Yves Martin
Premières impressions
En devenant entièrement électrique, le monospace à succès de Renault se transforme en un SUV plus consensuel. Mais le Scenic conserve une excellente habitabilité et sa qualité de fabrication est au rendez-vous. Dommage que de petits soucis d’ergonomie ternissent le tableau.
Monospace lors de son lancement en 1996, devenu crossover en 2016, le Renault Scenic fait désormais partie de la famille des SUV. Mais il s’agit là de sémantique et sa nouvelle mouture conserve son ADN : l’habitabilité d’une voiture familiale. Pour cette 5e génération, la vraie révolution se passe dans l’habitacle et sous le capot avec une motorisation entièrement électrique issue de la Renault Megane E-Tech. Car côté esthétique, même si cela relève plutôt du goût personnel, le Scenic 2024, outre la face avant originale qui permet d’identifier rapidement la marque, est devenu plus consensuel.
Qualité de vie à bord
L’intérieur du nouveau Scenic marque une rupture par rapport à la génération précédente. L’habitacle est très épuré et adopte un large écran central qui demandera néanmoins de se familiariser avec tous les menus et icônes de la page d’accueil. Il faut parfois pianoter longtemps pour arriver à obtenir le réglage désiré. Bon point avec un bouton dédié à l’inhibition des aides à la conduite comme les alertes de dépassement de vitesse ou de changement inopiné de voie (des équipements qui seront obligatoires à partir de juillet 2024 sur tous les nouveaux modèles commercialisés).
Le poste de conduite, plus moderne, présente un large combiné d’instruments qui propose plusieurs types d’affichages et trois parties. Malheureusement, en fonction de la taille du conducteur, une partie du combiné d’instruments est cachée par le volant. Il faut alors jouer avec les différents réglages du volant et du siège pour y voir plus clair.
Le véritable point fort de ce nouveau Scenic est son habitabilité. Grâce à son empattement allongé, il offre une place généreuse pour tous les occupants, notamment à l’arrière. Même derrière un grand conducteur qui aura reculé son siège, la place pour les jambes restera suffisante. La garde au toit est aussi appréciable. Petit plus : l’accoudoir central renferme deux bras articulés qui peuvent se déplier pour recevoir une tablette ou un smartphone. Si à l’usage, la situation est confortable à l’arrière, à l’avant on regrette un accoudoir central peu pratique (même s’il est d’un volume généreux) et des rangements sur la console centrale difficilement accessibles car situés très en avant, quasiment sous la planche de bord.
Avec un volume passant de 545 à 1 670 litres, le coffre est certainement le plus grand de sa catégorie. D’ailleurs, son principal concurrent, le Peugeot E-3008, ne dispose que de 520 litres. Dommage qu’on ne retrouve pas un plancher plat une fois la banquette rabattue et que l’imposante marche risque de compliquer le chargement.
Au volant
À l’instar de la Zoe il y a plus de 12 ans puis plus récemment la Megane, Renault propose désormais une unique motorisation électrique sur son Scenic 2024. Exit le thermique ! Son moteur électrique se décline en 2 versions :
- 125 kW (170 ch) avec un couple de 280 Nm alimenté par une batterie de 60 kWh (autonomie annoncée jusqu’à 430 km, version baptisée « autonomie confort ») ;
- 160 kW (220 ch) pour un couple de 300 Nm alimenté par une batterie de 87 kWh dite version « grande autonomie » (625 km).
Ce moteur, fabriqué sur le site du fabricant Ampere à Cléon en Normandie (groupe Renault), est annoncé comme ne comportant aucune terre rare, limitant ainsi son impact environnemental.
Nous avons pris le volant de la version la plus puissante : moteur de 220 ch et batterie de grande autonomie. Notre premier grief concerne le chargeur équipé de base, un tout petit chargeur embarqué de 7 kW en courant continu seulement. C’est trop juste ! Il est donc conseillé d’opter pour la version 22 kW, mais il vous en coûtera 2 000 €. De toute façon, vous n’aurez pas vraiment le choix si vous installez ou disposez déjà d’une borne de recharge de plus de 7 kW ou si vous rechargez régulièrement sur des bornes publiques de 11 ou 22 kW. Attention à bien vérifier ce point avant de commander.
Concernant la recharge rapide en courant continu, sous 130 kW, le Scenic, qui accepte 150 kW maxi, passe de 15 à 80 % de charge en 32 minutes pour la version autonomie confort ou 37 minutes pour la grande autonomie. À noter que le SUV est doté d’un planificateur de trajet (en option à 1 000 € sur la version de base Evolution) qui propose des arrêts de charges optimisés avec conditionnement de la batterie.
Bonne surprise côté consommation. Nous avons réussi à descendre relativement bas : 14,5 kWh/100 km. Certes, cette performance a été réalisée sur des routes urbaines, avec des embouteillages et une vitesse moyenne sous les 80 km/h. Sur un trajet mixte d’environ 150 km avec des routes de montagne très énergivores, la conso s’est établie à 17,2 kWh en moyenne. De quoi parcourir environ 500 km. Mais attention, il ne sera pas possible de couvrir cette distance sur autoroute à vitesse stabilisée : à 20 °C et en roulant sous les 130 km/h, Renault annonce une distance de 370 km. Dans notre cas, si la consommation s’est montrée très raisonnable, c’est que nous avons pu exploiter au mieux la récupération d’énergie au freinage. Nous avons d’ailleurs apprécié la gestion très facile des 4 niveaux de récupération via les deux palettes situées derrière le volant. Dommage que le constructeur n’ait pas été plus loin en proposant la fonction one pedal, qui permet de s’arrêter sans avoir à actionner les freins de la voiture. Renault assure qu’elle « arrivera plus tard ».
Le Renault Scenic s’est avéré très agréable à conduire, notamment grâce à un bon équilibre des masses et des suspensions efficaces, que ce soit dans les virages serrés de montagne où elles assurent un très bon maintien empêchant toute prise de roulis que sur autoroute ou en ville en passant moult ralentisseurs. Nous avons aussi apprécié le silence de roulage, ce qui n’est pas toujours évident avec un modèle électrique qui laisse parfois entendre des bruits moins habituels que ceux émanant du moteur.
Comme d’habitude chez Renault, le Scenic offre également quatre modes de fonctionnement : confort, sport, éco et perso. Chacun dispose de différents réglages (éclairage d’ambiance, bridage de la climatisation, couleur de l’écran) et d’éléments liés à la conduite, comme le niveau d’assistance de direction, la limitation de puissance et la sensibilité de la pédale d’accélérateur.
Sécurité
Le Scenic E-Tech Electric peut recevoir, selon le constructeur, jusqu’à 30 aides à la conduite. De base, toutes les versions sont équipées du régulateur de vitesse adaptatif Stop & Go assurant un arrêt et un redémarrage automatique en cas de trafic ralenti. À cela s’ajoute l’Active Driver Assist pour une « délégation de conduite » de niveau 2. Il reçoit également le système de freinage automatique post-accident qui bloque les freins du véhicule en cas de collision afin d’atténuer les conséquences d’une éventuelle collision secondaire et du nouvel impact qui pourrait en résulter. Le SUV est aussi équipé de technologies innovantes pour simplifier l’intervention des premiers secours en cas d’accident et permettre de gagner du temps en intervention, comme le « QRescue Renault », un QR code que les secours peuvent scanner afin d’accéder à l’ensemble des informations techniques nécessaires à leur intervention. De même, le « Fireman Access » est un connecteur pour lance à incendie qui permet aux sapeurs-pompiers d’accéder directement au cœur de la batterie de traction pour la remplir en cas de départ de feu.
Le Renault Scenic E-Tech Electric en résumé
En devenant totalement électrique, le nouveau Renault Scenic se modernise sensiblement en adoptant le dernier cri en matière de connectivité et de système multimédia. Malgré quelques défauts d’ergonomie, son utilisation est aisée et le véhicule se prend facilement en main. Son principal atout, et non des moindres, est sa très bonne habitabilité et son volume de coffre (même s’il n’offre pas un plancher plat banquette rabattue).
Côté tarifs, le Scenic est plutôt bien placé et, bonne nouvelle, tous les modèles sont éligibles au bonus écologique (accessible aux voitures de moins de 47 000 € hors options et respectant le score environnemental). Avec un tarif de base à partir de 39 990 €, il est donc bien plus abordable que son concurrent direct, récemment renouvelé lui aussi, le Peugeot E-3008 électrique (44 990 €). L’écart de prix se resserre néanmoins lorsqu’on monte en gamme puisque les deux modèles les mieux équipés de série, hors options, sont à 46 990 €. Si le Scenic, dans sa version haut de gamme prise en main, est un peu mieux-disant en termes d’autonomie (sa batterie est plus puissante) et de puissance moteur (220 ch contre 210 ch), le E-3008 dispose, lui, d’une garantie de 8 ans/160 000 km.
Les +
- Très bonne habitabilité
- Comportement routier
- Finition
- Efficience de la motorisation
- Niveau d’équipement
Les -
- Petit chargeur embarqué de 7 kW
- Ligne consensuelle
- Position du combiné d’instruments
- Pas de plancher plat banquette rabattue