Anne-Sophie Stamane
Les contrats individuels en hausse
Constat implacable lors de la mise à jour de notre comparateur de complémentaires santé individuelles : le coût des contrats est à la hausse. Pour les 29 millions de personnes qui n’ont accès à aucune couverture complémentaire collective, il est plus qu’indispensable de comparer les prestations proposées par les très nombreux organismes complémentaires.
L’UFC-Que Choisir vient de mettre à jour son comparateur de contrats individuels santé. Une nécessité : malgré l’obligation pour les employeurs, depuis janvier 2016, de proposer une couverture collective à tous leurs salariés dans le cadre de l’ANI (accord national interprofessionnel), 45 % de la population, soit tout de même 29 millions de personnes, ne bénéficient toujours d’aucune complémentaire d’entreprise, en raison de leur statut. Il s’agit des étudiants, des fonctionnaires, des militaires, des chômeurs, des retraités ou encore des indépendants.
Pour eux, faire le tri entre les différentes offres présentes sur le marché est encore d’actualité. Une corvée, tant les possibilités et les niveaux de prestations sont nombreux. Notre comparateur est là pour leur simplifier la tâche. Il se base sur quatre situations où le choix d’une mutuelle peut s’avérer délicat : quand on est étudiant, en famille monoparentale, en couple âgé, ou seul et âgé.
Contrairement aux dizaines d’autres comparateurs qui foisonnent sur Internet, le nôtre est complètement indépendant et s’appuie sur une scrupuleuse analyse des contrats. En les examinant, nous avons d’ailleurs pu constater, sur un an et à périmètre inchangé de prestations, une hausse du coût des contrats de 1,5 %. Soit pour un niveau de prime moyen de 60 € mensuels, un supplément de 11 € sur une année.
Des augmentations jusqu’à + 8 %
C’est une moyenne, qui cache de fortes disparités. Près d’un tiers des organismes sont au-delà, et affichent une inflation de plus de 4 %. Chez Swisslife ou Diffusion Santé, par exemple, les 8 % d’augmentation sont presque atteints. D’autres noms bien connus du grand public, comme April et Aviva, se situent autour de 6 %. Un peu plus de la moitié des complémentaires étudiées naviguent dans la fourchette de 0 à 4 %. 15 % seulement se distinguent et proposent des tarifs en baisse. Chez Mutuelle Mieux Être, la cotisation accuse un recul de plus de 8 %, mais le phénomène est très isolé. La poignée de contrats moins coûteux le sont de 3 à 4 %, pas plus.
Attention, nos observations ne prennent pas en compte l’effet de l’âge sur le montant des primes. Or, « la quasi-totalité des contrats santé individuels ont des cotisations qui sont fonction de l’âge, ainsi, même si ce n’est pas tout à fait linéaire, les prix augmentent entre 1 et 2 % tous les ans sur la base de ce seul critère », note Vincent Harel, directeur santé prévoyance chez le courtier en assurance Mercer. À l’arrivée, au-delà de 60 ans, la cotisation peut atteindre des sommets, le risque santé étant effectivement plus grand.
À la retraite, doit-on conserver sa complémentaire d’entreprise ?
Quand on a été salarié dans une entreprise où la complémentaire santé est obligatoire, la loi ménage la possibilité d’en garder le bénéfice au moment de partir en retraite. Il suffit d’en faire la demande dans les 6 mois à l’organisme concerné, par lettre recommandée avec accusé de réception.
Il peut être intéressant de faire valoir ce droit, car à partir de 60 ans, le coût d’une complémentaire santé individuelle a tendance à exploser. Si vous conservez votre couverture d’entreprise, vous avez la garantie que le tarif sera contenu. Du moins pendant les trois premières années. La réglementation prévoit qu’il peut augmenter, mais de façon cadrée et progressive. La 1re année, la prime n’évolue pas, la seconde année, elle peut augmenter de 25 %, la 3e, de 50 %.
Attention toutefois : en faisant votre calcul, tenez compte du fait que votre employeur ne participera plus au financement, vous devrez donc vous acquitter également de la part patronale. Exemple : si vous payiez 50 € et votre employeur 50 €, vous serez facturé 100 € par mois la première année. La 2e année, une hausse de 25 % est admise, ce sera donc 125 € par mois ; la 3e, 150 € par mois. Après la 3e année, la réglementation ne prévoit plus de limite. Il sera probablement nécessaire de reconsidérer votre choix, la cotisation ayant toutes les chances de s’envoler.
Il est donc très important, au moment du départ en retraite, et trois ans après si on a décidé de garder la couverture d’entreprise, de comparer minutieusement les tarifs des multiples contrats disponibles sur le marché.