Free se fait sévèrement recadrer

Une fois de plus, Free a su ménager ses effets. En annonçant mardi qu’il augmentait les débits dont bénéficient ses clients Freebox, le fournisseur d’accès à Internet savait qu’il ferait à nouveau parler de lui. Dans un communiqué, Free a promis que, grâce au déploiement de la technologie VDSL sur son réseau, ses clients ADSL pourraient désormais bénéficier d’un débit plus élevé pouvant aller jusqu’à 100 mégabits par seconde (Mbits/s), contre 28 jusque-là. Quant à ses clients connectés en fibre optique, ils bénéficieront dorénavant d’1 gigabit par seconde (Gbits/s), soit un débit descendant 5 fois plus rapide. L’opérateur assure en outre être le seul à pouvoir proposer de tels débits grâce à sa stratégie qui l’a amené à installer une fibre par foyer, contrairement à ses concurrents.

Oui mais voilà, habitué à flirter avec la ligne jaune, Free a semble-t-il, cette fois, dépassé les bornes de la publicité trompeuse. À tel point que, chose rarissime, l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) a pris la plume pour dénoncer ces pratiques. Dans un communiqué publié hier, l’Arcep dénonce ouvertement « le caractère partiel et parfois inexact des annonces de Free ». Une première !

Car dans la pratique, très rares sont les freenautes qui pourront véritablement bénéficier des débits promis par Free. En effet, pour bénéficier de l’augmentation du débit permise par la technologie VDSL, il faut avant tout bénéficier d’une ligne « en distribution directe », c’est-à-dire reliée directement à un répartiteur, sans passer par un sous-répartiteur. D’après l’Arcep, seules 16 % des lignes ADSL seraient concernées, principalement dans les communes de taille moyenne. Quant au débit maximum de 100 Mbits/s, il n’a jamais été atteint qu’en laboratoire. Les expériences menées sur le terrain montrent qu’en réalité, le débit ne dépasse jamais 80 Mbits/s. Et encore faut-il pour cela disposer d’une box récente (la Freebox Révolution, par exemple), que le répartiteur auquel on est raccordé soit équipé en VDSL et habiter à proximité immédiate de ce répartiteur. En effet, plus la ligne de cuivre est longue, moins le débit est élevé. Et si vous habitez à plus d’un kilomètre du répartiteur, aucune chance de voir votre débit s’améliorer.

L’Arcep émet aussi de sérieux doutes sur les 1 Gbits/s promis aux clients connectés en fibre optique. Car si la fibre permet bien de fournir de tels débits, encore faut-il que derrière, l’infrastructure de l’opérateur soit suffisamment dimensionnée pour amener ce flux jusqu’à l’abonné. Or, d’après l’Arcep, « sauf à ce que Free ait massivement investi, en août et septembre 2013, dans l'amélioration de ses capacités d'interconnexion, ses annonces de ce jour ne correspondent pas à l’expérience des utilisateurs qui visionneront des vidéos en ligne ». En clair, il y a peu de chances pour que les clients puissent bénéficier de telles performances.

Certes, sur son site Internet, Free indique en petits caractères quelques-unes de ces limites. Mais une fois de plus, l’opérateur n’hésite pas à prendre des libertés avec la réalité. Quitte à décevoir ses clients.