CONSEILS
Gestes verts

Tous les conseils pour réussir votre compost

Pas si facile que ça de réussir son compost ! Les néophytes s’en plaignent souvent : informations contradictoires ou imprécises, méconnaissance du processus, hésitations devant les manipulations conseillées… De quoi en décourager plus d’un. Vous trouverez ici des conseils pour bien débuter. Ceux qui ont persévéré en témoignent : après quelques tâtonnements, les difficultés de départ s’oublient. C’est la satisfaction qui l’emporte alors !

Comment ça fonctionne ?

Une fois les biodéchets versés, les bactéries dégradent la matière. Cette fermentation produit de la chaleur. Après quelques semaines vient la phase de maturation. Les vers, cloportes, millepattes et autres petites bêtes prennent alors le relais. Si vous trouvez des larves blanches, elles sont le plus souvent de cétoine dorée – et non de hanneton –, inoffensives pour les cultures. Au bout de 9 mois à 1 an, selon la quantité de déchets, vous récolterez un compost mûr. Pour le récupérer, videz le bac et réintroduisez la partie encore en décomposition.

Surveillez sa composition

Pour obtenir du compost et non un tas d’ordures malodorantes, vous devez équilibrer les déchets « verts », mous et humides, avec de la matière brune, dure et sèche. Cette dernière sert aussi à structurer l’amas, c’est-à-dire à l’aérer, car elle l’empêche de trop se tasser. Le ratio ? Pour un volume de déchets verts, environ la moitié de débris secs, à adapter en observant la texture. À pratiquer à chaque apport.

Aérez le tas

Le bac à compost reste couvert pour limiter l’évaporation en été et l’excès d’eau en hiver. Mais le tas doit être aéré car l’oxygène est indispensable aux micro-organismes. En plus de lui adjoindre des matières structurantes, il faut donc le mélanger régulièrement, faute de quoi il dégage du méthane, puissant gaz à effet de serre, et des gaz malodorants (odeurs d’œuf pourri et d’ammoniac). À chaque apport, ménagez un trou pour vider votre seau et mélangez à la couche inférieure. Chaque mois, brassez un peu plus en profondeur ce qui a été ajouté depuis un mois. Attention à ne pas aller trop loin vers le bas, au risque de mêler indéfiniment compost mûr et couches plus récentes.

Contrôlez la texture

Pour vous assurer que le compost n’est ni trop sec ni trop humide, prenez-en une poignée en cours de maturation, pressez fort. La texture idéale ? Quand quelques petites gouttes perlent entre vos doigts et que le mélange reste compact. Si, à la pression, du liquide s’en échappe, ajoutez des déchets secs. Si la matière se délite lorsque vous ouvrez la main, arrosez votre tas.

Luttez contre les nuisances

Afin d’empêcher la prolifération d’insectes, terminez toujours par une couche de déchets secs. Pour combattre les mauvaises odeurs, versez du bicarbonate au fond de votre poubelle et, dans le composteur, rééquilibrez le mélange en ajoutant de la matière sèche. N’oubliez pas de bien l’aérer. Enfin, sous le composteur, placez une grille de moins de 13 mm de maille, avec retour sur les côtés. Celle-ci doit être très bien ajustée. Ainsi, vous éviterez la visite de rongeurs.

Soyez patient

Souvent, il faudra attendre entre 9 mois et 1 an pour récolter le compost mûr en bas du bac. Il doit être brun foncé, grumeleux et sentir l’humus. Vous pourrez vous en servir comme engrais dans votre potager, sur vos massifs de fleurs ou autres plantations, mais aussi dans vos jardinières, en le mélangeant avec de la terre, dans une proportion d’un tiers/deux tiers.

Ce qui peut aller dans le bac

Les déchets verts, mous et humides

Déchets de légumes et de fruits (épluchures, trognons, etc.), marc de café (avec le filtre), thé (même en sachet) et coquilles d’œufs écrasées (elles ne se décomposeront pas, mais se fragmenteront encore) alimenteront votre compost. La règle d’or ? Plus les débris sont coupés en menus morceaux, plus le processus s’avère rapide. Cela vaut notamment pour les peaux d’agrumes (qui peuvent être incorporées au mélange, contrairement à une idée reçue), de melon, de banane, etc.

Les déchets bruns, secs et structurants

Les tailles de haies ou les branches coupées, voire broyées, constituent les déchets les plus intéressants. Certaines collectivités proposent des solutions de broyage. Faute de grand jardin, ramassez des branches et des brindilles au cours de vos promenades ou demandez-en aux gestionnaires d’espaces verts. En dernier recours, achetez du broyat en jardinerie. Vous pouvez aussi ajouter des feuilles mortes une fois sèches et, à faible dose, des tontes de gazon, que vous aurez préalablement fait sécher. Les coquilles dures (noix, pistaches), elles, seront intégrées en petites quantités. Les essuie-tout absorbent bien l’humidité, mais ne structurent pas le compost.

Les déchets interdits

Viandes, poissons, crustacés et croûtes de fromages risquent d’attirer les rongeurs. Idem pour le pain. Quoi qu’il en soit, il n’y a aucune raison de le jeter. Les huiles et les graisses ralentissent la décomposition. Les sacs dits « biodégradables » ou « compostables », ainsi que les dosettes de café (type Senseo), se désagrègent très mal et posent des problèmes de toxicité (voir encadré). Le papier glacé et l’encre des magazines ne conviennent pas non plus. De toute façon, cartons et papiers se destinent au recyclage. Côté déchets bruns, les conifères se dégradent trop lentement. Sachez aussi que les feuilles mortes pas encore sèches ou la tonte fraîche ne jouent pas le rôle de déchet brun. La sciure et la cendre, elles, étouffent le mélange. Y mettre des mauvaises herbes montées en graines est également déconseillé. Enfin, plastique, verre, métal, déchets médicaux, litières, couches-culottes et balayures ne doivent pas être compostés. Évident ? Sans doute, mais les maîtres composteurs en témoignent, il est nécessaire de le rappeler.

Jamais de matières plastiques

Il est fréquent que des sacs ou d’autres objets en plastique affichent une mention « biodégradable » ou « compostable ». Dans un avis publié en novembre 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire a recommandé de ne jamais les mettre dans les composteurs domestiques. En effet, les normes encadrant l’utilisation du terme « compostable » sont fondées sur des expérimentations menées dans des conditions d’essais de laboratoire qui n’ont rien à voir avec celles en vigueur dans un jardin. Il n’est donc pas garanti que les matières plastiques se dégradent totalement dans les composteurs domestiques. Lors de l’épandage du compost, une contamination de l’environnement ne peut être exclue. Si ce sont des plantes comestibles qui sont ainsi amendées, elles peuvent être contaminées par des substances toxiques pour la santé humaine.

Quel matériel choisir ?

Optez pour un bac cubique, et non pyramidal, pas trop haut, sinon le mélange sera malaisé. En plastique recyclé ou en bois, les deux matériaux font l’affaire, mais le second devra être entretenu à l’huile de lin. Veillez à ce que les interstices entre les planches n’excèdent pas 1 cm. Privilégiez une ouverture sur toute la hauteur, car la version avec trappe n’est pas pratique. Installez votre bac bien à plat dans un endroit pas trop ensoleillé. Laissez de l’espace autour, cela facilite le vidage. Pour remuer le compost, préférez une fourche à un brasse-compost : elle permet d’aller dans les coins et on s’en sert pour vider le bac. L’hiver, s’il fait très froid, le processus ralentit sensiblement. En altitude, choisissez donc un grand modèle, car le volume réduira lentement.

Merci à Louise Rouget, responsable du service compostage du Syndicat mixte de Besançon et de sa région pour le traitement des déchets, et Jean-Jacques Fasquel, auteur de Composter en ville (Rustica éditions, 12,95 €).

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