Élisabeth Chesnais
Comment choisir le bon isolant
Isoler les combles et les murs qui donnent sur l’extérieur, c’est indispensable pour diviser au moins par deux sa facture de chauffage. Encore faut-il choisir le bon isolant.
Que Choisir le répète régulièrement, isoler est ce qu’il y a de plus efficace pour réduire sa facture de chauffage. Il faut commencer par les combles, une opération qui se rentabilise en quelques années, avant de passer aux murs. Mais avec quel isolant ? Chaque filière défend son matériau, chaque fabricant ses produits, avoir un avis fiable et objectif est difficile.
Que doit-on savoir sur « r » et « λ » ?
L’efficacité d’un isolant s’exprime par sa résistance thermique, notée R sur l’étiquette. Plus R est élevé, plus le produit est isolant. R dépend de l’épaisseur et de la conductivité thermique, notée λ. À épaisseur égale, plus λ est bas, plus le matériau est isolant.
Peut-on lésiner sur l’épaisseur ?
Non ! Explications d’Olivier Sidler, directeur d’Enertech, bureau d’études spécialiste des bâtiments basse consommation et de la rénovation basse énergie : « L’épaisseur d’isolant intervient pour moins de 10 % dans le coût total des travaux. La main-d’œuvre, la préparation du chantier, le matériel constituent des coûts fixes beaucoup plus importants. La seule règle à appliquer pour choisir l’épaisseur d’isolant est celle qui permet de limiter la consommation de chauffage à 50 kWh/m2/an. » Soit autour de 40 cm pour les combles, 14 à 18 cm pour les murs selon l’isolant, et autant pour le plancher bas (R : 10 m2.K/W (1) pour les combles et R : 4,5 m2.K/W pour les murs et le sol).
Cependant, est-il possible de réduire l’épaisseur ?
Isoler les murs par l’extérieur, c’est mieux mais onéreux. Et par l’intérieur, on réduit l’espace habitable. Pour limiter la perte de place, il faut un isolant avec un petit λ. À part le polyuréthane (déconseillé par Que Choisir en intérieur, voir encadré Matériaux), le mieux, c’est la laine de verre. On en trouve avec un λ de 0,03, contre une moyenne, tous isolants courants confondus, de 0,04. Soit 14 cm d’épaisseur au lieu de 18 pour une même résistance thermique. Mais la vraie solution, ce sont les panneaux isolants sous vide. Avec 3 cm d’épaisseur, ils sont aussi efficaces que 18 cm d’isolant courant. Trop chers pour être employés partout, ils sont précieux quand chaque mètre carré perdu est un souci. Pourtant, la France en est encore à les évaluer, alors qu’Allemands et Suisses les utilisent depuis 10 ans ! À la tête de Pouget Consultants, un bureau d’études thermiques spécialiste de la maîtrise de l’énergie, André Pouget en est un partisan convaincu : « Il s’agit sans aucun doute des isolants les plus adaptés à la rénovation des bâtiments existants quand on ne peut pas isoler par l’extérieur. C’est plus cher a priori mais, si on tient compte de la valeur des mètres carrés que l’on n’a pas perdus, cela revient moins cher qu’une isolation avec les isolants courants. »
Vrac, rouleaux ou panneaux ?
Assez facile à poser en continu pour éviter les ponts thermiques, le vrac comble mieux les interstices. Le soufflage à la machine permet une pose homogène, une densité et un volume précis. Le vrac est très adapté aux combles perdus, les rouleaux aussi quand on peut y accéder facilement. Les panneaux peuvent convenir aux combles aménagés et aux murs.
Quelle densité faut-il ?
L’isolant qui se tasse perd de son efficacité. En isolation murale, pour qu’il n’y ait pas d’affaissement au fil des ans, le produit doit avoir une certaine densité. Au minimum 30 kg/m3 pour les laines minérales. Ce critère est moins important pour les laines végétales : leurs fibres longues permettent de les agrafer, elles ne s’affaissent pas. Une bonne densité reste néanmoins utile contre les rongeurs (voir plus bas).
Quid du confort d’été ?
« Un isolant dense et végétal présente un intérêt pour le confort d’été, mais son effet reste secondaire, assure Samuel Courgey, formateur en rénovation énergétique et coauteur d’ouvrages sur l’isolation thermique (2). En toiture, il faut surtout un isolant épais et bien posé, avec une étanchéité à l’air parfaite, qu’il soit végétal ou pas. »
Peut-on éviter les rongeurs ?
Les rongeurs adorent les isolants. Ils creusent des galeries aussi bien dans les laines minérales que les isolants naturels ou le polystyrène. Catastrophique : les performances de l’isolation chutent. Il faut poser des grilles au maillage très fin pour les bloquer. Il existe toutefois un isolant antirongeurs, c’est le vrac de chènevotte. Mais attention, cette matière très dense (110 kg/m3) ne convient pas partout : elle est trop lourde pour des plafonds en plaques de plâtre.
Comment empêcher la condensation ?
Il faut un pare-vapeur. Il se place du côté chauffé, il doit être étanche à l’air et à la vapeur d’eau, posé de façon continue et avec des adhésifs. Mal mis, il cause déperditions, condensation et moisissures. Pour les toits, il faut aussi un écran sous toiture et, absolument, une lame d’air d’au moins 3 cm pour ventiler côté extérieur, entre la couverture et l’isolant.
Bon à savoir. Pare-vapeur ou frein vapeur ? Il n’existe pas de définition officielle, mais le pare-vapeur est quasiment étanche à la vapeur d’eau, tandis que le frein vapeur en laisse passer. Ce dernier convient mieux au bâti ancien.
Quelles sont les grosses erreurs à éviter ?
Des rails métalliques qui traversent l’isolant, c’est 50 % d’efficacité en moins. Il faut donc utiliser des chevilles et des connecteurs en plastique. En toiture, l’idéal consiste à poser l’isolant en couches croisées.
Peut-on isoler un mur humide ?
Il importe avant tout de traiter les causes de l’humidité. Si le mur reste humide, « on préférera des isolants capillaires, l’humidité les traverse sans les dégrader, explique Samuel Courgey. Les Allemands font ça très bien avec les plaques de béton cellulaire allégé, les panneaux de perlite expansée ou, si les reprises d’humidité sont contenues, avec de la ouate de cellulose projetée humide. Mais en France, on ne maîtrise pas très bien l’isolation des murs humides, on traite la perlite expansée pour qu’elle perde sa capillarité. »
Matériaux
Laine minérale ou isolant naturel ?
Quand il s’agit d’isoler des murs par l’intérieur, l’isolant qui empiète le moins sur la surface habitable pour un niveau d’isolation donné, c’est la laine de verre si sa conductivité thermique (λ) est de 0,03. Mais pour combiner performances thermiques et faible impact environnemental, les isolants naturels l’emportent. Deux s’en tirent très bien :
La ouate de cellulose. C’est un bon choix depuis que les désastreux sels d’ammonium sont interdits. À base de papiers et de journaux recyclés, elle présente un excellent profil environnemental, en plus de ses qualités d’isolation thermique et phonique.
Le métisse. Idéal si on parle de développement durable, c’est, l’isolant du Relais, filiale d’Emmaüs. Il est fabriqué en fibres de tissus provenant de vêtements collectés et triés. Le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) lui a délivré deux avis techniques, un pour les murs, un pour les combles. Mais l’essentiel, c’est de ne rien sacrifier sur l’épaisseur et la résistance thermique en combles, et de bien poser. Le choix de tel ou tel isolant doit rester secondaire face à cet impératif. Que Choisir recommande de comparer les devis, à performances égales.
Des isolants à éviter
Les isolants en polystyrène et en polyuréthane en usage intérieur. En cas d’incendie, ils dégagent des fumées toxiques qui tuent très vite. Et contrairement aux isolants naturels et aux laines minérales, ils sont médiocres en isolation acoustique. À réserver à l’isolation par l’extérieur et à celle des sols.
La laine de mouton brute. Elle est très sensible aux mites et dégage une forte odeur.
Les « isolants » minces. En fait, des produits minces réfléchissants (PMR). Ce ne sont que des compléments d’isolation. Leur résistance thermique est insuffisante, ils n’ouvrent pas droit au crédit d’impôt.