par Anne-Sophie Bedel
Airfryer vs friteuse traditionnelleLes friteuses à air sont-elles vraiment plus saines ?

Longtemps considérée comme un simple gadget, la friteuse à air chaud – ou airfryer – connaît un véritable engouement. Moins grasse, plus pratique, plus polyvalente… les arguments en sa faveur ne manquent pas. Mais tient-elle réellement ses promesses face à la friteuse classique ?
Bien qu’ils portent tous deux le nom de friteuse, ces deux appareils n’ont en réalité pas grand-chose en commun dans leur fonctionnement. La friteuse traditionnelle immerge les aliments dans de l’huile chauffée à environ 180 °C, ce qui donne des frites croustillantes mais particulièrement grasses. L’airfryer, quant à lui, réchauffe, cuit, rôtit, dore les aliments en faisant circuler de l’air chaud entre 150 °C et 200 °C, avec peu – voire pas – de matières grasses. Il se présente ainsi comme une alternative plus légère et plus saine (à condition toutefois de privilégier les aliments bruts et de bien choisir ses recettes). Mais derrière ces promesses, qu’en est-il vraiment dans l’assiette… et pour votre santé ?

Des aliments moins gras
C’est l’un des principaux arguments avancés par les fabricants d’airfryers : cuisiner sainement, avec nettement moins de matières grasses. Pour évaluer cette promesse, nos confrères du magazine de consommateurs belge Testachats ont comparé la teneur en lipides de frites surgelées cuites dans une friteuse classique et dans une friteuse à air chaud. Les résultats parlent d’eux-mêmes : selon les indications figurant sur les paquets de frites surgelées spéciales four, les frites cuites à l’airfryer contiennent 5 g de graisse pour 100 g contre 11 g pour 100 g lorsqu’elles sont préparées dans une friteuse traditionnelle.
La quantité de graisses saturées, souvent pointée du doigt pour ses effets néfastes sur la santé cardiovasculaire, est également divisée par deux. Un bénéfice notable pour les personnes soucieuses de leur cholestérol ou souhaitant adopter une alimentation plus équilibrée sans faire une croix sur le croustillant.
Avantages | Inconvénients |
Idéal pour les étudiants, les couples ou les personnes soucieuses de leur alimentation ou de leur taux de cholestérol | Moins pertinent pour les grandes familles ou les amateurs de friture croustillante |
Toutefois, il convient de souligner que la nature de la matière grasse utilisée entre également en ligne de compte. Une cuisson dans une graisse animale entraîne une teneur plus élevée en acides gras saturés, tandis qu’une huile végétale est généralement plus intéressante d’un point de vue nutritionnel.
À noter, d’autres facteurs influent également sur la quantité de lipides absorbés, comme l’épaisseur des frites ou la fraîcheur de l’huile utilisée.
L’acrylamide, un risque maîtrisé
Invisible et pourtant bien réel, l’acrylamide est un composé potentiellement cancérogène. Celui-ci se forme lors de la cuisson à haute température de produits riches en amidon, comme les pommes de terre.
Selon Testachats, les niveaux d’acrylamide dans les frites cuites à l’air chaud sont comparables, voire inférieurs, à ceux relevés après cuisson en friteuse, à condition toutefois de ne pas prolonger inutilement la cuisson. En effet, le brunissement accentué augmente fortement la concentration de ce composé. Préférez donc une cuisson modérée (frites légèrement dorées), respectez les temps indiqués et évitez les températures maximales prolongées.
Une absence de PFAS dans les modèles testés
Si les friteuses à air chaud promettent une cuisine plus saine, encore faut-il que leurs matériaux de fabrication soient, eux aussi, exempts de substances nocives. Pour s’en assurer, nous avons soumis 6 modèles d’airfryers à des analyses approfondies. Les résultats sont plutôt rassurants : aucune trace des PFAS désormais interdits ‒ à savoir le PFOA, le PFOS et le PFHxS ‒ n’a été détectée.
Les tests ont uniquement révélé la présence de PTFE (plus connu sous le nom commercial de Téflon), un composé non problématique dans des conditions d’utilisation classiques. Il ne présente en effet aucun danger à des températures inférieures à environ 260 °C, une température largement supérieure à celle atteinte par les airfryers, qui ne dépassent généralement pas 220 °C.
Airfryer | Friteuse traditionnelle | |
Teneur en lipides | Environ 5 g/100 g de frites | Environ 11 g/100 g de frites |
Graisses saturées | Teneur réduite de moitié | Teneur élevée |
Présence d’acrylamide | Teneur comparable ou inférieure en cas de cuisson modérée | Teneur variable en fonction de la durée/température de cuisson |
Présence de PFAS | Aucune trace détectée dans les modèles testés | - |
Présence de PTFE | Détecté, mais non problématique à moins de 260 °C | - |
L’airfryer constitue un outil polyvalent, pratique et intéressant pour diversifier les modes de cuisson tout en limitant l’usage d’huile. Bien utilisé, il s’impose donc comme une alternative plus saine à la friteuse traditionnelle, mais attention à ne pas le considérer comme une solution miracle pour autant. Une cuisson plus légère ne compense pas la consommation d’aliments ultratransformés, trop riches en sel, en graisses ou en additifs. Par ailleurs, tous les appareils ne se valent pas en matière de performance ou de sécurité, comme le soulignent les résultats de nos tests d’airfryers.
Airfryer : les bons réflexes pour une utilisation saine et sécurisée
La cuisson à l’air chaud séduit par sa légèreté, mais pour en tirer pleinement profit tout en préservant votre santé et la longévité de votre appareil, quelques bonnes pratiques s’imposent.
Respectez les instructions des fabricants Adaptez les temps et températures de cuisson aux aliments, comme indiqué dans le mode d’emploi. Toutefois, si vos frites ou légumes sont déjà bien dorés avant la fin du programme, inutile de prolonger la cuisson.
Ne surchargez pas le panier Une quantité trop importante d’aliments empêche l’air chaud de circuler correctement. Pour une cuisson homogène, mieux vaut cuire vos aliments en plusieurs fois si nécessaire.
Privilégiez les ustensiles en bois ou en silicone Ils permettent de manipuler les aliments sans abîmer le revêtement antiadhésif de la cuve, évitant ainsi la libération éventuelle de substances indésirables.
Nettoyez en douceur Nettoyez l’appareil après chaque utilisation avec une éponge douce et un détergent non abrasif. Les grattoirs métalliques ou éponges abrasives sont à proscrire : ils peuvent rayer la surface et altérer la sécurité d’utilisation.
Surveillez l’état du revêtement La présence de cloques, d’écailles ou de fissures sur la cuve ou ses accessoires peut indiquer une surchauffe ou un revêtement de mauvaise qualité. Il est alors conseillé d’arrêter d’utiliser l’appareil afin d’éviter tout risque d’ingestion de particules.
Anne-Sophie Bedel