Marie Bourdellès
État de santé, services médicaux et confinement : quel bilan ?
Vous avez été 16 209 à répondre à notre premier questionnaire « Ma vie en confinement », diffusé via notre newsletter, notre réseau d’associations locales et les réseaux sociaux. Après avoir décrypté votre comportement relatif à vos achats et occupations, nous publions les résultats portant sur votre état de santé, votre satisfaction vis-à-vis des services mis en place et votre attitude face aux mesures de confinement.
Les résultats détaillés ci-dessous concernent la première vague de notre questionnaire, dont les réponses ont été collectées entre le 18 et le 22 mars 2020, soit au début de l’épisode de confinement. Certains constats sont alors susceptibles d’évoluer avec la deuxième vague, actuellement en cours. Car cette expérience, nouvelle pour nous tous, se transforme avec le temps, tout comme la perception du danger lié au coronavirus.
Personnes infectées par le coronavirus
Entre le 18 et le 22 mars, 3 % des répondants ont développé des symptômes du Covid-19 (fièvre, toux, courbatures), et 0,15 % ont été diagnostiqués porteurs de ce virus. Ce dernier chiffre, rapporté à la population française, représente 70 000 individus de 18 ans et plus, un résultat en ligne avec les déclarations officielles. Si le 23 mars, Santé publique France annonçait un taux de personnes souffrantes à 0,03 %, les pouvoirs publics ont admis que ce chiffre était vraisemblablement 5 à 10 fois supérieur, car seuls les patients testés étaient pris en compte et non ceux diagnostiqués positifs par leur médecin traitant. Le nombre de cas grandissant chaque jour, cette donnée est bien entendu vouée à augmenter ces prochaines semaines.
La pandémie actuelle s’accompagne d’un climat d’incertitudes : si 22 % des répondants ne savent pas s’ils sont atteints du coronavirus, 51 % ignorent s’ils ont fréquenté un proche infecté. Et, au sein de notre panel dont 52 % ont plus de 65 ans, 3 % des interrogés ont côtoyé une personne atteinte, et 1 %, plusieurs. Ce chiffre grimpe à 7 % chez les moins de 50 ans, dont la vie sociale est plus active, ceci dû notamment à la vie professionnelle et parentale.
Inquiétude face à la maladie
Malgré les doutes concernant le contact avec la maladie, l’inquiétude vis-à-vis du coronavirus est modérée. Ainsi, 37 % des sondés craignent d’être infectés (dont 5 % très inquiets). Ce questionnaire ayant été lancé en début de période de confinement, reste à étudier dans les prochaines semaines si le renforcement des mesures à l’œuvre depuis le 24 mars (fermeture des marchés ouverts, restrictions supplémentaires pour les sorties sportives, durcissement des sanctions en cas de non-respect…) ainsi que l’annonce quotidienne des conséquences humaines amplifient ou non ce sentiment d’anxiété.
Services téléphoniques : des temps d’attente variables
Parmi les nombreux effets liés à la crise du coronavirus : le temps d’attente pour accéder à un service médical, que ce soit par téléphone en joignant le Samu ou un médecin à distance ou en présentiel en se rendant aux urgences. Si le réseau Oscour (Organisation de la surveillance coordonnée des urgences) indique sur le site Santé publique France que les passages aux urgences ont globalement diminué entre le 16 et le 22 mars, il constate cependant une augmentation des visites liées aux symptômes du Covid-19 (fièvre isolée, pneumopathie, douleurs thoraciques) et précise notamment la forte hausse des « recours pour toux et dyspnée/insuffisance respiratoire (respectivement +52 % et +18 % de passages) ».
L’opinion relative à ces visites aux urgences est assez bonne (85 %), alors que celle liée aux appels au Samu, débordé de sollicitations depuis le début de la crise du coronavirus, est moins importante (74 %). La téléconsultation remporte le plus gros succès, avec 94 % de satisfaction globale.
Numéro vert, peut mieux faire
En revanche, l’appréciation dégringole vis-à-vis du numéro vert (0 800 130 000) spécialement mis en place par le gouvernement pour répondre aux questions non médicales (confinement, contacts, soutien psychologique…). Mise en place le 1er février avec 20 conseillers, elle en compte aujourd’hui 200, formés, qui travaillent depuis chez eux ou sur l’un des sept sites en France, indique le ministère des Solidarités et de la Santé. Le temps moyen d’attente, de 6 minutes, est correct. Mais il ne concerne que les personnes qui ont réussi à avoir un conseiller à l’appareil, autant dire peu de monde ! En effet, 66 % des appelants ne sont pas parvenus à joindre un interlocuteur de la plateforme. Pareille saturation abaisse le taux de satisfaction à 56 %, un niveau très médiocre.
Mesures antiépidémiques : le confinement davantage respecté
D’après les déclarations obtenues, les gestes barrières préconisés pour lutter contre la propagation du virus sont plus difficiles à respecter que les règles de confinement. Acquérir de nouveaux réflexes en se nettoyant les mains ou en se mouchant demande du temps. Ainsi, le lavage des mains très régulier est suivi par 71 % des gens, mais seulement 58 % indiquent respecter les consignes d’un lavage efficace. Le comportement lié à l’obligation de confinement est davantage aisé, 89 % des personnes interrogées jugeant les mesures imposées « faciles à respecter ».