Enfin placés en liquidation judiciaire

Fin de partie pour Émeric Sauty de Chalon et Fabien Hyon, les responsables des sociétés du groupe Héraclès et de sa filiale Arès (1855, ChâteauOnline et Cave Privée) dont nous relatons depuis plusieurs années les pratiques commerciales litigieuses : commandes de bordeaux primeurs jamais honorées, recapitalisation hasardeuse, changements incessants de raison sociale, etc. Le 9 janvier dernier, le tribunal de commerce de Paris a converti la procédure de redressement judiciaire ouverte à leur encontre le 7 octobre 2013 en mise en liquidation judiciaire. Un revirement brutal qui pourrait paraître surprenant alors qu’un plan de continuation de l’activité économique présenté par les deux dirigeants, basé sur un prétendu soutien financier de PLF1, un fond d’investissement luxembourgeois, venait d’être accepté par ce même tribunal au mois de novembre dernier. Mais comment PLF1, qui avait déjà consenti en 2012 un prêt obligataire de 3 millions d’euros sur les stocks de grands crus et les avaient intégralement perdus l’an dernier, pouvait-il s’engager de nouveau à verser 1,5 million d’euros pour éponger les dettes du groupe ? Dubitatif, le Parquet avait aussitôt fait appel de la décision du tribunal de commerce, tandis que dans le même temps, le fonds luxembourgeois faisait savoir que l’homme d’affaires qui était intervenu en son nom n’avait aucun mandat pour le faire ! Une ultime tentative pour les deux hommes d’affaire de flouer la justice et d’éviter l’inéluctable ? Nous ne le saurons jamais. En tout cas, compte tenu de ces derniers développements, il ne restait plus au tribunal de commerce de Paris qu’à prononcer le placement en liquidation judiciaire immédiate. 

« Ce n’est pas une happy end », précise M^e Hélène Poulou, avocate représentant plusieurs centaines de clients lésés. « Mais, au moins, cela met un terme à des pratiques qui n’auraient jamais dû perdurer aussi longtemps. On va enfin pouvoir lancer les procédures en responsabilité contre qui de droit ». La mise en liquidation ouvre un délai de deux mois à compter du 9 janvier pour les déclarations de créance de toutes les sociétés du groupe (BGV, 1855.com, 1855.EC, ChâteauOnline.com, Cave Privée). Reste à savoir s’ils pourront être remboursés. À ce jour, Émeric Sauty de Chalon et Fabien Hyon laissent sur le carreau près de 11 000 créanciers (dont 9 700 particuliers) pour une dette déclarée de 40 millions d’euros. Face à l’ampleur du préjudice, le recouvrement des créances pourrait être étendu aux biens personnels. De son côté, l’UFC-Que Choisir, qui a déposé en 2013 une plainte auprès du tribunal de grande instance de Paris pour pratique commerciale trompeuse, pourrait se constituer partie civile si sa plainte est jugée recevable.