Cyril Brosset
Une consommation électrique colossale
Dans un rapport récent, le régulateur des télécoms a dévoilé des chiffres inquiétants à propos de l’impact du secteur des télécoms sur l’environnement. Les professionnels du domaine, notamment les opérateurs mobiles et fournisseurs d’accès à Internet, doivent réagir plus vite et plus fort qu’ils ne le font.
À les entendre, on les croirait irréprochables. Les opérateurs ne cessent en effet de vanter leurs box Internet « écoconçues », leurs technologies peu énergivores ou encore leur recours de plus en plus fréquent à des énergies renouvelables. Pourtant, derrière ce discours « vert » se cache une tout autre réalité. Dans sa dernière enquête annuelle « Pour un numérique soutenable », l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) s’inquiète de la situation actuelle.
Des box trop gourmandes en électricité
Sur l’année 2022, les box et les décodeurs TV des 4 principaux fournisseurs d’accès à Internet (Orange, SFR, Bouygues Télécom et Free) ont consommé 3,3 TWh, soit 0,7 % de la consommation électrique totale en France. C’est loin d’être négligeable. Une box Internet consomme en moyenne 9,9 W, même s’il existe de grosses différences entre les modèles. Si 95 % de cette consommation est intrinsèquement liée au fonctionnement de la machine et à la connexion Wi-Fi, les 5 % restants dépendent du nombre d’appareils connectés et de l’usage qui en est fait. Les opérateurs disposent donc de marges de manœuvre pour réduire encore la consommation électrique de ces appareils qui ont tendance à rester allumés 24 heures sur 24.
Des réseaux qui consomment toujours plus
Les infrastructures aussi sont très énergivores. Alors que la consommation électrique globale a baissé de 4 % en France en 2022, celle des réseaux de télécommunications a crû de 7 %, notamment du fait de la multiplication des antennes et de l’augmentation du trafic de données mobiles. Les réseaux fixes, eux, sont plus sobres, principalement grâce à la généralisation de la fibre optique dont l’efficacité énergétique est bien meilleure que celle de l’ADSL. Mais cette baisse ne compense pas l’augmentation de 14 % de consommation des réseaux mobiles.
Coup de frein sur les smartphones reconditionnés
En 2022, les ventes de téléphones ont baissé de 3 % en France. L’Arcep note surtout qu’après avoir connu une forte augmentation en 2021 (+ 11 %), les ventes de smartphones reconditionnés par les opérateurs ont diminué de 9 % en 2022. Les portables reconditionnés ne représentent plus que 4 % des téléphones vendus par les opérateurs, alors que ce taux atteint 25 % pour les autres canaux de distribution. De toute évidence, la vente de smartphones reconditionnés n’est pas une priorité pour eux.
Toujours plus de gaz à effet de serre
Alors qu’en France, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 2,7 %, celles des 4 grands opérateurs ont augmenté de 2 %, comme l’année précédente. Et encore, ce chiffre n’est pas exhaustif, les opérateurs externalisant une bonne partie de leur activité, notamment celle liée aux serveurs. Or, les émissions des opérateurs de centres de données (data centers), elles, ont augmenté de 14 % en 1 an alors que, dans le même temps, celles du secteur tertiaire en général stagnaient. Cette forte progression est surtout due à la création de nouveaux centres, rendue nécessaire pour répondre à la forte progression des usages numériques. Les prélèvements d’eau de ces centres restent modestes, mais ils ont tout de même progressé de 20 % en 1 an.
Les opérateurs vont devoir redoubler d’efforts s’ils ne veulent pas que l’impact de leurs usages sur l’environnement devienne rapidement insupportable.