professionnels de la pompe à chaleur qu’au gouvernement qui ne jure que par la transition électrique. Explications.
« Le coefficient de performance des pompes à chaleur est d’autant plus important que la température de l’énergie (chaleur) prise à l’extérieur est la plus élevée possible et celle de l’émission de chaleur la plus basse possible », explique Olivier Sidler, porte-parole de l’association Négawatt (1) et expert en énergétique.
Le problème, c’est que MaPrimeRénov’ finance massivement le remplacement des chaudières fioul par des pompes à chaleur air-eau. Dans de nombreux cas, elles sont installées dans des logements où les besoins de chauffage sont importants, faute d’une bonne isolation. Tout se passe bien tant que la chaudière est en place. Plus il fait froid, plus elle chauffe l’eau qui va alimenter les radiateurs, jusqu’à 90 °C. Or, poursuit Olivier Sidler, « la pompe à chaleur ne peut pas fournir de chaleur à plus de 55 °C en sortie de condenseur. Au-delà, la pression dans le circuit frigorigène devient excessive, elle se met en sécurité et s’arrête ».
Le logement devient alors inconfortable, les résistances électriques de la pompe à chaleur ne suffisent pas. Pour retrouver le confort du chauffage au fioul, il faut impérativement ajouter un mode de chauffage complémentaire. Ce n’est ni économique, ni écologique. Il peut s’agir de convecteurs électriques, pour un coût modique. Ce qui impose d’augmenter la puissance de son abonnement, de plus on surconsomme et on accroît la pointe hivernale déjà très difficile à gérer.
D’autres solutions mais nettement plus chères
Autre option, la pompe à chaleur hybride. Elle cumule chaudière et pompe à chaleur. Seulement elle coûte affreusement cher et il faut continuer à remplir la cuve de fioul. Enfin, la pompe à chaleur haute température permet d’atteindre 80 °C si elle se compose de deux pompes à chaleur. Elle chauffe alors par temps froid. Mais son coût est exorbitant et elle impose une forte augmentation de la puissance d’abonnement, tout en consommant beaucoup plus qu’une pompe à chaleur classique. Finalement, disposer d’un poêle à bois susceptible de chauffer les pièces habitées par temps froid est la meilleure solution.
Surtout, réaliser une rénovation performante qui fait chuter les besoins de chauffage est la condition préalable pour qu’une pompe à chaleur air-eau fonctionne de façon optimale par tous les temps. Négawatt et le Cler (réseau pour la transition énergétique) demandent d’ailleurs de limiter l’installation des pompes à chaleur air-eau aux logements dont les émetteurs de chaleur ont un régime de température inférieur à 55 °C.
Un soutien aux pompes à chaleur géothermiques
3 220 pompes à chaleur géothermiques vendues pour l’habitat individuel en 2021 contre 253 000 pompes à chaleur air-eau, tout est dit. Elles sont les mal-aimées des installateurs et des consommateurs. Certes l’investissement est élevé, mais à partir du 1er mars, les particuliers bénéficieront d’une aide MaPrimeRénov’ de 5 000 € quels que soient leurs revenus si elle vient en remplacement d’une vieille chaudière. Même si elle reste plus chère qu’une pompe à chaleur air-eau, elle consomme moins, rafraîchit la maison en été et évite la pose de climatiseurs. Elle se rentabilise sur la durée. Le problème principal, c’est qu’il faut forer dans le jardin ou poser des capteurs horizontaux enterrés. Si les désagréments sont réels, ils restent temporaires.
Bon à savoir. La consommation d’une pompe à chaleur est liée à son coefficient de performance (COP), c’est-à-dire au rapport entre la quantité d’énergie consommée et la quantité de calories produite. Plus le COP est élevé, plus la pompe à chaleur est sobre. Mais attention, cet indice varie en fonction de la météo.
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(1) L’association se décrit comme un regroupement de professionnels de l’énergie et de citoyens dont « l’action et les propositions ont pour objectif le développement d’une politique énergétique fondée sur la sobriété et l’efficacité énergétique et sur un recours plus affirmé aux énergies renouvelables ».